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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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à la mode que tout Paris fredonne alors :
    Jamais je n’t’ai vu comme ça
Faire des bamboches
Jamais je n’t’ai vu comme ça
Faire des bamboches de ce goût-là.
    S’agit-il d’un malheureux hasard, ou d’une mauvaise plaisanterie du chef de musique ? Quoi qu’il en soit, les Parisiens s’esclaffent.
    La nuit commence à tomber. Sous un ciel bas et neigeux, le long cortège, encadré de cinq cents porteurs de torches, reprend le chemin des Tuileries par les boulevards et la place de la Concorde, brillamment éclairés de verres de couleur et de lampions. Comme à l’aller, des grappes de pages vert et or s’accrochent devant et derrière la voiture tirée par huit chevaux isabelle, une véritable châsse surchargée de branches d’olivier et de laurier, d’aigles, de palmes, d’armoiries, de couronnes, de figures allégoriques et d’abeilles. C’est « tout un monde qui roule » ! Les trompettes et les timbales des carabiniers précèdent les cuirassiers, les chasseurs à cheval, les mamelouks et l’interminable file des carrosses où ont pris place les membres de la famille impériale et les dignitaires. Mme Letizia boude toujours à Rome... ce qui n’empêchera pas David de la « plaquer comme une enseigne » sur son célèbre tableau qui représente d’ailleurs bien plus le couronnement de Joséphine que celui de Napoléon.
    — Ce sera plus gentil comme cela, avait dit la créole au peintre.
    Regagnant son appartement, l’Empereur passe devant les dames de la Cour, encore revêtues de leur tenue exigée par l’étiquette.
    — C’est à moi, mesdames, dit-il en riant, que vous devez d’être si charmantes.
    La plus « charmante » est, à ses yeux, Joséphine, et il lui demande de garder sa couronne pour dîner en tête à tête avec lui.

    Durant tout ce mois de décembre, Paris est en fêtes et réjouissances. Seul, le ciel ne se met point de la partie : froid, neige, pluie et vent se succèdent. Le temps ne se calme même pas pour la distribution des Aigles trois jours après le Sacre : des rafales glacées transforment la fête en déroute ! On s’étonne et l’on paraît presque surpris en constatant que Napoléon ne parvienne pas à réglementer le temps... N’a-t-il pas, sur un simple geste, fait venir le successeur de saint Pierre à Paris ? Même les royalistes se taisent, éblouis, et, le 27 décembre, Napoléon pourradire à juste titre, à l’ouverture de la session législative :
    — Si la mort ne me surprend pas au milieu de mes travaux, j’espère laisser à la postérité un souvenir qui serve à jamais d’exemple ou de reproche à mes successeurs.
    L’Empereur est parvenu à s’émerveiller et, au cours de la cérémonie du Sacre, on l’a entendu dire à son frère :
    — Ah ! Joseph, si notre père nous voyait !
    Quelques semaines plus tard, le Sénat inaugure la statue de Napoléon premier, en empereur romain. Il était sage de le préciser car le souverain était représenté nu comme un ver... Le 26 septembre 1791, le président de l’Assemblée législative, estimant que Louis XVI était seulement « le premier fonctionnaire de la Nation », avait ordonné d’enlever de la Salle des séances le trône désormais inutile... Aujourd’hui, le trône est revenu et l’on statufie vivant le nouvel empereur !
    Mais l’enthousiasme ne dépasse pas les nouvelles frontières de l’Empire. Déjà, le 3 septembre 1804, le tsar écrit à son envoyé en Angleterre, le comte Novosiltsov : « Le premier objet de Sa Majesté impériale est de faire rentrer la France dans ses anciennes limites. » Par ailleurs, au début de novembre 1804, l’Autriche avait signé avec la Russie une Convention intime qui devait, malheureusement pour elle, la conduire jusqu’au champ de bataille d’Austerlitz...
    Bref la coalition se formait. Cependant, un mois, jour pour jour, après le Sacre, le 2 janvier 1805, Napoléon, sans trop se faire d’illusions, offrit en ces termes la paix au roi d’Angleterre :
    « Monsieur mon Frère, appelé au trône de France par la Providence et par les suffrages du Sénat, du peuple et de l’armée, mon premier sentiment est un voeu de paix. Je n’attache point de déshonneur à faire le premier pas. J’ai assez, je pense, prouvé au monde que je ne redoute aucune des chances de la guerre... La paix est le voeu de mon coeur, mais la guerre n’a jamais été contraire à ma gloire. Je conjure Votre Majesté de ne
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