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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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membre de l’Académie des sciences propose le plus sérieusement du monde au maréchal Davout la création d’un corps de marsouins montés. L’équipement prévoit selle, mors et brides. Si le marsouin, attiré par quelque sardine, désarçonnait son « cavalier », il était conseillé de doter celui-ci de deux vessies natatoires...
    Boulogne a la fièvre, comme toute la France, une fièvre de guerre, ainsi que l’a baptisée le Moniteur. Le moral de la troupe est excellent et la discipline fait l’admiration de Maret qui écrit à Talleyrand : « Ce qui me surprend, c’est le silence profond qui règne : on ne voit pas un homme, mais un seul coup de tambour en fait apparaître dix mille... Chaque fois que le soleil se lève, tous les yeux se reportent sur la côte blanchissante de l’Angleterre, tous les coeurs maudissent la mer et menacent les Anglais... On calcule, on conjecture, on soupçonne un prompt embarquement... »
    « J’ai ici de belles armées, annonce de son côté l’Empereur à sa « bonne petite Joséphine », de belles flottilles, et tout ce qui peut me faire passer le temps agréablement. Il y manquerait ma bonne Joséphine. Mais il ne faut pas lui dire cela. Pour être aimé, il faut que les femmes doutent et craignent sur l’étendue de leur empire. »
    Napoléon s’étant plaint devant Murat de ne voir à Boulogne « que des figures à moustaches », celui-ci s’empresse de proposer à son beau-frère « une dame génoise belle et spirituelle » qui a « le plus grand désir de voir Sa Majesté ». L’Empereur accorde « en riant » un tête-à-tête à la postulante... et la jeune Génoise – peut-être une certaine dame Piatti, nous suggère Pierre-André Wimet – vient quatre oucinq fois rejoindre Napoléon dans l’alcôve lambrissée de sa chambre, au premier étage du château.
    Mais il ne s’agit là que d’un passe-temps de guerrier. L’Empereur n’en demeure pas moins tout à ses préparatifs. Il annonce au ministre Decrès : « Les Anglais ne savent pas ce qui leur pend à l’oreille ! Tout est ici en bon train ; si nous sommes maîtres douze heures de la traversée, l’Angleterre a vécu ! »
    À la condition – toujours ! – que Villeneuve veuille bien arriver. Or, le surlendemain de son installation à Pont-de-Briques, Napoléon apprend que Villeneuve le 22 juillet, se portant vers Brest pour délivrer Ganteaume, s’est heurté, avec sa flotte franco-espagnole, aux voiles de l’amiral Calder. Bien que plus fort en nombre – en dépit de la perte de deux bâtiments espagnols – le malheureux chef de l’escadre combinée n’a pas osé poursuivre les Anglais, qui se sont dérobés. Puis, Villeneuve s’est retiré à Vigo. Napoléon présume que l’amiral a seulement touché barre au port afin d’y laisser ses blessés, et qu’il a pris ensuite le chemin de la Manche où toute l’armée d’invasion l’attend « avec anxiété » : « Si vous ne l’avez pas fait, faites-le, lui ordonne l’Empereur. Marchez hardiment à l’ennemi... » Toujours optimiste, il précise afin de tranquilliser l’amiral : « Les Anglais ne sont pas aussi nombreux que vous le pensez... ils sont tenus partout en haleine. Pour le grand objet de favoriser une descente chez cette puissance qui, depuis dix siècles, opprime la France, nous pouvons tous mourir sans regretter la vie. Tels sont les sentiments qui doivent animer tous mes soldats... »
    À Boulogne, afin de maintenir l’ardeur de ses troupes en haleine, Napoléon décide de faire exécuter un exercice d’alerte, alors que la maréchale Ney donne justement un bal à Montreuil. « L’alerte fut générale, a raconté la reine Hortense, chacun de fuir et de se désespérer d’être au bal lorsqu’on passait en Angleterre. Une foule de jeunes officiers, présents à cette fête, se précipitaient sur la route de Boulogne que je parcourus comme eux avec la rapidité de l’éclair, escortée du général Defrance qui brûlaitd’impatience de se retrouver auprès de l’Empereur... Enfin j’arrive ; je demande l’Empereur et j’apprends qu’il avait en effet présidé à l’embarquement de tous les camps pendant la nuit ; mais qu’il venait de rentrer... »
    Napoléon semble enchanté du résultat. Ah ! si Villeneuve pouvait arriver ! Il se voyait déjà débarquant, entrant dans Londres puis, rapidement, après avoir organisé sa conquête, faisant volte-face vers
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