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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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exercée par le tsar, Frédéric-Guillaume tergiverse. Il faut donc le gagner de vitesse :
    — Le temps presse, déclare Napoléon, et les jours sont des années !
    En passant par Saint-Cloud, ses ministres remarquent son air d’allégresse :
    — Avant le 12 octobre, l’Autriche sera déchirée, prédit-il.
    En attendant, les Autrichiens passent à l’offensive et attaquent l’Électeur de Bavière, allié de l’Empereur.
    — Il y a peu de jours que j’espérais encore que la paix ne serait point troublée, déclare Napoléon au Sénat le 23 septembre, les menaces et les outrages m’avaient trouvé impassible ; mais l’armée autrichienne a passé l’Inn ; Munich est envahie ; l’Électeur de Bavière est chassé de sa capitale ; toutes mes espérances se sont évanouies... Je gémis du sang qui va en coûter à l’Europe ; mais le nom français en obtiendra un nouveau lustre.
    Cependant, en revenant du Luxembourg aux Tuileries, l’Empereur n’est pas accueilli par les badauds comme il en a l’habitude. La reprise de la guerre sur le Continent – et de l’inévitable conscription – ne réjouit personne. La paix a été de si courte durée ! Vienne attaque Munich ? Mais Munich n’a jamais été occupée par la France ! Les stratèges des carrefours ne comprennent pas pourquoi l’agression autrichienne doit forcément déclencher un conflit national ! Et la presse, qui se fait trop ouvertement l’écho de l’opinion, s’entend reprocher par le maître de ne pas avoir le coeur assez français. La Bourse baisse, les faillites se multiplient. Napoléon le constate avec amertume : la Banque de France, elle-même, éprouve « de l’embarras ». On s’attroupe devant les guichets où il faut faire la queue durant plus d’une heure pour changer les billets contre de l’or. Napoléon a besoin d’argent et la Banque pour répondre aux demandes a dû recourir à l’inflation. Le billet se trouve déprécié de dix pour cent. Il s’agit de remplir les caisses ! Ainsi que le constate l’Empereur :
    — Ce n’est pas ici que je puis y mettre ordre.
    C’est au soir d’une bataille victorieuse ! Il en est de même pour le mécontentement général. De nouveau, comme à la veille de Marengo – et il en sera ainsi durant encore dix années – Napoléon ne peut être vaincu, sans voir s’écrouler son empire : il est condamné à vaincre toujours.
    Il ne dédaigne aucun concours et, surtout pas, ceux des émigrés qui veulent prendre du service dans l’armée :
    — Si vous voulez, a-t-il dit à Thiard, la veille du départ, je ne demande pas mieux que de vous emmener avec moi. « Et sans attendre ma réponse, qu’il lui était facile de deviner à la satisfaction qui se peignit sur mon visage », nous raconte Thiard, Napoléon poursuit :
    — Je ne sais quel grade vous donner. Je ne suis pas maître de l’armée comme on le croit. J’ai de grands ménagements à garder avec elle. On sait que vous avez servi à l’armée de Condé ! Je ne puis vous faire que capitaine...
    « Je lui répondis que je sentais tout le prix de ce qu’il m’offrait, mais que s’il trouvait quelque inconvénient à m’accorder même ce grade, il y avait moyen d’y remédier : c’était de me permettre de mettre des trèfles sur mes épaules, et puis qu’après la première bataille il me donnerait devant l’armée le grade qui lui conviendrait.
    « — Non, non, répond-il. Je ne veux pas aller si loin. Puisque cela vous convient, vous serez capitaine dans les grenadiers à cheval de ma Garde, et vous ne me quitterez pas.
    « Ma figure se rembrunit sur-le-champ. »
    « — Qu’avez-vous donc ?
    « J’ai un peu de honte à l’avouer, comme j’en ai eu à le lui dire, mais c’est mon caractère, et je lui répondis que j’avais toujours servi dans les troupes légères, que, par conséquent, je ne savais pas si je pourrais m’accoutumer aux gros talons. Il sourit et me dit :
    « — Qu’à cela ne tienne. Dans les chasseurs à cheval !
    « C’est ainsi, conclut Thiard, que j’ouvris une porte de plus à l’émigration. »

    L’Empereur a retrouvé l’armée à Strasbourg. Le 1 er octobre, les divisions franchissent le Rhin. Les soldats portent de petites branches d’arbres fixées au revers de leurs uniformes, en guise de lauriers, et, sous une pluie battante, défilent devant leur dieu. Il est tellement trempé « que les gouttes qui découlent de ses
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