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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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habits se réunissent sous le ventre de son cheval et y forment une petite chute d’eau ». Son chapeau ressemble bientôt à ceux portés par les charbonniers de Paris. Les cris de Vive l’Empereur poussés par les troupes lui font chaud au coeur, mais il ne se laisse pas distraire de ses pensées. Mack, à la tête de quatre-vingt mille Autrichiens s’est avancé en Bavière et occupe Ulm, au bord du Danube. Le plan de l’Empereur consiste, le Rhin franchi, à opérer un vaste mouvement en éventail vers le sud, undemi-cercle, afin de tomber sur l’ennemi, le tourner et déborder la place. Ainsi, il coupera toute possibilité de retraite vers Vienne aux Autrichiens.
    Et la campagne commence, au pas de charge, et sous une pluie qui tombe inexorablement. Le 7 octobre, Napoléon est déjà parvenu à Donauwörth, en aval d’Ulm, où il assiste au passage du Danube par la Garde. En dépit des nuages qui se déversent sur les grenadiers et les chasseurs, la tenue de marche est impeccable : en frac, col noir, guêtres grises, le chapeau et la capote roulés sur le sac, le plumet ficelé sur le fourreau du sabre. « Pauvre Garde impériale ! dira le capitaine Billon, que de fatigues elle endurait ! À peine avions-nous atteint la halte ou le cantonnement indiqué comme lieu de repos, voilà toujours quelques bataillons obligés de s’arracher aux douceurs du bivouac pour suivre au pas de course, ventre creux, parfois dans la neige, la magique redingote grise. Elle était bien décrépite et fripée, cette célèbre redingote : tout son côté droit n’était qu’une loque brûlée aux feux des camps ; mais telle qu’elle était, je l’ai souvent admirée et vénérée comme une relique. » Lorsque le Tondu passe devant la colonne, une rumeur qui vient de loin le précède. L’Empereur ! L’Empereur ! Alors les échines écrasées par le sac se redressent et on ne sent plus les dix lieues que l’on vient de parcourir et on oublie les deux lieues qui restent encore à faire avant l’étape. « Avec Lui, une pipe et de la gloire », n’irait-on pas au bout du monde ?... Si quelques-uns se plaignent et élèvent la voix, l’Empereur les défend et explique :
    — Ils ont raison, mais c’est pour épargner leur sang que je leur fais éprouver tant de fatigues !
    En l’entendant, d’un coup d’épaule, tout ragaillardis, ils remontent leur sac et continuent à avancer. Napoléon est couvert de boue, comme eux, marche sous la pluie, comme eux, se moque de la neige et du vent, comme eux ! Avec quelle adresse, aussi, il sait leur parler : « Il nous haranguait à la manière des empereurs romains, écrira l’un d’eux, parlait de la situation de l’ennemi, d’un projet d’une grande bataille, et de la confiance qu’il avait en nous ! »
    Mais les marches, les combats, n’interrompent pas le service de parade. En station, la Garde veille sur l’Empereur. Que Napoléon soit sous la tente, ou logé dans une masure ou, encore, qu’il ait placé sa résidence dans un château, l’endroit où il séjourne s’appelle « le palais ». Un bataillon de chasseurs ou de grenadiers fournit les services d’honneur et de police, un escadron et un piquet de cavalerie de la Garde qui ne quitteront pas l’Empereur, sont commandés chaque jour pour fournir les escortes. Les hommes qui vont veiller sur « Lui » revêtent alors la tenue dite « de palais ». On brosse à rebrousse-poil le bonnet et « en colonne par un, caporal en tête, nous a raconté comme personne le commandant Lachouque, chaque grenadier ou chasseur refait la coiffure de celui qui le précède, noue la queue à deux pouces de l’extrémité, pique l’épingle à l’aigle, fait tomber la poudre avec des vergettes ».
    En cette première quinzaine d’octobre, les longues étapes se succèdent. « S’ils me laissent gagner quelques marches, écrit l’Empereur le 12 octobre à Talleyrand, j’espère les avoir tournés. » Mais il va parfois si vite qu’un jour, les services d’honneur et ceux de l’intendance ne sont point parvenus à suivre. Ce soir-là, couchant au presbytère protestant d’Oberfallheim, il remarque, en se mettant à table devant une omelette faite par l’un de ses aides de camp, et en buvant une bouteille de bière :
    — Il est assez piquant de n’avoir que de la mauvaise bière dans une contrée de l’Europe si fertile, tandis que dans la Haute-Egypte, même dans la traversée du
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