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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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Charles Bonaparte et son fils.
    Lorsque Louis-Philippe monta sur le trône, la légende prit un nouvel essor. Le grand public se gorgea littéralement de gloire napoléonienne. Il avait été tant privé, que, dès le lendemain des Trois Glorieuses, il se débonda, et les pièces napoléoniennes connurent un succès considérable. Le 31 août 1830, le Cirque Olympique représenta le Passage du Mont Saint-Bernard, le 9 octobre, les Nouveautés donnèrent Bonaparte à l’école de Brienne ou le Petit Caporal. En attendant la première de Napoléon Bonaparte, drame d’Alexandre Dumas, la Porte Saint-Martin fit jouer Napoléon ou Schoenbrunn et Sainte-Hélène. Cent cinquante anciens grognards avaient été engagés comme figurants pour le tableau de la revue de la Garde à Schoenbrunn. Avant le lever du rideau, Gobert, qui incarnait l’Empereur, s’approcha de l’un des vétérans.
    — Eh bien, mon brave, reconnais-tu ton Empereur ?
    — Oh ! oui, Sire, c’est bien vous ! s’exclama l’ancien, les larmes dans la voix.
    — Ma preuve est faite, conclut Gobert ; on peut frapper les trois coups.
    Lorsque, le rideau levé, la scène montra la Garde passée en revue par l’Empereur-Gobert, tandis que les tambours battaient aux champs. Ce fut du délire. Un immense cri de Vive l’Empereur  ! fit trembler les lustres.
    Dans une loge, Mlle George pleurait...

    Un jour de 1833, on annonça à Madame Mère la visite de son fils, l’ex-roi Jérôme. Il pénétra sans bruit dans la chambre où sa mère semblait dormir. Il s’approcha du lit et demanda à voix basse :
    — Ma mère, m’entendez-vous ?
    Letizia inclina la tête.
    — Eh bien, ma mère, je viens de recevoir des nouvelles de Paris annonçant que les Chambres ont rendu un décret de restitution de la statue de l’Empereur à la colonne Vendôme !
    Letizia demeura un moment sans voix. L’émotion était trop forte. Jérôme, se méprenant sur ce silence, répéta :
    — La statue de l’Empereur va être replacée sur la colonne Vendôme !
    Elle pressa alors la main de l’ancien roi de Westphalie dans les siennes et murmura doucement :
    — La statue de l’Empereur, la statue de l’Empereur sur la colonne...
    Quelques instants plus tard, ses enfants qui se trouvaient à Rome la virent entrer dans le salon du palais. Des larmes coulaient de ses yeux morts et ils l’entendirent annoncer d’une voix brisée :
    — L’Empereur est de nouveau à Paris !
    Déjà, à cette époque, les journaux de l’opposition et de nombreuses pétitions formulèrent le voeu de voir revenir la dépouille mortelle de Napoléon. À la Chambre des députés, le général Lamarque, après avoir affirmé que « la mort n’avait pu glacer les cendres » de l’Empereur, s’exclamait :
    — Escorté des pleurs de ses vieux compagnons d’armes, qu’il revienne dans un cercueil. Celui qui, au milieu des acclamations de la France, revint si souvent sur un char de triomphe !
    Les députés passèrent à l’ordre du jour... Cependant, si les mesures contres les bonapartistes redoublaient de sévérité, Louis-Philippe s’annexait, en même temps, la gloire impériale. Le roi bourgeois se glissait dans la peau du lion. Il s’entourait des anciens serviteurs de l’Empereur et le décret rétablissant la statue de Napoléon au sommet de la colonne Vendôme allait être mis à exécution. On achèvera aussi l’arc de triomphe de l’Étoile.
    Rien de tel que de donner le pouvoir à un opposant pour le voir devenir plus gouvernemental que son prédécesseur. Tel fut le cas de Thiers, président du Conseil de 1840. Ainsi que l’a fort bien expliqué Jean Lucas-Dubreton, Thiers, dans l’opposition, avait combattu pour l’inévitable réforme parlementaire, chef du gouvernement il n’en voulait plus, « mais il était trop intelligent pour ne point sentir que l’opinion avait besoin d’un objet auquel accorder une valeur d’intérêt et si possible de passion... » Cet objet il allait le trouver tout naturellement dans « l’arsenal napoléonien » qui n’avait point de secret pour lui. Il n’était pas bonapartiste, mais n’en disait pas moins :
    — Je suis un des Français de ce temps les plus attachés à la mémoire de Napoléon.
    Il était impossible de frapper un plus grand coup pour passionner l’opinion qu’en ramenant en France le corps de Napoléon. Thiers en parla d’abord à Louis-Philippe qui commença par faire la
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