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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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dernières volontés. Je vous prie de me faire savoir quelles sont les dispositions prescrites par votre gouvernement pour le transport de son corps en Europe, ainsi que celles relatives aux personnes de sa suite. »
    L’Empereur mort, Montholon qui a été nommé par Napoléon premier exécuteur testamentaire, prend le pas sur le grand-maréchal et remplit le blanc laissé dans le texte de la lettre, puis il fait porter le document au gouverneur et lui communique le désir de l’Empereur d’être enterré en France.
    Le gouverneur lui répond que la question a déjà été tranchée dès le mois de septembre 1817 par le gouvernement britannique et confirmée par lord Bathurst en 1820 : le corps du « général Bonaparte » ne doit point quitter l’île. Le choix du lieu de l’inhumation est laissé aux soins de ses exécuteurs testamentaires. Bertrand demande alors la parole pour rappeler que, lorsqu’il demeurait encore à Hutt’s Gâte, l’Empereur était descendu un jour avec lui vers la vallée que l’on baptisera plus tard Géranium Valley, un repli de terrain qui faisait partie du vaste « Bol à punch du diable ».
    Par un sentier abrupt, entre les pins, les deux hommes étaient parvenus jusqu’à un petit vallon d’où l’on découvrait, au loin et en contrebas, la mer. Trois saules pleureurs ombrageaient le lieu où tout était calme et silence. Une source coulait d’une anfractuosité du rocher et venait remplir un petit bassin au seuil de pierre. Le prisonnier s’était penché, avait bu un peu d’eau et l’avait trouvée si bonne que, depuis, chaque matin, le piqueur Archambault muni de deux bouteilles d’argent allait en chercher pour l’usage personnel de l’Empereur. En quittant le vallon, Napoléon avait dit à son compagnon : « Bertrand, si, après ma mort, mon corps reste entre les mains de mes ennemis, vous le déposerez ici. »
    Il n’y a donc point à hésiter. C’est là que Napoléon ira reposer.
    — Je pense que vous ne voulez pas mettre d’inscription sur la pierre tombale, avait encore déclaré Lowe, parce qu’il faudrait mettre des titres que je ne puis permettre.
    — Non, nous voulons seulement mettre Napoléon né en 1769, mort en 1821.
    — Je ne puis pas permettre que l’on mette Napoléon seulement ; il faut mettre Napoléon Bonaparte – Bertrand et Montholon refusent – et la lourde dalle qui scellera le tombeau va demeurer sans nom.
    Le jeudi 10 mai, le lourd cercueil posé sur l’ancienne voiture de l’Empereur transformée en corbillard, tirée par quatre chevaux, prend le chemin de la vallée. Toute la garnison fait la haie ; les forts et les navires tirent des salves ; les musiques militaires jouent au passage du cortège funèbre. L’abbé Vignali se trouve en tête du défilé avec le petit Henri Bertrand qui fait office d’enfant de choeur. Le drap mortuaire est tenu par les trois exécuteurs testamentaires : Bertrand, Montholon, Marchand et par le jeune Napoléon Bertrand. Puis viennent douze grenadiers sans armes, qui porteront le cercueil lorsque le chemin se détachera de la route et ne permettra plus à la voiture de poursuivre la descente. Marchent ensuite le cheval de l’Empereur tenu par Archambault, puis tous les domestiques de Longwood, enfin une voiture où ont pris place Mme Bertrand, sa fille et son plus jeune fils. Lowe suit le cercueil de son prisonnier avec ses officiers et Montchenu, qui maintenant représente également l’Autriche et qui n’est venu en somme à Sainte-Hélène que pour assister à l’enterrement de « l’Usurpateur » puisque jamais l’Empereur ne voulut le recevoir.
    Les prières dites, on descend le cercueil dans la fosse, puis la lourde dalle pivote et les ultimes fidèles ont brusquement l’impression d’une écrasante solitude...
    Un poste de douze soldats anglais demeurera là durant dix-neuf années. Parmi les géraniums plantés par Mme Bertrand, une sentinelle dans son uniforme rouge veillera sur le corps demeuré prisonnier de son implacable ennemi.
    Mais les pensées et la légende napoléonienne ne demeureront pas, elles, prisonnières dans la vallée des Géraniums. Elle vont prendre leur vol et continuer, comme du vivant de l’Empereur, à faire vaciller les trônes.

    Le 5 mai 1821, un inconnu se présenta au palais Rinuccini. Reçu par Madame Mère, il tira un crucifix de sa poche et s’écria :
    — Altesse, baisez le rédempteur et le sauveur de votre
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