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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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fils ; vous le reverrez encore après de longues années, ce fils, objet de vos profonds regrets, ce fils dont le nom retentit dans les cités comme dans les hameaux... Mais avant ce jour misérable, il se passera bien des changements de gouvernement en France, il y aura des guerres civiles, des flots de sang seront répandus, l’Europe sera toute en feu... Mais Napoléon le Grand reviendra pour haranguer la France, et toutes les contrées de l’Europe se ressentiront de son influence. Voilà la grande oeuvre que Napoléon le Grand est destiné, par le Roi des Rois, à accomplir.
    L’homme avait sans doute été envoyé par la voyante autrichienne. Sentant que Letizia lui échappait, elle lui avait adressé un complice... « Cette singulière visite, racontera un témoin, semblait avoir ramené l’espérance dans l’âme de Madame au point qu’elle fit faire pour les gens de sa maison une livrée neuve... »
    Le 5 mai 1821 ! Ce jour-là à Sainte-Hélène, Napoléon rendait le dernier soupir ! Le 22 juillet, la Madré sortait de son mauvais rêve pour tomber dans une bien cruelle réalité : elle apprend la mort de son fils. On la vit se dresser toute droite, marcher vers le buste de l’Empereur, l’étreindre puis, sans un mot, tomber sur le dallage, évanouie. Elle écrivit alors cette lettre émouvante à lord Londonderry :
    « La mère de l’empereur Napoléon vient réclamer de ses ennemis les cendres de son fils. Elle vous prie de vouloir bien présenter sa réclamation au cabinet de S.M. britannique, et à S.M. elle-même... Même dans les temps les plus reculés, chez les nations les plus barbares, la haine ne s’étendait pas au-delà du tombeau... La raison d’État et tout ce que l’on appelle politique n’ont point de prise sur des restes inanimés ; d’ailleurs, quel serait, en les retenant, le but du gouvernement anglais ?... Mon fils n’a plus besoin d’honneurs ; son nom suffit à sa gloire, mais j’ai besoin d’embrasser au moins ses restes. C’est loin des clameurs et du bruit que mes mains lui ont préparé, dans une humble chapelle, une tombe ! J’ai donné Napoléon à la France et au monde. Au nom de la justice et de l’humanité, je vous conjure de ne pas repousser ma prière... »
    La lettre demeura sans réponse.
    L’ex-impératrice fera célébrer un service funèbre, pro consorte ducis nostrae ! Prince-consort de Parme ! Napoléon était ainsi mieux enterré. Le proscrit lui avait légué son coeur... que Marie-Louise se hâta de refuser. « Mon unique désir est que son coeur reste dans sa tombe, écrivait-elle à son père. Les malveillants en prendraient prétexte pour faire pèlerinage à Parme, ce qui me serait très pénible... » La seconde femme de l’Empereur n’acceptera que la première empreinte du masque mortuaire que vint lui apporter Antommarchi. Elle le donnera d’ailleurs un jour aux enfants de son intendant qui, le traînant au bout d’une ficelle, en feront un jouet...
    Dans la demande qu’elle avait adressé au gouvernement britannique, Letizia avait parlé des cendres de son fils. Ce mot fut si souvent repris que bien des gens s’imaginèrent – et s’imaginent encore – que les Anglais avaient fait incinérer leur ennemi.
    Peu après-leur arrivée à Londres, Montholon et Bertrand, remplissant « le devoir religieux que nous imposent les dernières volontés de Napoléon » précisèrent-ils, réclamaient aux aussi, – en rappelant la requête de Mme Letizia, – les cendres de l’Empereur au roi d’Angleterre : « Vos ministres, Sire, connaissent son désir de reposer au milieu du peuple français qu’il a tant aimé. Ses dispositions testamentaires ont été communiquées au gouverneur de Sainte-Hélène. Mais cet officier, sans égard pour nos réclamations, l’a fait inhumer dans cette terre d’exil... »
    Cette fois Montholon reçut une réponse verbale, selon laquelle « le gouvernement anglais ne se regardait que comme dépositaire des cendres de l’Empereur et les rendrait à la France, dès que le gouvernement français lui en témoignerait le désir ».
    On devine quelle fut la réponse des successifs ministères français de la Restauration, en recevant la requête des exécuteurs testamentaires de l’Empereur, bien que ceux-ci, avec prudence, abandonnant « les rives de la Seine », n’aient plus parlé dans leur supplique que d’un « même marbre » qui, à Ajaccio, pourrait recouvrir
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