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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène
Autoren: Max Gallo
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Napoléon refuse d’être soigné par les médecins anglais aux conditions fixées par Hudson Lowe !
    Je ne plierai pas .
    Il vomit. Il ne sort pas. Il reste couché plusieurs heures chaque jour. Mais il ne cède pas.
    Le 20 septembre 1819, il voit s’approcher de Longwood une « petite caravane ». Il reconnaît les silhouettes de deux prêtres et d’un groupe de soldats anglais qui les escortent.
    Ce sont les abbés Buonavita et Vignali, ce dernier qui aurait des connaissances médicales. Ils sont accompagnés par un autre Corse, Francesco Antommarchi, qui se présente comme chirurgien.
    Ce sont là les secours envoyés par la famille, le cardinal Fesch et Madame Mère !
    Napoléon les reçoit. Voilà donc les hommes qui sont chargés de l’aider, de l’entourer ! Pourquoi les a-t-on choisis ? Parce qu’ils exigeaient peu ? Et que ma famille est avare ?
    Il murmure d’une voix amère :
    — Le vieux prêtre n’est bon à rien. C’est un diseur de messes… Le jeune est un écolier. Il est ridicule de le donner pour médecin. Antommarchi est un professeur, mais cela n’est pas la pratique. Je reconnais bien là le cardinal Fesch. Je suis assez gros seigneur, ce me semble, pour que l’on offrît trente ou quarante mille francs par an à un homme qui serait venu me donner ses soins !
    Ainsi sont les hommes, même ceux de la famille !
     
    Il essaie de se lever. Il dicte. Il dirige des travaux de jardinage, fait faire des plantations autour de Longwood. Le 4 octobre 1820, il fait encore une longue promenade en calèche, et même, descendant de la voiture, il se rend dans la maison d’un colon anglais, sir William Doveton. L’homme est aimable. On déjeune. Et puis il faut repartir. Napoléon a du mal à monter à cheval, et, dans la calèche où il s’est installé, après quelques centaines de mètres parcourus au trot, il grelotte, vomit.
    Il dit à Antommarchi :
    — Ce n’est pas vivre. Je suis à bout et ne me fais pas d’illusions.
    Il devine autour de lui, parmi ceux qui restent, la peur de la mort, le désir de fuir cette île maudite.
    Il murmure à Marchand, qui le frictionne, l’enveloppe de linge pour le réchauffer :
    — Ils partiront tous, mon fils, et tu resteras seul pour me fermer les yeux.
    Il s’efforce à faire quelques promenades en calèche. Mais il est las. Il prend de longs bains chauds, qui le calment mais l’épuisent. Et il ne peut plus lire longtemps. Les yeux sont douloureux. La lumière lui donne le vertige.
    Certains matins, pourtant, il se redresse, recommence à dicter.
    « Ma présence était indispensable partout où je voulais vaincre, dit-il d’une voix assurée mais haletante. C’était là le défaut de ma cuirasse. Pas un de mes généraux n’était de force pour un grand commandement indépendant. Ce n’est pas l’armée romaine qui a soumis la Gaule, mais César ; ce n’est pas l’armée carthaginoise qui faisait trembler la République aux portes de Rome, mais Hannibal… »
    Il s’interrompt. Il ne peut plus. Il reprend pourtant. Il veut conduire jusqu’à son terme cette analyse des affaires d’Espagne. « L’Empire serait sorti vainqueur de sa lutte à mort contre les rois de droit divin si… »
    Il est épuisé, il murmure à Montholon :
    — Il n’y a plus d’huile dans la lampe.
     
    Il se couche. Il n’a plus envie de se lever.
    — Quelle douce chose que le repos, dit-il à Antommarchi. Le lit est devenu pour moi un lieu de délices, je ne l’échangerais pas pour tous les trônes du monde ! Quel changement ! Combien je suis déchu ! Moi dont l’activité était sans bornes, dont la tête ne sommeillait jamais !
    Il soupire. Il grimace de douleur.
    — Je suis plongé dans une stupeur léthargique, il faut que je fasse un effort lorsque je veux soulever mes paupières.
    Il écoute Antommarchi qui l’incite à se lever, à se rendre au jardin afin de faire quelques pas.
    — Soit, dit-il, mais je suis bien faible, mes jambes chancelantes ont peine à me porter.
    Il marche cependant, refuse l’aide d’Antommarchi. Il dit, les dents serrées :
    — Ah, docteur, comme je suis fatigué ! Je sens que l’air pur que je respire me fait du bien. N’ayant jamais été malade et n’ayant jamais pris de remèdes, je ne puis guère me connaître en semblables matières. L’état où je me trouve aujourd’hui me paraît même si extraordinaire que j’ai peine à le concevoir.
     
    Il rentre à pas
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