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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène
Autoren: Max Gallo
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coups d’épingle ; mais la Providence est trop juste pour qu’elle permette que cela se prolonge longtemps encore.
    « Comme tout porte à penser qu’on ne vous permettra pas de venir me voir avant votre départ, recevez mes embrassements, l’assurance de mon estime et mon amitié : soyez heureux !
    « Votre dévoué : Napoléon. »

36.
    Est-ce possible ?
    Il n’y a qu’un peu plus de quatorze mois qu’il vit sur cette île insalubre, qu’on l’a enterré là, plutôt, et ce lundi 1 er  janvier 1817 il se sent accablé, avec l’impression qu’il est là depuis toujours. Le brouillard recouvre le plateau. L’humidité suinte. Les rats sont au travail. Mais quand cessent-ils ? Ils courent, ils couinent, ils rongent, ils traversent la chambre, la salle à manger. On les chasse, ils reviennent, insolents, indifférents, agressifs. Comment célébrer ce début de l’année 1817 ?
    — Je suis dans un tombeau, dit-il à Montholon et à Bertrand. Je ne me sens pas le courage d’une fête de famille.
    Plus tard, peut-être, quand il aura lu, dicté. Mais Las Cases n’est plus là, et il se persuade que, l’un après l’autre, ses proches vont le quitter.
    Mme de Montholon est enceinte et ne rêve que de départ. Gourgaud s’en prend aux uns et aux autres parce qu’il ne supporte plus l’inactivité. Il est jeune, vigoureux. Et Mme Bertrand proclame partout qu’elle ne veut pas passer un nouveau printemps ici. Il me restera Marchand. Peut-être ! Parce que certains domestiques intriguent eux aussi pour regagner l’Europe .
    Il murmure à Montholon :
    — Je vous verrai vers quatre heures, le travail aura chassé les pensées de la nuit.
    Il commence à dicter ses réflexions sur la campagne de France, les Cent-Jours, Waterloo. Mais il s’interrompt vite. Est-ce que tout cet effort a un sens ?
    Il dit à Montholon :
    — À quoi bon présenter tous ces Mémoires à la postérité ? Nous sommes des plaideurs qui ennuient leur juge. La postérité saura bien découvrir la vérité sans que nous nous donnions tant de peine pour la faire parvenir.
    Il retourne dans sa chambre, s’allonge. Il éprouve de plus en plus le besoin de dormir, de somnoler, comme une manière d’oublier. Puis il se redresse. Il faut encore combattre. Il doit tenir jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent. Il rentre au salon, distribue des cadeaux aux uns et aux autres, joue quelques instants avec les enfants. Puis il entend Gourgaud qui proteste. Encore des rivalités. Encore des querelles stupides. Il crie à Gourgaud :
    — Vous voudriez être le centre de tout, ici. C’est moi qui suis le centre. Si vous êtes si mal, vous pouvez nous quitter !
    Qu’ils partent tous, qu’ils me laissent . Il n’a besoin de personne.
    — La postérité me fera justice, dit-il en allant et venant. La vérité sera connue et le bien que j’ai fait sera jugé avec mes fautes. Si j’avais réussi, je serais mort avec la réputation du plus grand homme de tous les temps. Et même n’ayant pas réussi, on me croira un homme extraordinaire. J’ai livré cinquante batailles rangées que j’ai presque toutes gagnées ! J’ai créé un code de lois qui portera mon nom aux siècles les plus reculés. Je me suis élevé de rien à être le plus grand monarque du monde. L’Europe était à mes pieds.
    Voilà ce que je suis, ce que personne ne peut me retirer. Et j’étais la voix des temps nouveaux .
    — J’ai toujours cru que la souveraineté était dans le peuple. Et véritablement, le gouvernement impérial était une sorte de république. Appelé à être son chef par la voix de la nation, ma maxime a été la carrière ouverte aux talents, sans distinction de fortune, et ce système d’égalité est cause de la haine de l’oligarchie anglaise.
    Il rentre dans sa chambre. À quoi cela sert-il de proclamer ainsi ce qu’il a fait, le principe du régime impérial, alors qu’il est enfermé, surveillé dans cette île aux mains de Hudson Lowe, ce bourreau-geôlier qui cherche à le détruire, à le priver de ce qui peut apporter un réconfort ?
    Il regarde ce buste du roi de Rome qu’un marin a apporté de Londres.
    Mon fils. Et Hudson Lowe voulait briser le bibelot pour vérifier qu’il ne contenait pas de message !
    Le gouverneur a même interdit à un passager de l’un des navires qui font escale à Jamestown de rapporter ce qu’il savait de Marie-Louise et du roi de Rome.
    « Les anthropophages
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