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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre
Autoren: Anne Perry
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péniblement.
    — Merci, ça ira. J’en ai assez vu.
    Parkins remit le drap en place et le regarda, avec un rictus
triste et désabusé.
    — Triste spectacle, n’est-ce pas ? dit-il avec
flegme. De quoi vous rendre malade. Vous ne connaîtriez pas cet homme, par hasard ?
C’est peu probable, mais avec un peu de chance… ajouta-t-il en retirant le haut
du drap.
    Pitt n’avait même pas pensé à observer le visage du défunt. Il
y jeta un coup d’œil et ressentit aussitôt un désagréable picotement. Il avait
déjà vu ces traits sombres et renfrognés, ces paupières lourdes, ces lèvres
ourlées et sensuelles. Du moins en était-il presque sûr.
    — Qui est-ce ? demanda-t-il.
    — Un dénommé Max, connu aussi sous d’autres noms :
Bracknall, Rawlins, Dunmow. Il tenait plusieurs maisons closes. Un type très
entreprenant. Pourquoi ? Vous le connaissez ?
    — Je crois, répondit lentement Pitt. Il ressemble à
quelqu’un que j’ai rencontré il y a quelques années, au cours d’une enquête
criminelle, à Callander Square.
    — Callander Square ? fit Parkins, étonné. Un
quartier que ne fréquente guère ce genre d’individu. En êtes-vous sûr ?
    — Non, pas tout à fait. Il était valet de pied. À l’époque,
il s’appelait Max Burton, s’il s’agit du même homme.
    — Pourriez-vous vous renseigner ? s’enquit Parkins
intéressé. Je serais curieux de le savoir. Ce pourrait être important.
    Puis il se rembrunit et ajouta à voix basse, comme s’il s’adressait
à lui-même :
    — Tout de même, cela m’étonnerait. Ou alors, il a
vraiment changé de style de vie depuis lors.
    — Je crois pouvoir retrouver sa trace, fit Pitt, songeur.
Ce ne devrait pas être trop difficile. Ah, j’oubliais ! Où se situe la
blessure mortelle ?
    — Là, dit Parkins, qui lui aussi pensait visiblement à
autre chose. Poignardé dans le dos, à ce niveau…
    Il désigna un point sur le dos de Pitt, à quelques
centimètres à gauche de la colonne vertébrale. La plaie se situait du même côté
que celle d’Hubert Pinchin, à peine plus bas ; mais Max était plus grand
que le médecin.
    — Quel genre d’arme ? s’enquit Pitt. De quelle
taille ?
    — Une lame d’environ vingt centimètres de long sur
presque quatre de large à la base. Un couteau de cuisine, par exemple. Tout le
monde en possède un chez soi. Désolé.
    Parkins leva un sourcil, devinant où Pitt voulait en venir.
    — La même arme que pour votre cadavre, c’est ça ?
    Pitt n’appréciait pas que l’on considérât le corps d’Hubert
Pinchin comme sa propriété, mais il comprenait ce que Parkins voulait dire.
    — Oui, la même, semble-t-il.
    Il se sentit obligé d’ajouter :
    — La seule différence, c’est que le cadavre de l’abattoir
a été entièrement émasculé. Le tout était placé entre ses genoux.
    Le visage de Parkins se crispa.
    — Attrapez-le, murmura-t-il. Attrapez ce salaud, Mr. Pitt.
     
    Depuis les meurtres, trois ans auparavant, Pitt n’était pas
revenu à Callander Square [3] . Il se demanda si les Balantyne
vivaient encore là. Il se tenait au milieu d’arbres au tronc humide et aux
branches dénudées. En cette fin d’après-midi maussade, le vent charriait des
nuages chargés de pluie ; la nuit allait bientôt tomber. Il se trouvait à
six mètres de l’endroit où l’on avait découvert les corps. Pitt, chargé de l’affaire,
était venu interroger les habitants de ces élégantes demeures géorgiennes, aux
fenêtres hautes et aux façades immaculées. Ces gens employaient des valets pour
ouvrir leurs portes, des femmes de chambre pour recevoir les visiteurs, des
majordomes pour tenir l’office, garder la clé de leurs celliers, répartir les
tâches et mener à la baguette tout le personnel, derrière les grandes portes
vertes matelassées.
    Il remonta le col de son manteau, enfonça son chapeau un peu
de travers, plongea ses mains dans ses poches encombrées d’objets disparates, des
bouts de ficelle, des pièces de monnaie, un couteau, trois clés, deux mouchoirs,
de la cire à cacheter, et d’innombrables morceaux de papier. Il ne se dirigea
pas vers la porte de service, ainsi que l’on pouvait s’y attendre de la part d’un
policier ; il préféra se présenter à la grande porte, comme n’importe quel
visiteur.
    Le valet le reçut avec froideur.
    — Bonjour… monsieur.
    L’hésitation était légère, mais suffisante pour signifier
que ce
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