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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre
Autoren: Anne Perry
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monumentale dont le claquement résonna dans toute la
pièce. Tant bien que mal, Christina se releva et lui lança un coup de pied qui
l’atteignit à l’épaule. Mary tomba sur le dos en gémissant.
    Victoria s’élança à la recherche du pistolet, mais Charlotte,
devinant ses intentions, se jeta sur elle et la tira violemment par les cheveux.
Sa robe était fendue jusqu’à la taille, révélant ses dessous et la blancheur
laiteuse de sa cuisse. Elle chercha désespérément le pistolet des yeux, tout en
criant avec autant de force que ses adversaires.
    Soudain, le coup partit, avec un bruit assourdissant. Les
quatre femmes se figèrent, terrifiées, comme si chacune avait été touchée.
    — Arrêtez ! répéta Balantyne d’une voix de stentor.
Relevez-vous ! Je tire sur la première qui me désobéit !
    Lentement, elles se remirent sur leurs pieds, tout
égratignées, les vêtements déchirés, la chevelure en bataille. Charlotte tenta
de renouer du mieux qu’elle pût les lambeaux de sa robe pour cacher sa nudité.
    — Mon Dieu !
    Balantyne, mâchoires serrées, très pâle, brandissait le
pistolet. Christina fit un pas en avant.
    — Ne bouge pas ! l’arrêta-t-il d’une voix coupante.
    Charlotte sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle comprenait
tout, à présent. Et elle ne pouvait rien faire pour aider Balantyne, ni les
sœurs Dalton, ni Alan Ross.
    Le général s’adressa à sa fille comme s’ils étaient seuls
dans la pièce.
    — Ces femmes ont donc assassiné Max Burton ?
    — Oui ! Elles sont folles ! Elles…
    Elle s’interrompit et avala sa salive, horrifiée par l’expression
de son père.
    Celui-ci se tourna vers Victoria.
    — Pourquoi maintenant ? Pourquoi avoir attendu si
longtemps ?
    Le visage de la jeune femme était tendu à l’extrême, ses
yeux étincelaient.
    — Elle m’a payée pour le faire, avoua-t-elle avec une
terrifiante franchise, d’une voix neutre. Tout d’abord elle l’a pris pour amant,
puis elle s’est prostituée pour lui… Ensuite, comme il commençait à se montrer
exigeant et à la faire chanter, elle s’est affolée et a décidé de s’en
débarrasser.
    Un mélange de pitié et de mépris se peignit sur ses traits.
    — Elle craignait que son mari découvre la vérité, le
pauvre diable. Elle n’a gardé qu’un seul amant, Beau Astley.
    Charlotte regarda Balantyne. La douleur le rendait livide. Mais
il ne chercha ni à rejeter la vérité, ni à disculper sa fille.
    — Et le Dr Pinchin ? demanda-t-il, tenant toujours
le pistolet braqué.
    — Lui ? Il méritait la mort, répliqua Victoria, froidement.
C’était un boucher !
    — Et Bertie Astley, pourquoi l’avoir exécuté ainsi ?
    Victoria ébaucha un sourire dédaigneux.
    — Il possédait toute la rue. Il louait des chambres aux
beaux messieurs qui désiraient recevoir des filles dans l’intimité. Grâce à l’argent
des loyers, les Astley pouvaient vivre dans le luxe et l’oisiveté et entretenir
de jolies dames à la peau blanche. Tout ça sur notre dos ! Ils s’engraissaient
grâce à notre sueur !
    — Son frère aurait pu se montrer reconnaissant ! intervint
Mary. Il aurait tout de même pu nous payer…
    Elle ne termina pas sa phrase. Sa sœur s’était retournée et
l’avait giflée à toute volée, laissant la marque rouge de ses doigts sur sa
joue.
    À cet instant, Charlotte fit un pas en avant, saisit le
poignet de Balantyne et pointa l’arme vers Victoria.
    Celle-ci s’empara d’une paire de ciseaux qui se trouvait sur
un guéridon, à sa portée. On entrevit une brève lueur métallique. Trop tard. Elle
avait déjà planté les lames dans la poitrine de Christina. Le sang jaillit. Le
coup de feu partit vers le plafond.
    Christina s’affaissa lentement ; elle tomba à genoux, puis
se recroquevilla sur le sol. Balantyne la recueillit dans ses bras et la tint
serrée contre lui.
    Charlotte se saisit d’un tabouret et frappa Victoria, aussi
fort qu’elle put. Celle-ci, atteinte à la tête, tomba en arrière sur le tapis
rouge. Elle ne bougeait plus. Charlotte demeura debout au milieu de la pièce, le
tabouret à la main, tandis que Mary, prise de panique, se penchait sur le corps
inanimé de sa sœur, pleurant comme une enfant qui aurait perdu sa mère.
    Pourquoi Pitt n’était-il pas là ? C’en était trop !
Toute cette souffrance était intolérable. Elle était trop épuisée pour
ressentir de la colère. Elle éprouvait
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