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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre
Autoren: Anne Perry
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intense. Comment avait-il pu oublier qu’elle était l’épouse de l’inspecteur
Pitt ? Il avait caressé un espoir impossible… Le monde s’écroulait autour
de lui.
    — Je suis toujours mariée à Thomas Pitt, murmura-t-elle.
Et je suis une femme heureuse.
    Le rouge aux joues, Balantyne se détourna. Il aurait voulu
disparaître, partir se cacher très loin d’elle.
    Charlotte se sentait atrocement honteuse d’avoir ainsi abusé
de sa crédulité. Comment lui dire qu’elle avait de la peine, car elle éprouvait
pour lui une grande amitié ? L’opinion qu’il avait d’elle lui importait
énormément. S’il la méprisait, elle ne s’en remettrait pas.
    — J’ai honte, chuchota-t-elle.
    Devait-elle prétendre ne pas avoir deviné qu’il l’aimait ?
Cela ménagerait-il sa fierté en lui permettant d’intérioriser cet amour, comme
s’il n’avait jamais existé ? Ou bien ne ferait-elle qu’aggraver sa
souffrance en dévalorisant le plus beau cadeau qu’il pouvait lui offrir ?
    Elle tenta de deviner ses pensées, mais ne lut dans ses yeux
qu’une grande tendresse mêlée d’un trouble infini. La lumière de l’applique
murale soulignait ses pommettes anguleuses. Elle aurait voulu le toucher, le
prendre dans ses bras… Non, c’était ridicule ! Il serait blessé, il la
repousserait. Il ne comprendrait pas que, bien qu’aimant son mari, elle puisse
éprouver pour lui un sentiment très profond et très particulier. Il prendrait
son geste pour de la pitié, et il ne pourrait rien y avoir de pire pour lui.
    — J’ai menti par omission, reprit-elle, davantage pour
briser le silence que pour s’excuser. Mais j’ai toujours été sincère envers
vous.
    Il répondit d’une voix rauque, trouvant enfin ses mots :
    — Je vous en prie, ne cherchez pas d’explications. Moi
aussi, ajouta-t-il après avoir repris sa respiration, je souhaite voir arrêter
le meurtrier de Devil’s Acre. Je me doute bien que vous n’étiez pas venue me
parler de ces lettres.
    — Mais j’y attache une grande importance ! gémit-elle
d’une voix de petite fille en fondant en larmes.
    Elle renifla, chercha son mouchoir, se moucha et détourna
les yeux.
    — Je… j’ai appris une information très… alarmante. Je
pensais que vous tiendriez à être mis au courant.
    Il comprit aussitôt qu’elle s’apprêtait à lui annoncer une
autre terrible nouvelle qui allait encore le faire souffrir. Instinctivement, il
s’écarta d’elle pour lui permettre de s’asseoir sans donner l’impression qu’elle
le repoussait. Un geste d’une rare délicatesse, dont il n’avait jamais fait
preuve envers qui que ce soit, jusqu’ici.
    — Qu’avez-vous découvert ? demanda-t-il, très vite.
    — Max tenait deux maisons…
    Elle n’osa rien ajouter. Le qualificatif eût été trop laid, trop
cru, surtout à cette minute.
    — Ah ? fit-il d’un ton surpris, sans paraître
comprendre.
    Ils se montraient étrangement cérémonieux l’un envers l’autre,
comme si leurs moments d’intimité n’avaient jamais existé. Cela leur facilitait
sans doute la tâche à tous les deux.
    — L’une de ces maisons, se hâta-t-elle d’enchaîner, afin
de ne pas laisser l’émotion la submerger, ressemble à toutes celles de Devil’s Acre.
Mais l’autre est réservée à des gentlemen fortunés.
    Elle eut un sourire amer, le visage tourné vers les flammes.
    — Ils peuvent y rencontrer des femmes bien nées, très
bien nées même.
    Il demeura silencieux. Elle essaya de deviner ce qu’il
ressentait : incrédulité, horreur, douleur ? Avait-il déjà compris ?
    Elle reprit son inspiration puis ajouta :
    — Adela Pomeroy faisait partie de ces femmes-là.
    Balantyne ne disait toujours rien.
    — Son mari fréquentait des maisons où l’on prostituait
des enfants. J’imagine que…
    Elle s’interrompit. Pourquoi cherchait-elle à excuser Adela
Pomeroy ? Pour absoudre Christina aux yeux de son père ? Il ne
méritait pas d’être traité ainsi. Elle eut de nouveau l’envie irrésistible de
le serrer dans ses bras afin d’alléger sa douleur, elle qui était si mal placée
pour l’aider. C’était stupide de sa part. Elle ne ferait qu’accentuer son
embarras et sa peine, en surestimant de façon grotesque le tendre penchant qu’il
avait éprouvé pour elle, sentiment qui avait peut-être déjà été détruit par sa
duplicité et par la menace qui planait sur sa famille.
    — Je suis désolée,
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