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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre
Autoren: Anne Perry
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a combattu en Afrique, n’est-ce
pas ? Il a dû assister là-bas à toutes sortes de rituels barbares. Après
tout, ce n’est peut-être pas si terrible que ça à ses yeux. Max a pu chercher à
revoir Christina lors d’une soirée. Il lui a fait des avances et… on connaît la
suite. Le général aurait eu de bonnes raisons de tuer Max et de le mutiler
ainsi.
    — Mais pourquoi Bertie Astley ?
    Question stupide. La réponse était évidente : il était
aussi l’amant de Christina. Emily ne prit même pas la peine de répondre.
    — Bon, d’accord… Alors pourquoi Pinchin ? s’entêta
Charlotte.
    — Il l’a peut-être aidée à avorter, ce qui expliquerait
pourquoi elle ne peut plus avoir d’enfants.
    — Et Pomeroy ? Lui, il fréquentait les maisons
closes où l’on prostitue les enfants !
    — Je ne sais pas. Il se peut qu’il ait vu ou entendu
quelque chose…
    — Je ne le crois pas ! Jamais le général n’aurait…
    — Évidemment, tu refuses d’y croire. Mais ma chère, parfois
même les gens que l’on aime sont capables du pire. Et nous n’échappons pas à la
règle. Nous aussi, nous sommes capables de laideur, de stupidité, de bassesse. Toute
l’affaire a pu partir d’un détail, d’une minuscule erreur qui a pris des
proportions démesurées…
    Au bord des larmes, Charlotte prit une profonde inspiration
et secoua la tête.
    — Non, je n’y crois pas. Si l’on suit ton raisonnement,
Alan Ross pourrait aussi être l’assassin. Il aurait eu de sérieux motifs, et il
lui aurait été plus facile de découvrir les infidélités de sa femme. Le
meurtrier peut être le mari de n’importe laquelle de ces dames. Il nous faut
davantage de preuves ! Lorsque nous les aurons réunies, nous pourrons
démontrer qu’il ne s’agit ni du général, ni d’Alan Ross. Qui d’autre fréquente
ce milieu interlope ?
    — Quantité de femmes que je croyais respectables. Je t’ai
déjà donné une dizaine de noms.
    — Alors retrouvons maris, pères, amants, que sais-je
encore, et vérifions leur emploi du temps au cours des nuits où les meurtres
ont été commis !
    — Cela relève plutôt du travail de Thomas, non ? remarqua
Emily.
    — Impossible. Je ne peux pas lui en parler. Le peu qu’il
sait de nos activités le rend déjà furieux ! Je ne te demande pas de
découvrir l’emploi du temps de chacun pour chaque nuit ; une seule suffira.
    — Comme tu es bonne de me faciliter la tâche ! ironisa
Emily. Simple bagatelle ! Et toi, que comptes-tu faire, pendant ce temps ?
    — Retourner voir le général Balantyne. Je prouverai son
innocence, et celle d’Alan Ross.
    — Charlotte… prends garde à toi !
    Celle-ci lui lança un regard noir.
    — Que crois-tu qu’ils vont me faire ? Au pis, ils
mentiront un peu. Ils ne peuvent me mettre au ban de la bonne société, puisque
je n’en fais plus partie. Toi, commence ta petite enquête. Si tu t’y prends
bien, tu parviendras à persuader George d’en faire au moins la moitié à ta
place. Au revoir !
     
    Charlotte arriva chez les Balantyne au milieu de l’après-midi,
heure propice aux visites, d’une part pour être sûre d’être reçue, mais aussi
parce qu’elle était à peu près certaine de le trouver seul. Lady Augusta serait
certainement sortie.
    Le valet lui ouvrit la porte et attendit, dans l’expectative.
    — Bonjour ! lança-t-elle d’un ton ferme.
    Elle devait absolument se souvenir qu’ici elle était connue
sous son nom de jeune fille. Elle avait failli s’annoncer comme étant Mrs. Pitt,
et sur son mensonge il lui faudrait bien s’expliquer un jour, mais pas aujourd’hui.
Le moment eût été mal choisi.
    S’il avait remarqué ses vêtements ordinaires, ses bottines
mouillées et éraflées à la pointe, le valet fit mine de n’avoir rien vu. Il l’accueillit
aimablement.
    — Bonjour, Miss Ellison. Madame s’est absentée, mais le
général et Miss Christina sont là.
    Il lui tint la porte, l’invitant à entrer. Charlotte s’exécuta,
en espérant qu’il attribuerait sa hâte au besoin de se protéger des rafales de
vent et de la neige qui tombait dru, plutôt qu’à une impatience inconvenante de
sa part.
    — Merci infiniment, dit-elle avec la plus grande
dignité. Je serais très heureuse de parler au général, si cela est possible.
    Elle avait déjà une explication toute prête.
    — Je viens lui rendre des lettres d’un soldat de la
guerre d’Espagne qu’il
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