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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre
Autoren: Anne Perry
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d’autres blessures. La
castration en elle-même n’avait pas provoqué le décès. Un homme victime d’une
telle agression aurait certainement cherché à se protéger, à étancher le sang
qui jaillissait de son corps. L’idée le rendit malade et il s’efforça de la
chasser de son esprit. Ignorant les sueurs froides qui trempaient sa chemise, il
poursuivit son inspection.
    L’homme n’avait pas une goutte de sang sur les mains. Ses
ongles étaient impeccables, détail extraordinaire pour quelqu’un fréquentant ce
quartier, et, qui plus est, ayant dormi dans la cour d’un abattoir !
    En continuant l’examen, Pitt découvrit une grande tache
sombre sous le corps, souillant le tissu de la veste : la blessure était
située près de la colonne vertébrale, au niveau du cœur. Il éleva sa lampe pour
observer les environs, mais ne vit aucune trace de sang sur les dalles. Il se
releva en soupirant et essuya machinalement ses mains sur son pantalon. Ensuite,
il étudia le visage.
    L’homme avait une mâchoire lourde, un nez épaté, le teint
encore vif, la bouche marquée de rides d’expression, des petits yeux ronds – les
traits d’un bon vivant. Corpulent, de taille plus petite que la moyenne, avec
des mains grassouillettes et très propres ; les cheveux bruns tiraient sur
le gris.
    Il portait un costume marron de laine épaisse, qui pochait
par endroits et plissait au niveau de l’estomac. Pitt remarqua quelques miettes
dans les plis du gilet. Il en prit une entre ses doigts et la porta à son nez :
du fromage. Du stilton, s’il ne se trompait pas, ou quelque chose comme ça. Les
habitants de Devil’s Acre ne mangeaient pas de stilton au dîner !
    Derrière lui, il entendit un bruit de pas étouffé. Il se
retourna pour voir le nouvel arrivant, heureux d’avoir enfin un peu de
compagnie.
    — Bonjour, Pitt. Qu’est-ce que vous nous avez dégoté, cette
fois ?
    C’était Meddows, le médecin légiste, un homme capable de
faire preuve d’une insupportable bonne humeur dans les moments les plus
inopportuns. Mais loin de paraître offensante, sa question apporta à Pitt une
saine bouffée de réconfort, au milieu de ce cauchemar. Meddows s’approcha de
lui et baissa les yeux vers le cadavre.
    — Nom de Dieu ! Le pauvre diable…
    — Poignardé dans le dos, expliqua Pitt.
    Meddows leva un sourcil et lui lança un regard oblique.
    — Ah ? Bien, je suppose que c’est déjà quelque
chose…
    Il s’accroupit, balança sa lanterne sourde de manière à bien
éclairer le corps et commença à l’examiner avec soin.
    — Inutile de regarder, remarqua-t-il sans tourner la
tête. S’il y a quelque chose d’intéressant, je vous le signalerai. Voyons… mutilation
plutôt rudimentaire – un couteau aiguisé, hop, on coupe, et voilà le travail !
    — Vous voulez dire que la personne qui a fait cela n’était
pas très habile ? s’enquit Pitt tout en regardant par-dessus la tête de
Meddows le reflet du soleil levant sur les fenêtres de l’abattoir.
    — En effet, soupira celui-ci. L’homme a agi sous l’emprise
d’une haine farouche.
    — L’œuvre d’un fou ?
    Le médecin fit la grimace.
    — Qui sait ? Retrouvez-le et je vous dirai ce que
j’en pense… Bon, qui est ce pauvre diable ? Avez-vous une petite idée ?
    Pitt n’avait même pas pensé à fouiller les vêtements du mort.
C’était pourtant la première chose qu’il aurait dû faire. Sans répondre, il se
pencha en avant et se mit à explorer les poches.
    Il y trouva tout ce à quoi il s’attendait, excepté de l’argent
– mais s’attendait-il vraiment à en trouver ? Une montre de gousset en or,
éraflée, mais en bon état de marche, et un trousseau de quatre clés. L’une
paraissait être celle d’un coffre-fort, deux autres des clés de porte d’entrée
et la dernière, celle d’un placard ou d’un tiroir, à en juger par sa taille ;
bref, tout ce qu’un homme d’âge moyen, d’un milieu relativement aisé pouvait
avoir dans ses poches. Pitt trouva également deux mouchoirs, sales, mais tissés
dans un coton égyptien aux ourlets finement roulottés, deux reçus ayant trait à
des dépenses de ménage et un troisième à une commande de douze bouteilles de
vin, du bourgogne d’un prix très élevé. Oui décidément, un bon vivant, amateur
de bonne chère.
    Le nom et l’adresse figuraient sur les reçus : Dr
Hubert Pinchin, 23, Lambert Gardens. Un quartier fort éloigné de
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