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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre
Autoren: Anne Perry
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cocher apparut à la portière.
    — Votre cliente est entrée là-dedans, dit-il en agitant
le bras.
    Balantyne poussa la portière d’un coup d’épaule et sauta au
sol, laissant Charlotte se débrouiller toute seule pour descendre.
    — Là-bas, reprit le cocher, avec un geste de la main. La
maison des sœurs Dalton. Je me demande bien ce qu’elle va y faire. Si son mari
est là-dedans, elle ferait mieux de fermer les yeux, au lieu de lui courir
après comme une folle. Ça se fait pas. Et ça tient pas debout ! Enfin, les
femmes, on peut jamais rien leur dire. Hé ! M’sieu ! Vous devriez
laisser la p’tite dame dans le cab ! Vous allez pas l’emmener avec vous !
C’est pas un endroit pour elle !
    Mais Balantyne ne l’écoutait pas. Déjà, il traversait à
grandes enjambées la chaussée scintillante et gravissait les marches du perron.
Les pas de Christina avaient laissé des empreintes dans la neige vierge.
    — Hé, Miss, s’écria le cocher. N’y allez pas !
    Mais c’était peine perdue. Charlotte courait après le général.
Le bas de sa robe traînait par terre, lourd et mouillé. Elle le rejoignit sur
le seuil. Personne ne barrait l’entrée. Ils soulevèrent le loquet et poussèrent
la porte ensemble.
    Ils se retrouvèrent dans le grand vestibule richement meublé,
aux tentures et aux sofas rouges et roses, éclairé de lanternes colorées. Il
était encore trop tôt pour que les filles soient descendues aguicher les
clients. Il n’y avait que Victoria Dalton, vêtue d’une tenue d’intérieur marron,
et sa sœur Mary, qui portait une robe bleue au corsage garni de dentelle. Christina,
debout devant elles, les menaçait avec le pistolet.
    — Vous êtes folles ! criait-elle d’une voix
étranglée.
    Ses mains tremblaient, mais elle pointait l’arme vers la
poitrine de Victoria.
    — Il ne vous suffisait pas de tuer Max, il a fallu que
vous le mutiliez, puis vous avez tué tous les autres ! Pourquoi ? Pourquoi
avez-vous tué les autres ? Je ne voulais pas ça ! Je ne vous ai
jamais demandé de le faire !
    Le visage de Victoria était curieusement dénué d’expression,
lisse comme celui d’une petite fille. En revanche, une haine brûlante luisait
dans ses yeux.
    — Si, à neuf ans, on vous avait vendue à un proxénète, vous
ne me poseriez pas la question. Vous vous prostituez pour le plaisir, vous
laissez des monstres comme Max user de votre corps. Mais si des hommes s’étaient
vautrés sur vous depuis votre plus tendre enfance, si, allongée sur votre lit, vous
aviez entendu à travers la cloison les hurlements de votre petite sœur de sept
ans violentée par ces bêtes en rut, haletantes et transpirantes, qui promènent
leurs mains obscènes sur les corps des petits enfants, vous aussi vous
prendriez du plaisir à leur enfoncer un couteau à travers le cœur et à leur
arracher les…
    Voyant les mains de Christina se crisper sur la crosse de l’arme,
dont le canon se releva, Charlotte se précipita en avant et lui donna un coup
de pied. Elle était trop loin pour atteindre le pistolet, mais elle parvint à
lui faire perdre l’équilibre ; l’arme tomba à terre, sans que le coup
partît.
    Il y eut un hurlement de fureur ; Charlotte sentit des
mains puissantes, telles des serres, cherchant à l’agripper. Elle tomba
lourdement, sur la cuisse, à moitié étouffée par l’épaisseur de ses jupes. Elle
se défendit bec et ongles, cherchant à attraper tout ce qui passait à sa portée.
Ses doigts rencontrèrent une chevelure qu’elle empoigna à pleines mains et qu’elle
tira de toutes ses forces. Il y eut un cri de douleur. Un autre corps atterrit
sur elle ; des bottines pointues s’enfoncèrent méchamment dans sa chair.
    Il y eut encore des cris. Christina poussa un juron. Charlotte
se retrouva clouée au sol, à demi suffoquée sous un amoncellement de tissu et
le poids d’autres corps. Son chignon se défit et elle sentit sa chevelure
glisser dans son dos et sur son visage. Une main l’empoigna par les cheveux et
les tira violemment. Malgré la douleur fulgurante, elle rendit les coups, poings
serrés. Mais où était donc passé le pistolet ?
    — Arrêtez !
    La voix de Balantyne retentit comme un coup de tonnerre, couvrant
le vacarme. Mais personne ne lui prêta attention.
    Christina, à quatre pattes, les traits déformés par la
fureur, hurlait des imprécations à l’adresse de Victoria. Mary, du revers de la
main, lui assena une gifle
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