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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare
Autoren: Jean Markale
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réalité. Et ce chemin initiatique
menait incontestablement à la forteresse de Montségur. Le problème était de
calquer l’histoire des Cathares sur le schéma ainsi dégagé. Montségur me
paraissait encore bien loin.
    Il y avait aussi d’autres signes, et parmi ces signes, l’un
me déroutait : c’était l’étrange ouvrage d’Otto Rahn, La Croisade contre le Graal . Ce n’est pas le contenu
du livre qui m’inquiétait : j’avais déjà lu sur les Celtes en général, et
sur le Graal en particulier, des élucubrations autrement plus invraisemblables
que les visions d’Otto Rahn, visions qui n’étaient d’ailleurs que la copie de
celles d’un personnage plus énigmatique, Antonin Gadal. Ce n’était pas non plus
le fait qu’un Allemand se fût intéressé au problème du Graal ou à celui des
Cathares : je ne savais rien de précis sur Otto Rahn, et les recherches
faites par Christian Bernadac à ce sujet n’avaient pas encore été publiées. Il
était par contre facile de comprendre que dans les années 1930, lors de la
montée du nazisme, des intellectuels allemands, non pas des dissidents, mais
des « officiels », donc agissant en accord avec l’idéologie
national-socialiste, cherchaient quelque chose dans les Pyrénées, chez les Cathares, et plus précisément à Montségur. Toujours
ce rapprochement Montségur-Montsalvage. Et je savais qu’Adolf Hitler avait
prévu de célébrer la victoire finale du III e  Reich
par une représentation exceptionnelle et grandiose du Parzival de Wagner. Je savais aussi que la naissance
du nazisme, en Allemagne, avait été entourée par d’étranges fées, des
associations plus ou moins secrètes et de tendances nettement occultistes, tel
le groupe dit de Thulé, qu’on qualifiait de « Polaires », et qui, toutes,
prétendaient à la restauration d’un ordre nordique aryen face au cosmopolitisme
méditerranéen et sémitique. J’avais parfaitement conscience que le Graal, celui de Wagner et de Wolfram von Eschenbach , mais
non pas le Graal celtique, pouvait avoir été un symbole de la pureté raciale :
l’ambiguïté du texte médiéval allemand permet les interprétations les plus
folles. Mais qu’en était-il des Cathares dans tout cela ? Le mot « cathare »
signifie « pur » : suivez mon regard…
    Dans ces circonstances, voyant que toute investigation du côté
des Cathares m’amènerait à envisager des hypothèses que je répugnais à faire, étant,
par profonde conviction, à l’extrême opposé de l’idéologie national-socialiste,
je décidai d’abandonner le chemin de Montségur. Je n’irais point dans les
Pyrénées, que je ne connaissais pas et qui ne m’attiraient pas. Je laisserais
les Cathares où ils étaient, et peu m’importait qu’on ait pu mettre le Graal en
relation avec eux. Mon Graal était ailleurs et je me faisais fort de le
démontrer, ne serait-ce que par une énigmatique gravure perdue sur un support
de granit à l’intérieur du tertre de Gavrinis, dans le golfe du Morbihan. Je ne
pouvais d’ailleurs guère cacher mon irritation chaque fois qu’on me parlait de
Montségur et du Graal, et j’entreprenais de savants discours pour démontrer l’incompatibilité
de la pensée dualiste des Cathares et du système moniste des Celtes. Les Cathares
n’étaient que des hérétiques, comme tant d’autres, qui n’avaient pas eu la
chance d’être protégés par des princes aussi puissants que ceux qui avaient
aidé Luther ou Calvin. Et Montségur n’était qu’une forteresse perchée sur un
sommet rocheux, comme il y en a tant en France, notamment dans les Pyrénées et
le Massif Central. En Bretagne, bien que les Bretons appellent leurs collines
des « montagnes », il n’y a pas de forteresses sur les sommets. Mais
il y a des sanctuaires, souvent de fort modestes chapelles. Ce sont elles qui
retinrent mon attention, et c’est dans leurs substructures que je retrouvais la
trace des druides. Et les druides, il faut bien le dire, me parlaient davantage
que les Parfaits.
    En 1978, je poursuivais une série d’émissions radiophoniques,
que j’avais intitulée « Petite anthologie des croyances populaires »,
et qui consistait à donner la parole aux derniers témoins de ces croyances
populaires à travers les diverses régions françaises. Je venais de terminer la
série sur la Bretagne en compagnie de mes vieux complices Pierre-Jakez Hélias
et Charles Le Quintrec, et j’avais
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