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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent
Autoren: Sue Harrison
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s'y tienne debout et y marche, suffisamment d'espace pour plusieurs ulas.
    « Ici, Waxtal, un lieu de prière pour un homme, dit la défense. Un lieu pour des jeûnes de vision, un lieu pour que les esprits te montrent comment tuer un homme qui doit être tué. »
    Alors Waxtal pagaya jusqu'à la pointe et tira son ikyak dans la neige. Puis il dégagea une place où s'asseoir, s'enveloppa dans des peaux de phoque à fourrure bien chaudes, s'installa et se mit à prier.
    Ses premières prières furent des malédictions à rencontre de Samig et des Premiers Hommes, de sa femme morte, Coquille Bleue, et de Kiin. Tandis qu'il priait, il se réjouit de son propre pouvoir, de la force qui avait conduit le morse aux Chasseurs de Baleines, de la vision qui avait attiré ces peuples avec lui jusqu'à la plage des Commerçants. Il fmit par s'endormir, ravi.
    Cette même nuit, Samig serra Kiin contre lui. Il éprouvait tant de joie que cela apaisait en partie sa peine d'avoir perdu Petit Couteau, il voyait chaque jour avec un nouvel espoir.
    — Ce sont de bonnes personnes qui sont venues à nous, chuchota Kiin.
    Samig pressa son visage dans la chevelure de Kiin.
    — Je te donnerai un autre fils, dit-elle. Il portera le nom de ton fils Chasseur de Baleines désormais dans les Lumières Dansantes. Un nom si fort nous sera bénéfique. Et tu me donneras une fille qui portera le nom de ma mère.
    Samig ne trouva pas de mots pour exprimer la joie de tant d'espérance. Il resserra alors son étreinte et laissa ses mains parler pour lui.
    Waxtal s'éveilla de son sommeil frigorifié et s'aperçut qu'il était assis dans l'eau. La nuit avait amené la marée haute, la pleine lune attirant la mer. Tandis que ses yeux suivaient le chemin tracé par le clair de lune, Waxtal vit son ikyak qui s'éloignait au milieu des vagues.
    Il appela son ikyak, ce frère qu'il avait façonné de ses mains, appela la défense qui portait les marques de son propre couteau, mais ils partirent sans lui. Puis, du fond de l'ikyak, monta la voix de la défense sculptée. Elle riait, riait !
    Waxtal appela jusqu'à ce que l'eau lui arrive aux épaules puis, au milieu des vagues, surgit un oiseau, un corbeau à la voix rauque et retentissante et, comme si le froid de l'eau lui faisait brusquement comprendre, il sut que l'oiseau poussait un cri de réjouissance. Joie du repas qui serait bientôt sien — le corps d'un homme, un foie frais, des yeux tendres.
    Waxtal balaya l'air de ses bras mais le corbeau patientait, volant en cercles. Des paroles de malédiction
    surgirent de la bouche de Waxtal qui cracha des mots noirs comme le sang. Il maudit toutes choses : hommes et animaux, eau et ciel, montagnes et herbe. Finalement, la mer l'engourdit et il fut réduit au silence.
    Les malédictions restèrent dans sa gorge, si pesantes qu'il ne pouvait plus respirer.
    Tante vint trouver Kukutux au milieu de la nuit, rampa jusqu'à la chambre que celle-ci partageait avec la femme Traqueur de Phoque Baie Rouge. Tante la secoua et la tira dans la pièce principale, au-dessus de la lampe où brûlaient encore plusieurs mèches.
    — Ton mari, il est mort, dit la vieille femme.
    Pendant un instant, Kukutux resta silencieuse. La
    vieillarde répéta les mêmes mots et Kukutux comprit enfin.
    — Waxtal, dit Tante, la mer l'a réclamé.
    — Je n'ai pas de larmes pour lui.
    — Il est des hommes ici qui te prendraient volontiers pour épouse — Renard Blanc ou encore Premier Flocon, un des chasseurs Premiers Hommes.
    — J'ai une lune de deuil, objecta Kukutux.
    La vieille femme haussa les épaules.
    — Une lune est vite passée.
    — Oui.
    Kukutux n'ajouta rien mais Tante attendait des questions.
    — Cet endroit est appelé la plage des Commerçants, remarqua enfin Kukutux.
    — Oui.
    — Tous les marchands y viennent-ils ?
    — La plupart.
    — Viennent-ils seulement au printemps, seulement en été ?
    — Non, Chasseur de Glace assure qu'ils arrivent parfois avant l'hiver, au moment où les hommes remplissent leurs réserves. C'est une période propice au troc.
    — Alors j'attendrai. Il y en a un qui pourrait venir...
    — Hibou.
    Kukutux en fut saisie de stupeur.
    — Tu le connais ?
    — Je le connaîtrai, dit la vieille femme avec un petit rire malicieux.
    — Bien.
    — Oui, c'est bien, approuva Tante avant de se pencher pour pincer les mèches et regagner sa couche.
    Dans l'obscurité, Kukutux grimpa dehors et s'assit dans le vent. Elle
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