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Mon Enfant De Berlin

Mon Enfant De Berlin

Titel: Mon Enfant De Berlin
Autoren: Anne Wiazemsky
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vous ?
    Et sans attendre la réponse à sa question :
    — Ne m’attendez pas pour le dîner, je vais être en retard. Et gardez les chiens : Rosen ne veut plus les voir dans nos bureaux.
    À nouveau seules, Claire et Rolanne demeurent un moment en silence comme pour se reposer, reprendre pied avec la réalité, la leur, qui n’a rien à voir avec celle d’Hilde dont il leur semble pourtant que la présence hante encore la pièce.
    — Brrr... J’espère qu’elle ne va pas porter la poisse à mon fils, murmure enfin Claire.
    Rolanne est choquée.
    — Oh, Claire !
    — Maintenant que je connais mieux son histoire, je suis convaincue qu’elle est pour quelque chose dans la disparition et le rançonnement de Vicouny. Et tu sais quoi ?
    Claire prend une pause et une mine des plus théâtrales :
    — Je ne lui en veux plus.

 
    Cette petite femme un peu forte qui s’affaire dans la cuisine attendrit Claire, lui donne envie de la protéger, elle ne sait pas vraiment contre quel danger, en prévision de quel malheur. Elle la sent faible, vulnérable. Qu’elle soit la mère de Wia ne cesse de la surprendre. Il n’y a aucune ressemblance entre son fringant mari et cette femme fatiguée, prématurément vieillie ; entre la personnalité extravertie de l’un et l’effacement volontaire de l’autre. Mais elle s’est presque aussitôt mise à l’aimer.
    Cela n’avait pourtant pas été simple, une semaine auparavant, quand Wia avait annoncé que sa mère arrivait pour quelques jours à Berlin, qu’elle logerait dans leur immeuble. Claire avait été choquée qu’il ne lui ait pas au préalable demandé son avis. Wia, de plus, savait déjà qu’il n’aurait pas le temps de s’occuper d’elle. « Comme ça vous ferez vraiment connaissance », avait-il décrété avec insouciance.
    L’hostilité boudeuse de Claire n’avait pas duré longtemps. Sa belle-mère si timide, si gentille avec tout le monde, n’avait eu de cesse de lui être agréable. Elle s’inquiétait de sa santé, de son sommeil ; évoquait avec amour la venue, maintenant proche, du bébé. Elle semblait s’oublier en permanence pour ne songer qu’aux autres. Jamais elle ne se plaignait, jamais elle n’évoquait son passé en Russie, les difficultés dans lesquelles elle se débattait depuis vingt ans, depuis l’exil. Pour Claire comme pour ses camarades, la « princesse Sophie » comme on la nommait affectueusement, était l’incarnation de la bonté.
    — Ne reste pas debout, Douchka , tu vas te fatiguer.
    Pour lui faire plaisir, Claire s’assied à la table de la cuisine. Sa belle-mère, très vite, lui a imposé un tutoiement auquel elle n’est pas en mesure de répondre mais qui ne la gêne pas.
    — Vous aurez besoin que je vous aide à faire votre valise ?
    — Dans ton état ?
    — Je vais bien et si Petrouchka était moins agité, j’irais très bien.
    Avant même qu’elle n’ait eu le temps de penser qu’elle avait soif, sa belle-mère lui sert une tasse de thé. Claire qui aime qu’on la gâte apprécie ce geste, l’invite à s’asseoir à ses côtés. Sophie accepte, contemple Claire en souriant et retire une de ses boucles d’oreilles, une lourde opale sertie de petites améthystes.
    — Non, dit Claire fermement.
    Depuis son arrivée, sa belle-mère n’a de cesse de lui offrir les quelques bijoux qui lui restent, qu’elle porte tous les jours et qui la font ressembler, selon le regard sévère de Wia, à un arbre de Noël. Claire a remarqué qu’il était souvent trop critique à son égard. Comment pouvait-il être aussi admiratif avec elle, Claire, et si peu bienveillant, parfois, avec les autres ?
    Mistou les rejoint dans la cuisine, ébouriffée, débordante de joie.
    — J’ai obtenu une permission pour aller à Paris. Je prends le même train que vous, princesse Sophie. On fera un voyage merveilleux, partout c’est le printemps !
    — Mistou s’est fiancée, explique Claire à l’intention de sa belle-mère.
     
    Une foule dense se presse sur le quai de la gare tandis que Wia, monté dans le wagon où les deux femmes ont leurs places réservées, aide sa mère et Mistou à s’installer. Comme toujours le train pour Paris est bondé, beaucoup de voyageurs devront demeurer debout.
    Claire, restée sur le quai, bousculée par la foule, a hâte que son mari revienne et qu’il la raccompagne chez eux. De se savoir si proche de l’accouchement la fatigue, l’inquiète. Il lui
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