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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore
Autoren: Jean-Pierre Charland
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toutes les entreprises avaient débauché de nombreux employés. La production reprenait lentement depuis.
    Pendant le reste du repas, la conversation porta sur différents sujets. Alors que les femmes desservaient, Mathieu declara à la ronde:
    — Je dois y aller tout de suite, le trajet ne sera pas facile.
    — Les routes ne sont pas ouvertes en cette saison, remarqua Paul. Tu es certain de pouvoir te rendre là-bas sans encombre?
    - Dans les environs de la ville, la circulation demeure possible, à cause des livraisons en camion. Je ne me risquerai pas plus loin que L’Ancienne-Lorette, cependant.
    Les deux hommes se serrèrent la main, puis Mathieu distribua des bises à toutes les femmes présentes. Quelques minutes plus tard, devant l’évier rempli de vaisselle sale, Thalie remarqua, ironique:
    — Nous avons dorloté mon adorable frère, maintenant tante Elisabeth fait la même chose.
    — Voyons, dit la mère, elle doit être heureuse de le voir s’assurer du bon fonctionnement de sa belle mécanique.
    — Oui, bien sûr... répondit la jeune fille dans un ricanement.
    Elle attendit que Françoise s’absente de la cuisine pour dire un ton plus bas :
    — Avec Flavie, est-ce sérieux ?
    — Ils se voient toutes les semaines. Mais il ne m’a pas fait de confidences.
    Le retour de sa belle-fille dans la pièce amena la maîtresse de la maison à changer de sujet.

    *****
    — Assure-toi d’être bien habillée, insista Mathieu. Dans cette petite boîte, il fait aussi froid que debout au coin d’une rue. — Tu es certain que nous faisons bien ? demanda Flavie en enfonçant son bonnet en laine bas sur ses oreilles.
    — Oh ! Nous nous rendrons à destination, mais ce sera froid.
    La jeune fille soupesa le constat, et enfila des mitaines par-dessus ses gants. Puis, plié en deux, l’homme s’esquinta sur la manivelle afin de convaincre le moteur de redémarrer.
    Il hoqueta avant de faire entendre un ronronnement à peu près régulier.
    L’inquiétude de Paul Dubuc paraissait fondée. L’usage de dégager les rues des villes, à cause de la multiplication des véhicules
    à
    moteur,
    s’imposait
    lentement.
    Dans
    les campagnes, les cultivateurs se contentaient de passer un lourd rouleau sur la neige, afin d’obtenir une surface suffisamment
    durcie
    pour
    supporter
    le
    poids
    d’un
    traîneau.
    Nous voilà partis, dit Mathieu en prenant place derrière le volant.
    -Tu es certain d’en avoir envie ?
    L'homme se tourna vers sa compagne, effleura son genou, retira tout de suite sa main de crainte de se mériter des paroles réprobatrices.
    — Ce ne sera pas la première fois.
    Je ne pense pas que tu y aies pris un grand plaisir, justement.
    La fille de charpentier s’inquiétait de la pente abrupte entre la haute et la basse ville. Et les auteurs de ses jours ne jouissaient même pas de l’insigne honneur de vivre au pied du cap Diamant.
    Ils se trouvaient dans un village assez éloigné.
    — Ce sont tes parents. Je ne peux pas te voir deux fois par semaine et me couper d’eux, comme toi des miens.
    Les choses ne semblaient pas si simples à Flavie, mais elle préféra demeurer coite.
    La petite Chevrolet progressa sans trop de mal dans les rues de la ville. Une fois dans la plaine, les choses se gâtèrent un peu. Le froid mordant des dernières semaines limitait l’accumulation de neige, mais un vent du nord soulevait une line poudrerie. Mathieu avait raison, la petite capote en cuir ne protégeait guère des intempéries.
    Après plus d’une heure, la voiture s’arrêta devant une maison sise à quelques centaines de pieds de l’église de l’Ancienne-Lorette. Flavie arriva la première devant la porte de la maison paternelle. Plus tard, les visiteurs se trouvèrent assis dans une grande cuisine, chacun sur une chaise pas très éloignée du poêle.
    Tu aurais pu garder tes bottes, chuchota la jeune fille.
    — Et salir le beau plancher de ta mère ?
    Les jambes croisées, l’un de ses pieds tendu vers le poêle, il agitait ses orteils pour les réchauffer un peu.
    — Au moins, il n’y a pas de trous dans mes bas, souffla-t-il un ton plus bas.
    L’arrivée du maître de la maison, Androinus Poitras, le ramena à plus de sérieux.
    — Tu veux quelque chose à fumer ? demanda l’homme en tendant une blague à tabac faite d’une vessie de porc.
    — Non merci, monsieur.
    — Tu es sans défaut.
    — Non ! Mais je n’ai pas celui-là.
    L’autre, debout à deux pas, un colosse,
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