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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska
Autoren: Anne Muratori-Philip
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Peut-être l’a-t-on trouvée trop jeune pour supporter le poids de l’étiquette et la longueur des cérémonies ? Argument fallacieux, car la pompe royale de la cour d’Espagne est bien plus contraignante que celle de France et les infantes y sont initiées dès leur plus jeune âge.
    Marie-Anne-Victoire brille encore par son absence, le 22 février 1723, lors de la proclamation de la majorité du roi en lit de justice, au parlement de Paris. Né le 15 février 1710, Louis XV est entré dans sa quatorzième année le 16 février ; il est donc majeur selon la loi du royaume, dictée par Charles V.
    Exit le Conseil de régence ! Le roi, entré dans le monde des adultes, prend sa première décision en annonçant que le Régent présidera avec lui tous les Conseils. Et il confirme le cardinal Dubois à la tête des affaires du royaume. Hélas, le malheureux ne pourra savourer longtemps sa victoire : vaincu par le diabète et une infection urinaire, il meurt à la tâche le 10 août 1723, pendant la colère d’un orage qui s’abat sur Versailles. Louis XV, qui ne l’aimait guère, se contentera de murmurer : « J’en suis fâché. »
    À la demande de son neveu, le duc d’Orléans
prend la succession du cardinal et prête serment dès le lendemain. Dans l’histoire de la monarchie française, aucun petit-fils de France n’a jamais assumé ces fonctions. Louis XV a peut-être choisi la facilité, mais cette décision ne peut qu’être bénéfique pour le royaume.
    Nouveau coup du sort : quatre mois plus tard, le 2 décembre à Versailles, le duc d’Orléans
rend son dernier soupir, victime d’une attaque d’apoplexie dans les bras de la duchesse de Falari. Il avait quarante-neuf ans. En apprenant la nouvelle, Louis XV pleure à grosses larmes. Il vient de perdre le dernier maillon qui le reliait à ses aïeux.
    Il faut renvoyer l’infante !
    Son chagrin n’embarrasse pas le duc de Bourbon qui profite de la situation pour réclamer la succession du défunt. Déstabilisé, le roi acquiesce sans vraiment réfléchir. Fort de sa haute noblesse, Louis Henry de Bourbon-Condé, duc de Bourbon, dit « Monsieur le Duc » à la cour, reçoit une charge pour laquelle il n’est nullement qualifié. Âgé de trente et un ans, laid, borgne, boiteux, perché sur des jambes de héron, ce prince au caractère inconstant est un homme brutal, de peu de valeur et de peu d’esprit. Il brille surtout dans les parties de chasse et devant les tables de jeu. Veuf depuis trois ans, il a pour maîtresse Agnès Berthelot de Pléneuf, marquise de Prie, fille d’un riche munitionnaire aux armées. Ravissante, intelligente et pleine d’esprit, la jeune femme excelle dans le pouvoir de séduction. Ambitieuse pour deux, elle mène le duc de Bourbon par le bout du nez. Quant au marquis de Prie, il joue le cocu consentant…
    Le culot de Monsieur le Duc, qui vient annoncer la mort du duc d’Orléans
et réclamer sa succession, a pris de court le roi et Fleury. Pour seule parade, ce dernier a l’idée de suggérer à Louis XV de ne jamais travailler avec Monsieur le Duc en son absence. Ainsi, pendant toute la durée de son ministère, Bourbon va supporter la présence constante de Fleury. Souvent dépassé par la complexité de certaines affaires, il va même les lui confier.
    Lorsque la nouvelle de la mort du régent parvient à Madrid, Philippe V s’inquiète de l’avenir des liens tissés avec son cousin. A-t-il joué la mauvaise carte ? Que va-t-il advenir de sa fille, la petite infante qui n’a pas encore l’âge d’épouser Louis XV ? Ce n’est qu’une fillette, même si du haut de ses six ans, parée comme une reine, elle prend la pose d’une femme adulte dans les portraits officiels. Quant aux filles du Régent, Mademoiselle de Montpensier, épouse du prince des Asturies et sa soeur cadette, Mademoiselle de Beaujolais, petite fiancée de l’infant don Carlos, qui vient d’arriver à Madrid, elles ont perdu tout intérêt. Pire : leur présence à la cour d’Espagne risque de compliquer les relations avec la France, sachant que le duc de Bourbon déteste la branche des Orléans.
    À Versailles, cette aversion pourrit chaque minute de l’existence de Monsieur le Duc : si le roi vient à mourir sans postérité, son héritier sera le duc d’Orléans
, fils du défunt Régent ! Mais le duc de Bourbon ne supportera jamais d’être placé sous l’autorité d’un Orléans
.
    À Madrid,
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