Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan
Autoren: Michel de Decker
Vom Netzwerk:
Mesmes, Gabrielle s’était unie au marquis de Thianges. L’année 1663 serait donc celle du mariage d’Athénaïs avec Louis Henry de Pardaillan de Gondrin, fils du gouverneur du Roi en Bigorre, marquis de Montespan et Antin.
    Et, puisque les deux petites dernières, Marie-Christine et Marie-Madeleine, se destinaient au voile et que l’épouse qu’il aimait beaucoup – mais trompait plus encore – se confondait de plus en plus souvent en dévotion, M. de Rochechouart-Mortemart, loin des soucis familiaux, allait pouvoir se consacrer sans réserve à la délicieuse Tambonneau avec laquelle il célébrait la dixième année de liaison. Si Mme de Mortemart s’attardait à Lussac-lez-Château, les « cinq à sept » trois ou quatre fois par semaine se déroulaient en l’hôtel du marquis. Si elle était à Paris – où ses fonctions au Louvre l’attiraient – nos amants se retrouvaient à Chaillot dans une petite maison tapissée de vigne vierge. Et, pour en croire Maurice Rat qui s’est plu à se pencher sur ces amours, « M. de Mortemart servait à sa maîtresse de copieuses collations où un vin doré d’Alicante versé en des verres roses s’accompagnait de massepains et de friandises, voire, l’été, de belles grappes de raisin muscat, de pêches duveteuses et de figues violettes où Mme Tambonneau retrouvait sa Provence... ».
    Et qu’importait si de méchants couplets circulaient à la cour, qui disaient en substance :
    Mortemart et la présidente
Jouent à colin-tampon,
Tambonneau.
Ah ! Vraiment, qu’elle est élégante
Et qu’il est bon, bon, bon,
Tambonneau !
    Il est vrai qu’il était bon, le président Tambonneau trompé. Il était bon pourvu qu’on ne fût pas ingrat. Il fermait les yeux à condition qu’on lui tendît la main. Et il n’ignorait pas que la main de Mortemart pouvait lui être d’un précieux secours. N’allons pas cependant jusqu’à lui donner quelque vilain nom de poisson car, s’il agissait ainsi, s’il comptait sur l’influent Mortemart pour lui faire obtenir de l’avancement ou des gratifications, c’était pour que son épouse en profitât. Car elle était effrénée dans ses dépenses. Sans doute, songeait le président aux comptes, sans doute le marquis lui ferait-il la grâce d’intercéder auprès de Colbert... puisqu’il lui cédait gracieusement sa femme !
    Mais la partie, pour Mortemart, n’était pas jouée à l’avance. Le froid Colbert n’aimait pas être importuné par ce genre de sollicitation. Il était, en règle générale, étranger à toutes ces intrigues. En bref, on ne pouvait compter sur lui pour être « pistonné ». Et il commença par le faire comprendre au marquis : en termes élégants, certes, mais clairs.
    — M. Tambonneau est encore bien jeune pour recevoir dès maintenant un haut prix de ses services, mais je ne saurais lui reprocher sa jeunesse car elle est apparemment cause que j’ai la bonne fortune de vous voir.
    Une fin de non-recevoir, en quelque sorte.
    À cet instant le marquis dut blêmir. Mais, psychologue et rusé, le ministre se reprit et poursuivit :
    — Je n’ignore pas que M. Tambonneau a épousé une personne qu’on m’assure être charmante et je sais aussi qu’il a été, dans des circonstances difficiles, l’un des bons serviteurs de Son Éminence (allusion à la Fronde où il avait été du côté de Mazarin). Le mieux, M. le marquis, n’est-il pas que j’écrive de votre part à M. le cardinal pour lui dire que Tambonneau nous est fort dévoué... et qu’il sied de reconnaître ses singuliers services par l’octroi de bonnes paroles couchées sur le papier et que nous puissions, l’un et l’autre, montrer au président ? Ainsi, vous aurez fait quelque chose, et moi aussi. Quelque chose qui n’engage à rien, mais dont vous pourrez vous prévaloir auprès de Mme Tambonneau et auprès de son mari.
    Ce qui fut dit fut fait. L’honneur était sauf.
    Et tant pis si Mazarin mourut sans avoir pris le temps de lever le petit doigt pour Tambonneau, Mortemart avait fait au mieux, et surtout, il se sentait la conscience beaucoup plus tranquille lorsqu’il retrouvait sa présidente, à l’ombre des vignes vierges de la maison de Chaillot.
    Dimanche 28 janvier 1663 : Athénaïs n’est plus demoiselle de Tonnay-Charente. Elle est devenue, ce jour-là, marquise de Montespan.
    1663 : c’est l’année où le Canada devient possession directe de la couronne, l’année où
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher