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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan
Autoren: Michel de Decker
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d’Angleterre, fraîchement mariée à Philippe, alias Monsieur, frère du Roi.
    C’était l’époque des mariages. Le 31 mars 1661, en la chapelle du Palais-Royal, Monsieur avait donc épousé Henriette, Anne d’Angleterre, orpheline du roi Charles I er renversé par Cromwell et décapité. Henriette, petite-fille d’Henri IV : un bout de femme de dix-sept ans à peine, un peu voûtée et trop fluette, mais dont « les yeux chauds et brillants étaient pleins de ce feu contagieux que les hommes ne savaient fixement observer sans en ressentir l’effet ». Monsieur, hélas !, y fut totalement insensible. Il est vrai, observe Mme de La Fayette, que « le miracle d’enflammer le coeur du frère du Roi n’était réservé à aucune femme du monde ». Le duc d’Orléans était aussi... prince des invertis !
    Louis XIV, lui-même, n’échappa point au charme d’Henriette, sa belle-soeur et cousine germaine et ils vécurent tous deux quelque temps « d’une manière qui ne laissait à douter à personne qu’il n’y eut entre eux plus que de l’amitié ».
    Il avait pourtant commencé par la dédaigner : elle était maigre et brune, il aimait les blondes un peu grasses. On connaît ce mot féroce qu’il eut alors à l’adresse de son frère :
    — Êtes-vous donc si pressé d’épouser les os des Saints Innocents ?
    L’époque des mariages : le Roi venait, lui aussi, le 9 juin 1660, à Saint-Jean-de-Luz, de s’unir à l’infante Marie-Thérèse, « petite femme blonde, joufflue, au nez charnu, à la bouche molle, dont les yeux bleus tout ronds s’ouvraient avec ébahissement sur le monde ». Une petite femme qui témoigna toute sa vie de la plus solide vertu... et d’une grande sottise, une petite femme au service de laquelle passera bientôt Athénaïs de Tonnay-Charente devenue Mme de Montespan.
    Athénaïs, que l’on retrouve au Louvre, un soir du froid hiver de l’an 1662, alors que l’on dansait le dernier ballet opéra dont le livret était composé par Isaac de Benserade : Les Amours d’Hercule. Hercule, bien entendu, c’est le Roi. Benserade n’est-il pas son poète officiel ? Il a d’ailleurs aussi taillé aux mesures de son maître les rôles de Mars et du Soleil. Quant à Monsieur, il a choisi d’interpréter celui d’Hymen ! Un rôle de composition pour le moins saugrenu ! Ce soir-là, la cavalière du Soleil a nom Athénaïs : « la blonde Athénaïs, s’émeut le duc de Noailles, aux yeux bleus ravissants, avec des sourcils plus foncés unissant la vivacité à la langueur, au teint d’une blancheur éblouissante... une de ces figures qui éclairent les lieux où elles paraissent ».
    Elle illumina donc le ballet d’Hercule amoureux... mais Hercule, ce soir-là, n’avait d’yeux que pour Louise de La Vallière. Et il ne la « vit pas »... du moins ne le montra-t-il pas !
    Le duc de Noirmoutier, en revanche, lui, un La Trémoille, la remarqua et le lui fit savoir. Avec empressement. Il lui déclara sa flamme, sur-le-champ, et lui demanda sa main. À croire Mme de La Fayette, Athénaïs, trouvant le galant à son goût, lui aurait alors donné plus que des espoirs.
    Désespoir ! Le destin allait s’opposer à ce projet. Un soir de bal. Un bal donné, le 20 janvier 1662, au Palais-Royal qu’on achevait alors de meubler pour Monsieur et Henriette. Un bal mouvementé s’il en fut : le prince de Chalais – Adrien-Biaise de Talleyrand, beau-frère de Noirmoutier – se prit de querelle avec un gentilhomme répondant au nom de La Frette. Un soufflet, deux soufflets... un duel. Prévu pour le lendemain à l’aube ; à disputer dans le clos d’une chartreuse du faubourg Saint-Germain. Un duel, malgré les édits royaux qui interdisaient – depuis 1651 –, sous peine de mort, cette façon sanglante de laver l’honneur.
    Au côté de Chalais, Noirmoutier, le promis d’Athénaïs, le marquis d’Antin et le marquis de Flamarens. Dans le camp de La Frette, figuraient Argencourt, le chevalier de Saint-Aignan et le frère cadet de l’offensé. Le combat allait être rude. Pas question de le cesser au premier sang ! Résultat, Antin fut transpercé net par Saint-Aignan ! Restait aux sept duellistes survivants, indemnes ou estafiladés – Noirmoutier lui-même fut sévèrement touché ! –, à prendre la poudre d’escampette s’ils ne voulaient pas subir la sentence du parlement : une sentence de mort, on l’a vu, et qui fut d’ailleurs
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