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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan
Autoren: Michel de Decker
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de Trichâteau que Mme Tambonneau, ses yeux verts brillant à nouveau, oubliait le défunt au creux des bras du marquis. Certes, Mortemart était déjà un peu grison, il comptait vingt ans de plus que Trichâteau, mais n’était-ce pas vingt années d’expérience ? Une expérience qui avait fait de lui un beau parleur, un marquis plaisant, varié, une expérience qui l’avait rendu habile « à combiner les jeux du demi-jour ».
    Et pendant ce temps, Athénaïs, qui avait été enlevée aux grasses nourrices du château de Lussac – la Troubat, la Gailledrat ou la Nono –, grandissait à Saintes chez les Dames du couvent de Sainte-Marie. À quel âge avait-elle quitté la maison familiale de Lussac pour aller compléter son éducation à l’ombre des cornettes de Saintes {6}  ? Nous manquons d’éléments pour pouvoir le dire avec certitude. Gageons cependant que la coupure d’avec Lussac dut se produire aux environs de l’an 1650, c’est-à-dire alors qu’Athénaïs était dans sa dixième année. C’était la tradition. Une grande majorité des parents avait adopté ce système éducatif, après avoir constaté sans doute qu’il était moins coûteux de payer la pension d’une abbaye que les services d’un précepteur. Une fois mise au couvent, une jeune fille ne revoyait que très rarement père et mère. Sa vertu étant en théorie protégée, il lui suffisait d’attendre l’âge de prendre époux. Lorsqu’il arrivait que nul prétendant ne se présentât à la porte du monastère, ou si elle avait pris goût au cloître, elle devait ou pouvait prendre le voile. C’est ce qui arrivera, d’ailleurs, aux deux plus jeunes soeurs d’Athénaïs. Si l’on en sortait, en sortait-on très cultivé ? Non. On était élevé plutôt qu’instruit. L’éducation conventuelle était plus mondaine que profonde. Il est vrai qu’à cette époque l’orthographe ne connaissait encore que des règles assez floues – bien que Malherbe et Vaugelas fussent venus ! –, qu’elle était encore approximative, ce qu’elle a tendance à redevenir aujourd’hui, mais il n’y a plus que les puristes rétrogrades pour s’en offusquer ! On apprenait donc une orthographe aussi pleine de fantaisie que de candeur, on apprenait... l’orthographe du coeur. Un exemple ? Parcourons seulement ce billet (collection Bovet et Rochambeau) sans date, sans destinataire connu, mais qu’Athénaïs rédigea elle-même et qu’elle signa de sa main : l’écriture en est désordonnée, grande et fine, inégale et assez peu lisible. « Nous prenons la liberté de vous présenter ces petites étrennes qui acompagnent les souhaits que nous faisons pour vôtre prospérité et santé ; que Dieu augmente vôtre courage, qu’il conserve vôtre bonne humeur, qu’il maintienne la fraicheur de votre teint, qu’il rende vos eaux purgatives, les sueurs abondantes, les fraises rafraichissantes et les pois plus aisés à digérer... »
    Aujourd’hui, elle échouerait donc au certificat d’études ! Mais ne l’accablons pas pourtant car, après avoir parcouru la correspondance de quelques grands de ce siècle, on s’aperçoit qu’Athénaïs soutient fort honorablement la comparaison !
    Si le couvent ne lui donna pas la plume d’une Sévigné, il n’altéra en rien sa beauté. Car à dix-huit ans, quand elle quitta Saintes – sous le nom de Mlle de Tonnay-Charente {7} –, elle était... angélique. Tous ses contemporains s’accordent sur ce terme. Observons, par exemple, ce portrait que nous brosse Primi Visconti, une sorte de mage-astrologue-psychologue-graphologue qui était alors en odeur de sainteté au Louvre : « Blonde, de grands yeux bleus, un nez aquilin, mais bien fait, la bouche petite et vermeille, de très belles dents, un visage parfait, un corps de taille moyenne, mais de proportions accomplies. Son teint d’une merveilleuse blancheur la rendait rayonnante entre toutes. » Et, ajoutait-il, « son plus grand charme était une grâce, un esprit et certaine manière de tourner la plaisanterie ». Ce n’est pas après avoir deviné Athénaïs au fond de sa boule de cristal que Primi Visconti s’exalte ainsi, c’est tout simplement pour l’avoir rencontrée à la cour. Car elle est arrivée. Elle est dans la place ! Elle a été choisie, à la prière de sa mère, par la reine Anne d’Autriche, pour être attachée en qualité de demoiselle d’honneur {8} à Madame, la petite Henriette
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