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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan
Autoren: Michel de Decker
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    Son père était un peu paillard, sa mère un peu dévote.
    Un soir qu’il rentrait plus tard qu’à son ordinaire, sa femme qui l’attendait lui dit :
    D’où venez-vous ? Passerez-vous ainsi votre vie avec des diables ?
    À quoi M. de Mortemart répondit, avec l’esprit qui caractérisait sa dynastie et que louèrent Saint-Simon et Voltaire :
    Je ne sais d’où je viens, mais je sais que mes diables sont de meilleure humeur que votre bon ange !
    Cette scène de ménage qui nous est rapportée par l’indiscrète Mme de Caylus laisserait donc accroire que le commerce avec le diable était déjà pratiqué chez les Mortemart bien avant que la plus célèbre représentante de la famille ne soit éclaboussée par les poisons et noircie par les messes démoniaques.
    Il convient pourtant de se méfier des propos de Mme de Caylus, nièce à la mode de Bretagne de Mme de Maintenon et donc d’une objectivité relative. En réalité, le diable de M. de Mortemart était une diablesse : au teint d’ambre, à la chevelure longue et brune, aux yeux vert des mers du sud, elle était l’épouse d’un haut magistrat parisien, le président Tambonneau ; elle passait pour une des plus jolies femmes de son temps.
    Ce qui n’empêchait pas Gabriel de Rochechouart, marquis de Lussac et Vivonne, seigneur marquis de Mortemart et prince de Tonnay-Charente, d’aimer tendrement Diane de Grandseigne {1} son épouse. Ce qui ne l’empêcha pas de lui donner une belle nichée d’enfants. À commencer par un gros fils, Louis, né en 1636, qui deviendra duc de Vivonne, maréchal de France et sera même un temps vice-roi de Sicile, à suivre par une fille, Gabrielle, future marquise de Thianges ; par une autre fille, Françoise, demoiselle de Tonnay-Charente, que l’on saura un jour sous le nom d’Athénaïs de Montespan ; et par deux filles encore : Marie-Christine, qui n’aura pas d’histoire, et Marie-Madeleine, la benjamine, née en 1644, qui, devenue grande, présidera aux destinées de l’abbaye de Fontevrault.
    Mortemart, du nom d’un bourg situé à trois lieues de Bellac, Rochechouart, Lussac, Vivonne... autant de petites villes qui peuvent s’inscrire dans un triangle tracé entre Poitiers, Angoulême et Limoges, autant de noms qui fleurent bon le Poitou, la Saintonge et la Marche limousine, une douce région du royaume dans laquelle « on ne vit jamais de la noblesse si bien faite, des dames si civiles, des bourgeois si obligeants et d’où venaient les plus agréables airs et les plus jolis menuets... ».
    Mortemart : un nom prestigieux. Une grande histoire. Que l’on en juge ! En 1094, sous le règne de Philippe I er , on trouve déjà trace d’un seigneur « Abbon Ratier, du château de Mortemart ». Mais ce n’est qu’aux premières lueurs du XIII e siècle que la seigneurie de Mortemart passera aux mains des vicomtes de Rochechouart, avec l’union d’Aimery VII, vicomte de Rochechouart, et d’Alix de Mortemart. 1205 : l’origine d’une des plus nobles familles du royaume, une souche qui produira une belle légion de seigneurs qui connaîtront la guerre des Flandres, les affrontements de Crécy, de Poitiers, d’Azincourt, qui assisteront au passage du Rhin, sous Louis XIV, qui brilleront à la bataille de Dettingen...
    Donc, « le vendredi cinquième jour d’octobre mil six cent quarante {2}  » naissait et était baptisée Françoise de Rochechouart à Lussac en Poitou, aujourd’hui Lussac-les-Châteaux. Un toponyme qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre. Car on pourrait croire, en effet, qu’il existait plusieurs châteaux en la ville. Or, en vieux françois, les grimoires font mention de Lussac-lez-Château. Lez étant une préposition désuète signifiant à côté. Il s’agit donc tout simplement de Lussac près du château.
    Et quel château ! Une des plus importantes demeures des Mortemart. Une ancienne forteresse médiévale, aménagée sans doute au fil des siècles, mais dont il ne reste rien aujourd’hui que les antiques piles carrées d’un gigantesque pont-levis qui, à l’est, enjambait un long étang. Cette forteresse fut probablement fort appréciée durant la guerre de Cent Ans qui fit parfois rage à Lussac. C’est à deux pas de là, par exemple, que périt John Chandos, ce connétable du Prince de Galles qui était parvenu à capturer son homologue Du Guesclin à Auray. Lequel Du Guesclin, en 1372, s’empara dudit château de
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