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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel
Autoren: Sue Harrison
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vivre ici ou que je retourne dans l'île de Shuganan, tu auras toujours un petit-fils. De toute façon, il te connaîtra et tu le connaîtras.
    Nombreuses Baleines inclina la tête et Chagak se dirigea vers Kayugh. Il leva les yeux et elle y lut le chagrin.
    — Oiseau Gris m'a appris que tu étais blessé, dit-elle en faisant un geste, mais elle s'arrêta avant de le toucher.
    Kayugh lui saisit la main.
    — Je suis blessé à l'épaule, répondit-il, seuls les muscles sont touchés.
    Chagak retira sa main et la posa sur le front et le cou de Kayugh. Sa peau était fraîche, aucun mauvais esprit n'était venu aggraver sa blessure.
    Kayugh lui reprit la main, mais Chagak se tourna vers Shuganan, pâle et immobile sur son matelas.
    — Est-il mort? chuchota-t-elle d'une voix tremblante.
    Mais Shuganan ouvrit lentement les yeux.
    — Je ne serais pas parti avant de te dire au revoir, dit-il d'une voix douce et essoufflée. Il y a un autre homme qui te recherche... un ennemi...
    Shuganan essaya de lever la tête, cligna des paupières et referma les yeux. Chagak se laissa tomber sur les genoux à côté de lui.
    — Ne t'inquiète pas, grand-père, dit-elle. Oiseau Gris ne nous fera pas de mal. Il a peur. De toi et de moi.
    Elle plaça sa main dans la sienne et le sentit se détendre.
    — Ton grand-père a tué deux Petits Hommes, dit Kayugh.
    Mais Chagak ne l'entendit pas. Elle se pencha sur Shuganan. Soudain son courage et sa force l'avaient abandonnée :
    — Grand-père, grand-père, que deviendrai-je si tu me quittes ? Pour qui ferai-je la cuisine ? Quel parka devrai-je réparer ? Dis aux esprits que tu as besoin de guérir. Dis-leur que tu as une fille qui a besoin de toi.
    — Non, Chagak. Je suis vieux. Mon temps est venu de partir.
    Il fit une pause, ouvrit les yeux et lui sourit :
    — Tu m'as apporté de la joie et une partie de moi voudrait rester avec toi, mais je dois partir. Tu as un fils à élever et il a besoin d'un père. Ton mari, Traqueur de Phoques, voudrait que son fils ait un père. Kayugh sera un bon père pour Samig.
    — Non, dit Chagak, ne me demande pas d'être une épouse. Comment pourrais-je supporter le chagrin si mon mari meurt ? J'ai supporté trop de morts.
    — Le chagrin de ma mort est-il plus grand que les joies que nous avons partagées? demanda Shuganan. Quand tu te rappelles ton père et ta mère, Traqueur de Phoques et Pup, te sou-viens-tu de leur mort ou bien de ce que vous avez partagé dans la vie ?
    Et comme si la question de Shuganan lui apportait une réponse, Chagak soupira :
    — Je me souviens de notre vie ensemble.
    Shuganan sourit et referma les yeux. Dans le
    silence de l'ulaq, Chagak surveilla le rythme de sa respiration qui devenait de plus en plus courte, mais le vieil homme ouvrit encore les yeux :
    — Au début, quand je fermais les yeux, il n'y avait que l'obscurité ou des rêves. Maintenant il y a de la lumière. Accroche-toi à la vie, Chagak, et ne crains pas la mort.
    Puis ses yeux s'obscurcirent et la lumière de l'esprit ne brilla plus. Chagak retint ses larmes. Pendant un moment elle souhaita pouvoir partir avec Shuganan, pouvoir connaître la liberté de la mort. Mais au même moment, elle sentit Samig remuer sous son suk et la loutre murmura : « Beaucoup de personnes ont besoin de toi ici. Choisirais-tu de quitter Samig, Amgigh ou même Kayugh ? »
    Espérant que l'esprit de Shuganan pouvait encore l'entendre, Chagak dit à Kayugh :
    — Si tu acceptes d'élever Samig comme ton propre fils, je serai ta femme.
    Ils restèrent avec les Chasseurs de Baleines pendant les funérailles et les cérémonies mortuaires et traversèrent ensemble ces jours de deuil. Nombreuses Baleines offrit à Shuganan une place d'honneur dans son ulaq des morts, mais Kayugh le surveilla avec attention et lut le désir dans ses yeux quand il regardait le fils de Chagak.
    Beaucoup de Chasseurs de Baleines désiraient avoir Chagak pour femme. Kayugh entendit deux hommes offrir une dot à Nombreuses Baleines et son cœur s'inquiéta. Après des mois de voyage qu'avait-il à offrir à Nombreuses Baleines pour sa petite-fille? Il ne possédait pas de peaux de phoque, pas de graisse de baleine. Un Chasseur de Baleines pouvait offrir le prix d'une épouse et Nombreuses Baleines aurait son petit-fils élevé dans son propre village, peut-être même dans son propre ulaq. Quel espoir restait-il à Kayugh ?
    Mais plusieurs jours après les funérailles, il se rendit
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