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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel
Autoren: Sue Harrison
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répondit pas.
    Sous son suk, Chagak sentit Samig bouger, entendit un faible cri. Laissant tomber son panier elle plongea la main dedans pour saisir son bola. Les pierres étaient petites, destinées à tuer des oiseaux.
    « Quelle chance auras-tu contre un homme? » murmura une voix, et Chagak sentit le doute paralyser ses mains.
    Mais Samig et Amgigh remuèrent et Chagak entendit la voix de la loutre poursuivre :
    « Qui est le plus fort, un homme qui tue d'autres hommes ou une femme avec deux fils à défendre? Qui est le plus fort? Qui a le plus de force pour une juste cause ? »
    Chagak saisit le manche du bola et fit voler les pierres au-dessus de sa tête. L'homme qui se tenait au bas de la colline en brandissant sa lance se mit à rire au point que des larmes lui montaient aux yeux.
    Alors Chagak laissa le bola s'envoler. Elle regarda les pierres se disperser en un large cercle et vit les yeux du Petit Homme s'agrandir et ses bras se dresser pour s'en couvrir le visage.
    Les cordes tombèrent sur ses bras et sa tête, les pierres frappant sa bouche et son cou. Il laissa tomber sa lance, la bouche en sang.
    Chagak se pencha pour prendre un couteau dans son panier, puis elle courut en direction de J'homme. Elle le frappa au ventre et il lui lança des coups de pied afin de se débarrasser de cette furie, mais en se débattant ainsi il trébucha et tomba par terre. Chagak vit sa courte lance au milieu du sentier, la saisit et avant qu'il ait pu se détourner elle la plongea dans son cœur. Le Petit Homme essaya encore de se débattre, mais elle pesa de tout son poids sur la lance jusqu'à ce qu'il s'immobilise.
    Oiseau Gris se dressa, alors, à côté d'elle. Il prit le couteau des mains de Chagak et trancha la gorge du Petit Homme.
    Stupéfaite, Chagak le regarda et vit ses petits yeux se plisser. Elle cracha dans l'herbe à côté du corps.
    — Toi, qui te caches derrière une femme, jeta-t-elle à Oiseau Gris, avec mépris, réponds-moi : qui était le père de Samig ?
    Oiseau Gris pinça les lèvres sans oser la regarder. Finalement il dit :
    — C'était le petit-fils de Shuganan.
    — Oui, dit Chagak. Traqueur de Phoques, le petit-fils de Shuganan.
    Chagak s'était attendue à voir des ulas incendiés et des corps gonflés, mais la seule preuve de combat était le nombre d'ikyan sur la plage et les nombreuses armes brisées dans les étroites allées entre les ulas.
    — Où sont les corps ? demanda-t-elle.
    C'étaient les premières paroles qu'elle adressait
    à Oiseau Gris depuis leur rencontre avec le Petit Homme. Il désigna un groupe d'hommes sur la plage, rassemblés autour d'un ik rempli par ce qui ressemblait à de la viande et des peaux. Mais Chagak s'aperçut avec horreur qu'il s'agissait de corps d'hommes découpés pour séparer les membres et la tête du tronc afin d'empêcher les esprits de revenir.
    — Ils vont pousser l'ik en pleine mer pour le faire sombrer, dit Oiseau Gris. Je vais leur parler de l'homme que nous avons tué.
    — C'est moi qui l'ai tué. Moi et mes fils, rectifia Chagak.
    Oiseau Gris se redressa et regarda Chagak dans les yeux, puis il détourna son regard.
    — Les femmes ne tuent pas les hommes, rétor-qua-t-il.
    — J'ai vu comment tu les tuais, mais c'est une chose que seuls toi et moi nous savons.
    Pendant un instant Oiseau Gris la dévisagea, puis il désigna l'ulaq de Nombreuses Baleines :
    — Shuganan est à l'intérieur.
    Chagak acquiesça, posa son panier et grimpa sur le toit de l'ulaq. Arrivée au sommet, elle tourna son regard en direction d'Aka. Elle ne pouvait voir la montagne, mais elle confia les mots au vent : « Laissez-le vivre, pria-t-elle, laissez Shuganan vivre ainsi que Kayugh. Je vous ai offert l'esprit d'un Petit Homme. Donnez-moi leurs esprits en échange de celui que je vous ai offert. »
    Elle prit une profonde aspiration avant de se laisser glisser à l'intérieur de l'ulaq. Nombreuses Baleines était assis au centre de la pièce. Kayugh se penchait sur Shuganan à l'extrémité de l'ulaq.
    — Tu es la bienvenue ici et tu peux y rester pour élever ton fils parmi nous, proposa Nombreuses Baleines. Je lui apprendrai à chasser la baleine.
    Il y avait une douceur dans la voix de son grand-père et Chagak vit des traces de cendres sur ses joues en signe de deuil.
    — Je suis désolée pour ton fils, dit-elle.
    — Il est mort en brave, répondit Nombreuses Baleines.
    — Oui, murmura Chagak, puis elle ajouta : que je décide de
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