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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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chez Nombreuses Baleines et interrompit les cérémonies de deuil. Épouse Dodue était assise dans un coin sombre de l'ulaq. Elle paraissait plus petite, plus calme depuis la mort de son fils.
    Nombreuses Baleines avait marqué son corps de charbon et à son côté se trouvait la lance de son fils et un harpon d'homme.
    — Ils appartiennent à mon fils, dit-il, un jour ils reviendront à mon petit-fils.
    Kayugh fut ému par la douleur qu'il lut sur le visage de cet homme et, pendant un moment, il ne put parler.
    — Je suis venu te demander le prix de ta petite-fille Chagak que je souhaite épouser.
    Pendant un long moment, Nombreuses Baleines ne répondit pas. Et Kayugh pensa : « Quel droit ai-je à faire cette demande ? Quel droit ai-je à lui prendre un petit-fils et une petite-fille? »
    — D'autres se sont déjà présentés, répondit Nombreuses Baleines.
    — Je suis un bon chasseur, dit Kayugh, mais ces mots paraissaient une vantardise et non une assurance d'assurer le bonheur de Chagak.
    Nombreuses Baleines poursuivit comme si Kayugh n'avait pas parlé :
    — D'autres se sont présentés, répéta-t-il. Je n'ai pas eu de réponse à leur donner. Mais pour toi j'ai un prix à demander. Quelque chose de juste. Il soupira et regarda Kayugh longtemps avant de dire : une baleine.
    Kayugh retint sa respiration et sentit son désappointement tendre les muscles de son bras blessé.
    Nombreuses Baleines désigna le pendant représentant une baleine sur la poitrine de Kayugh et précisa :
    — La baleine que Shuganan a sculptée pour toi.
    Kayugh ouvrit la bouche et ne sut que dire.
    — Serait-il juste de te demander davantage? dit Nombreuses Baleines. Chagak t'appartient. Promets-moi seulement que je verrai mon petit-fils.
    — Oui, assura gravement Kayugh, tu verras ton petit-fils.
    L'épaule de Kayugh était douloureuse mais la blessure guérissait. Il pourrait encore chasser et serait capable de lancer son harpon. La douleur n'était rien.
    Il enfonça sa pagaie dans l'eau et regarda l'ik des femmes. Chagak était assise à l'avant, Nez Crochu à l'arrière.
    Kayugh se posait toujours des questions sur le premier mari de Chagak et les conditions de sa mort. Oiseau Gris évitait Chagak mais, si elle laissait Samig près de Kayugh, Oiseau Gris crachait par terre et parlait de chasse, d'ikyan ou de l'homme qu'il avait tué en ramenant Chagak au village. Et, bien qu'il parlât de choses étrangères aux enfants, il gardait les yeux sur Samig en étudiant le visage de l'enfant, ses mains et ses pieds.
    Pour Kayugh, le chagrin de Chagak était quelque chose qui faisait partie intégrante d'elle-même, une ombre planant en permanence sur son esprit — et il n'osait pas lui parler de l'intérêt qu'Oiseau Gris portait à Samig ou lui poser de questions personnelles.
    Bien qu'elle ait promis d'être sa femme, il avait pris soin de lui laisser le choix de rester avec les Chasseurs de Baleines ou de revenir avec lui. Elle avait décidé de l'accompagner et, pour le moment, ce choix était suffisant.
    Sachant qu'ils atteindraient la plage de Shuganan avant la nuit et qu'elle viendrait le rejoindre sur sa couche, Kayugh sentait une immense joie l'envahir et un désir naître au creux de ses reins.
    Toute la journée, Longues Dents s'était livré à des plaisanteries douteuses. Il approchait son ikyak de celui de Kayugh en faisant des réflexions sur le mariage et le fait de prendre une nouvelle femme, puis il s'éloignait en riant au milieu du bruit des vagues. La dernière fois que Longues Dents s'était approché, Kayugh s'était contenté de répondre en riant :
    — Tu es seulement jaloux parce que je vais avoir deux fils.
    — Oui, avait dit Longues Dents en souriant toujours, mais tu n'en aurais eu aucun sans Chagak. Sois un bon mari pour elle.
    — Je serai un bon mari, assura Kayugh, et, durant, le reste de la journée, Longues Dents ne fit plus aucune plaisanterie.
    43
    Chagak se redressa pour soulager la douleur de ses épaules. Quand ils étaient arrivés sur la plage de Shuganan, les femmes avaient déchargé l'ik et maintenant elles nettoyaient leurs ulas.
    Le premier geste de Chagak avait été d'essuyer la poussière des nombreuses sculptures de Shuganan et elle avait encore soupiré de n'avoir pu ramener son corps avec eux, pour le laisser reposer dans l'ulaq des morts près des restes de sa femme. En travaillant, elle ne put s'empêcher de pleurer mais essuya vivement ses larmes.
    — Tu as

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