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L'univers concentrationnaire

L'univers concentrationnaire

Titel: L'univers concentrationnaire
Autoren: David Rousset
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criminel était-il cassé
après un scandale exploité par la fraction des politiques de Neuengamme et
envoyé à Buchenwald, un des détenus du transport apportait tous les
renseignements à la fraction des politiques de Buchenwald, pour qu’elle puisse
prendre les mesures nécessaires à l’égard du nouveau venu, l’isoler et parfois
le tuer. Les Verts savaient cela. Une des armes les plus décisives contre les
hommes verts fut précisément une contre-terreur exercée dans toutes les limites
de l’univers concentrationnaire. Les « droit commun » étaient
violemment divisés entre eux, déchirés de voracité. Les politiques utilisèrent
ces divisions, passant des compromis avec un groupe pour en écraser un autre, et
se servaient dans le travail de sape auprès des S.S. de criminels alliés, qui
avaient une audience plus facile, du moins dans les débuts. Mais la grande
machine de guerre fut l’exploitation de toutes les tares des « droit
commun », incapables qu’ils étaient de se maîtriser. Il suffisait, en
utilisant leur passion, de les rendre impuissants à maintenir l’ordre ou à
obtenir les rendements nécessaires dans le travail pour les faire casser par
les S.S. La contre-partie positive était de se montrer soi-même capable d’organisation.
Grâce à leurs alliances, à leur homogénéité, à leur tempérament mieux formé, les
politiques disposaient de grands avantages. Ils avaient appris les techniques
du travail manuel. Ils savaient parler aux civils. Les rapports des inspecteurs
étaient donc souvent favorables.
    Sur cette voie, un problème se posait, le sabotage. Très
souvent, nous avons abordé cette question avec Emil Künder. Non seulement dans
l’abstrait, mais tout au long de l’expérience du Kommando drei qui de fin avril
1944 va jusqu’en août de la même année. C’était poser les rapports avec les
Russes, la discipline dans le travail, les relations avec les civils et les
militaires. Le Kapo était responsable du rendement. Un minimum devait donc être
réalisé sous peine de sanctions graves allant jusqu’à la corde. Et l’autre
problème était précisément de vivre. Ce n’était point seulement une affaire
personnelle, mais la nécessité de préserver des cadres qui auraient un rôle
important à jouer au lendemain de la guerre [2] .
Il fallait donc fixer le minimum, variable suivant les conditions du moment, obtenir
des inspecteurs et des Posten qu’ils se maintiennent aussi dans ce cadre. Tout
était question d’un grand tact et d’une finesse politique.
    La victoire partielle remportée, des positions-clefs bien
tenues en main, les communistes allemands développèrent leur pouvoir occulte
sur presque toutes les grandes cités concentrationnaires. C’était pour eux une
très large et remarquable plate-forme de résistance. L’un des leurs était-il
cassé par les S.S., les ordres donnés de le faire travailler durement, il n’était
pas question de s’y opposer. Mais, à tous les échelons, on sabotait les
décisions. Un camarade Kapo le prenait dans son Kommando et le planquait. Le
temps passé, il retrouvait un poste. C’était un bien pour l’ensemble des
détenus. Même les politiques corrompus qui frappaient durement n’étaient pas
des sauvages forcenés comme les criminels. Les conditions d’existence dans le
camp s’en trouvaient sensiblement améliorées. Les communistes étrangers y
rencontraient de grandes possibilités de vivre. Les Allemands firent toujours
montre d’une solidarité internationale réelle. Dès que les communistes étrangers
étaient identifiés, les fonctionnaires s’arrangeaient pour qu’ils ne partent
pas en transport et pour les placer dans un travail relativement bon. Au Block,
le Blockæltester était prévenu et les laissait tranquilles ou parfois leur
accordait quelques avantages. Bien entendu, lors des arrivages massifs du
second semestre de 1944, ces règles ne purent être appliquées pour tous, mais
les responsables étrangers furent toujours secourus.
    A Buchenwald, le comité central secret de la fraction
communiste groupait des Allemands, des Tchèques, un Russe et un Français. Son
pouvoir était considérable.
    Les communistes allemands gardaient très vivace leur
mentalité de 1933. Ils conservaient pour la social-démocratie une haine
farouche. Vis-à-vis des quelques sociaux-démocrates internés, leurs rapports
dépendaient d’une appréciation personnelle et, en général, étaient
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