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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris !
Autoren: Sven Hassel
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se présentèrent au sergent-major qui, à leur vue, en eut presque une attaque.
    – Qu’est-ce que vous voulez ?
    – Herr Stabsintendant, Obergefreiter Porta et Obergefreiter Creutzfeldt, de la 5 e compagnie, se proposent comme aides au chargement du ravitaillement.
    Le sergent-major en perdit le gros cigare qu’il avait à la bouche – un vrai havane – parce que cette bouche, il n’arrivait plus à la refermer. Un torrent de jurons et de malédictions coula vers les deux compères qui se retirèrent dignement, accompagnés des crachats de leur supérieur hors de lui. Ils se mirent à l’abri chez l’ami de Porta, l’infirmier Obergefreiter Ludwig, à la salle d’isolement de l’infirmerie, et par un petit trou percé dans le carreau peint en gris, ils observèrent avec nostalgie les soldats du Train et de la Santé déménageant le ravitaillement.
    – Ils en ont des choses ! chuchota Petit-Frère. Des caisses de viande, de lard, dé chocolat…
    – Et du café, et du cognac, renchérit Ludwig. Regardez le gros, là-bas, sa caisse sur l’épaule. Qui sait seulement ce qu’elle contient !
    – Le diable doit le savoir – Porta se gratta le derrière – mais pour sûr ça se mange. Vous allez voir comment on s’y prend avec ces imbéciles du lard.
    – Ça peut coûter la tête, prévint l’infirmier. Pas plus tard que la semaine dernière, ils ont fusillé deux artilleurs pour une caisse de tabac.
    – Tu n’es qu’un crétin, ricana Porta, sans ça tu ferais évidemment autre chose que placer tes cigares à culs ! – Il leva un doigt. – Le soldat qui ne vole pas les comptables n’est pas un vrai soldat. Son éducation n’est pas complète, et un soldat qui passe devant un dépôt de ravitaillement sans se ravitailler est un faible d’esprit bon pour la chambre à gaz !
    Il sortit de sa poche une grenade à main, se glissa dans la cour par un des soupiraux de la cave et se dissimula derrière un monceau de caisses. La grenade fut décapsulée avec ses dents et jetée sur des bidons d’essence lesquels sautèrent instantanément avec un bruit de tonnerre. Les soldats qui travaillaient détalèrent dans toutes les directions ; Porta, tel un putois, escalada un camion, et subtilisa aussitôt cinq caisses que ses acolytes transportèrent sur-le-champ dans la salle de l’infirmerie. Mais toute la caserne était en ébullition ! Une sentinelle nerveuse tirait sur un malheureux bleu, des groupes se battaient entre eux, on parlait d’une attaque inopinée des F. F. I… En tout cas, l’affaire coûta quatre morts et seize blessés.
    Au milieu de l’affolement général, Porta et Petit-Frère avaient pu transporter les caisses à la 5 e Compagnie.
    Seigneur ! cria le Vieux en les voyant arriver, mais vous devenez de véritables gangsters ! Jeter une grenade dans une caserne pour piller, c’est tout simplement criminel et ça mérite largement la mort !
    – Tu es bien trop honnête, rétorqua Porta en ouvrant paisiblement une boîte de sardines. Quand l’Etat nous vole notre jeunesse, on peut bien le voler, lui ! Tiens, dit-il en tendant une grosse sardine au vieux feldwebel, voilà des vitamines pour les héros fatigués. Tu en es sûrement !
    En colonne serrée, le régiment de chars traversa Paris et gagna la Porte d’Orléans. Toute la ville bouillait. On tirait sur les Allemands qui partaient. D’une lucarne, quelqu’un tira sur nous et blessa grièvement un sous-officier. Aussitôt, plusieurs des nôtres envahirent la maison d’où était parti le coup de feu, et redescendirent en tenant deux gamins armés d’une vieille carabine c’étaient eux les francs-tireurs.
    Grelottant de terreur, ils durent monter dans notre camion en attendant la décision du général Mercedes qui se montra intraitable : malgré leur âge, et à cause de leur crime, ils seront fusillés tous les deux en dehors de Paris. Le sous-officier qu’ils avaient blessé mourut une heure plus tard sous les regards affolés des gamins qui ne quittaient pas leur victime des yeux. Porta leur montra du pouce le sous-officier mort.
    – Vous êtes peut-être guéris de jouer à la guéguerre ! dit-il en leur appliquant à chacun une énorme gifle.
    Mais au matin, les deux enfants avaient disparu. Le commandant Hinka, au comble de la fureur, fit naturellement comparaître celui qu’il soupçonnait, c’est-à-dire Porta. Lors d’une halte dans un bois, le rouquin les avait accompagnés un peu
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