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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris !
Autoren: Sven Hassel
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son père : une masse sanglante sur laquelle l’enfant se jette en frappant l’asphalte de ses mains rouges de sang. On l’emmène, on lui fait une piqûre, des religieuses vont s’occuper de lui. Qu’est-il arrivé ? On a vu une auto qui s’est arrêtée un instant et quelqu’un a jeté quelque chose. D’autres disent que c’étaient des civils qui sont sortis de l’ombre. Que croire ? L’enfant reste seul au monde et il n’a que douze ans.
    Les chars de la victoire sont arrivés trop tard. On a assassiné son père, mais qui l’a assassiné ? Les Allemands ? Les Français ? L’homme était-il un traître qui a été tué sans jugement ou un innocent tombé sous les bombes des terroristes ? Personne ne sait. Il s’agit d’une soirée quelconque pendant la Libération.
    Ailleurs, le même soir. La porte du bar Simon s’ouvre d’un coup de pied. Trois hommes surgissent, regardent autour d’eux et le plus jeune lève une mitraillette vers une fille assise au bar avec un soldat allemand. Elle arrive encore à crier, puis s’écroule avec le haut tabouret de bar. Le soldat allemand tombe sur elle.
    Le patron du bar est touché par une balle et carambole dans sa chute toute une rangée de bouteilles. L’odeur du Pernod se mêle à celle du sang chaud. Un des tueurs épingle une fiche sur la poitrine de la fille :
    « COLLABO »
    Ils sortent à reculons, le visage dur, et disparaissent au pas de course.
    La police arrive. On discute, on parle, on crie, puis un soudain silence. C’est la terreur qui renaît. Deux hommes en manteaux de cuir et aux chapeaux de feutre se penchent sur le soldat mort, vident ses poches, lui ôtent sa plaque d’identité, s’emparent du sac de la fille et le fouillent de doigts rapides. Mais c’est dans le haut de son bas que sont cachés des liasses de billets. La fiche épinglée sur sa poitrine arrache aux hommes en chapeaux un sourire de mépris, puis ils se tournent vers un feldwebel de la feldgendarmerie :
    – Nettoyez tout ça et fermez la boîte. Rien d’important à signaler.
    Ailleurs le même soir.
    – C’est le sixième Pernod, gronde le vieux serveur devant son jeune collègue. Il est complètement noir ! Moi qui avais espéré rentrer de bonne heure. Deux jours par semaine, il est comme ça, ce cochon, depuis la mort de sa femme.
    – Enfin c est notre boulot, rétorque le jeune. On en vit.
    – Il pourrait partir à l’heure ! Ma femme aussi est malade. Impossible de lui avoir des remèdes. Sais-tu ce que m’a dit le pharmacien ? « Demandez-en aux Boches, y a longtemps qu’on n’en a plus, ils prennent tout. » Evidemment, ça sera bientôt fini, mais à quoi ça me sert si ma femme est morte avant ?
    – Garçon ! appelle le client. Deux de plus.
    Tout en jurant, le vieux serveur va chercher une nouvelle soucoupe. Le jeune, avec l’insouciance de la jeunesse, éclate de rire.
    – Il t’a eu ! Pas si rond que ça !
    – Si seulement les autres le descendaient par erreur quand il sortira ! J’ai entendu dire qu’il a essayé de se tuer quand sa vieille est morte. Malheureusement, s’est raté. Maintenant il y va à coups de verres. En v’là deux ! dit-il au client d’un ton furieux, et puis après on ferme. Le couvre-feu est déjà dépassé.
    – Fait rien mon ami, j’ai un papier ; je peux être dehors comme je veux et je sais que vous le pouvez aussi.
    Le vieux serveur jette littéralement les Pernod à la tête de ce client odieux.
    – Rentre donc, dit le jeune, je me débrouillerai. J’ai là quelques pilules, tiens, donne-les à ta femme, il paraît que c’est bon pour tout. C’est un déserteur qui me les a refilées.
    _ C’est pas du poison au moins ? On peut s’attendre à tout avec ces suppôts du diable !
    – Tu es d’un méfiant ! dit en riant le jeune serveur., C’est la bile mon pauvre vieux. T’en fais donc pas, on peut compter sur les déserteurs. Ils n’ont que nous, et leurs marchandises sont toujours bonnes. Tu sais qu’Alice en a trois chez elle ? Comment qu’elle se débrouille, vas-y voir ! Elle a au moins trente ans de plus qu’eux ! Fier tempérament !
    Le vieux serveur endossa lentement sa veste et regarda son parapluie.
    – Si seulement les libérateurs se dépêchaient un peu ! Mon parapluie est au bout ; on n’aurait jamais pensé que les parapluies eux-mêmes manqueraient. C’est tout de même pas possible de rester sans parapluie ! En tout cas, merci
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