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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)
Autoren: James Fenimore Cooper
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conduisit au centre d’un grand pont qui joignait à la ville une petite île du havre, et qui s’étendait à quelque distance dans la place, formant une espèce de quai. Là il s’arrêta et laissa la vue des objets qui les entouraient produire son effet sur ceux qu’il y avait amenés.
    Cette place était formée par plusieurs rangées de maisons basses, sombres, irrégulières, dont la plupart paraissaient inhabitées. Au bout du bassin, et un peu de côté, un bâtiment long et étroit, orné de pilastres, percé de fenêtres cintrées, montrait ses murs de briques à la clarté de la lune. L’étage qui soutenait cette rangée de croisées, brillant dans le silence, était appuyé sur des piliers massifs aussi en briques, entre lesquels on apercevait plus loin les étaux du marché. De lourdes corniches en pierre étaient placées au haut des pilastres, et il était évident qu’une architecture maladroite avait fait tous ses efforts pour donner à ce bâtiment une apparence plus imposante que celle des maisons qu’ils avaient vues jusqu’alors. Tandis que l’officier regardait cet édifice, l’idiot examinait sa physionomie avec une attention qui semblait excéder ses facultés morales. Enfin s’impatientant de ne l’entendre prononcer aucun mot, soit pour exprimer son admiration, soit pour dire qu’il reconnaissait cet édifice, Job s’écria :
    – Si vous ne connaissez pas Funnel-Hall {13} , vous n’êtes pas de Boston.
    – Mais je suis de Boston, répondit l’officier en riant, et je connais parfaitement Fanueil-Hall ; mes souvenirs se réveillent à cette vue, et me rappellent les scènes de mon enfance.
    – C’est donc là, dit le vieillard, que la liberté a trouvé tant d’avocats intrépides !
    – Cela ferait plaisir au cœur du roi, dit Job, s’il pouvait quelquefois entendre parler le peuple dans Funnel-Hall. J’étais monté sur les corniches, et je regardais par une fenêtre, le jour de la dernière assemblée qui y a été tenue ; et s’il y avait des soldats sur la place, il y avait dans la salle des gens qui ne s’en inquiétaient guère.
    – Tout cela est fort amusant sans doute, dit l’officier d’un ton grave ; mais cela ne me rapproche pas d’un pas de la maison de Mrs Lechmere.
    – Ce qu’il dit est instructif, s’écria le vieillard ; continuez, mon enfant. J’aime à l’entendre exprimer ses sentiments avec cette simplicité, cela indique l’état de l’esprit public.
    – Que voulez-vous que je vous dise ? répondit Job ; ils parlaient bien, et voilà tout. Je voudrais que le roi vint ici les écouter, cela abattrait son orgueil ; il aurait pitié du peuple, et il ne songerait pas à fermer le port de Boston. Mais, quand il empêcherait l’eau d’y entrer par le détroit, elle y viendrait par Broad-Sound ; et si on lui bouchait ce chemin, elle arriverait par Nantasket. Il n’a pas besoin de s’imaginer que les habitants de Boston se laisseront priver, par des actes du parlement, de l’eau que Dieu a faite pour eux, tant que Funnel-Hall sera à sa place.
    – Drôle, s’écria l’officier d’un ton un peu courroucé, vous nous avez fait perdre tant de temps que voilà déjà huit heures qui sonnent.
    L’air animé de l’idiot disparut, et il répondit en baissant les yeux :
    – J’avais bien dit au voisin Hopper qu’il y avait plus d’un chemin pour aller chez Mrs Lechmere ; mais chacun veut connaître la besogne de Job mieux que Job lui-même. À présent que vous m’avez fait oublier le chemin, il faut que j’entre pour le demander à la vieille Nab ; elle ne le connaît que trop bien.
    – La vieille Nab ! s’écria l’officier, qui est la vieille Nab ? Qu’ai-je affaire à elle ? N’est-ce pas vous qui vous êtes chargé de me conduire ?
    – Il n’y a personne à Boston qui ne connaisse Abigaïl Pray, dit l’idiot.
    – Que dites-vous ? s’écria le vieillard avec agitation, que dites vous donc d’Abigaïl Pray ? n’est-elle pas honnête ?
    – Aussi honnête que la pauvreté peut la rendre, répondit l’idiot avec une sorte d’humeur. À présent que le roi a dit qu’on n’enverra plus à Boston d’autres marchandises que du thé, il est aisé de vivre quand on n’a pas de loyers à payer. Nab tient sa boutique dans l’ancien magasin, et c’est une bonne place. Job et sa mère ont chacun une chambre pour y dormir, et ils disent que le roi et la reine ne peuvent en avoir
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