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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié
Autoren: Christian Bernadac
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en même temps que mon père, quatre frères et deux sœurs. J’ai été emmené à Sachsenhausen et les autres ont été envoyés à Auschwitz. Des sept, seule une de mes sœurs est revenue. Alors que j’étais à Sachsenhausen pour la deuxième fois, l’aînée de mes filles, Martha, alors âgée de douze ans, a été emmenée à l’hôpital et stérilisée. J’ai travaillé à l’atelier des tailleurs jusqu’à la libération du camp en mai 1945.
     
     
    Ohlsdorf – Kommando de…
     
    — Fritz (207) est remplacé par Willy, le petit tsigane autrefois Kapo du Kommando patates, et dont j’ai alors constaté la méchanceté foncière et la haine envers les Français. Il ne tardera pas à démontrer l’exactitude de ce jugement, et, très vite, se révélera au surplus un ennemi des intellectuels, raison supplémentaire pour nous d’en être mal vus. Dès son arrivée, il réduit notre ration de soupe et cherche par tous les moyens à nous créer des ennuis : chose plus grave, il brutalise les malades, contrôle avec hargne nos faits et gestes, crée de la place au Revier en freinant les admissions et en accélérant les sorties.
     
     
    Dora.
     
    — Dans (208) cette vie quotidienne à Dora, l’ignominie des Kapos tenait un rôle déterminant. Nous étions surtout sous la coupe des droit commun. Hommes de sac et de corde, corrompus et pervers, sadiques, malfaisants jusqu’à l’inconcevable : l’impunité libérait les monstruosités qu’ils portaient en eux.
    — L’un s’appelait Richard Kuhl. C’était celui qu’involontairement Pierre Rozan avait sauvé en entrant aux chiottes de Buchenwald pendant qu’un déporté le frappait, l’étranglait et s’apprêtait à l’achever. Rozan, voyant le massacre, s’était borné à dire : « Qu’est-ce qui se passe ? » Le déporté s’était arrêté un instant, un S.S. arriva et Kuhl put s’en tirer. Rozan ignorait alors que Kuhl était un Kapo destiné à la suite de l’évacuation d’un camp. Il avait tellement martyrisé de détenus que l’un d’entre eux se vengeait.
    — Fort, souple, le teint basané, les cheveux bruns, Kuhl avait été surnommé le Kapo tsigane. Il considérait Rozan comme son sauveur. Il lui parlait, lui racontait sa vie. Il disait qu’il avait été dans la Légion étrangère. Il vouait aux Français une haine sans pardon. Kapo à Netzweiller, il avait persécuté un colonel français. Il regrettait de ne pas avoir eu sa peau. Avec jubilation il expliquait à Pierre qu’il obligeait le colonel à remplir une brouette de pierres, puis le faisait courir. Sans arrêt. Le supplice dura trois jours. Le colonel tint bon. À ce point du récit, la mine de Kuhl se renfrognait. Une tristesse inhumaine s’inscrivait sur son visage. « Malheureusement, on m’a changé de camp, disait-il, je n’ai pas pu l’achever. Je ne me le pardonnerai jamais ! »
    — De temps en temps, il criait à Rozan : « J’aurai ta peau. » Il oubliait l’histoire de Buchenwald. Sa férocité, son besoin de tuer prenaient le dessus. Sans discernement. Il avait volé un pyjama dans le colis d’un déporté. Il demandait à Pierre si ça se portait sur ou sous la chemise.
    — Les Russes de son Kommando se vengèrent de lui. Sous sa direction, ils déchargeaient des sacs de pomme de terre. Un des Soviétiques eut l’idée d’en cacher un sous le lit de Kuhl. Puis ils avisèrent adroitement les S.S. Ceux-ci vérifièrent. Richard Kuhl protesta de son innocence, mais la preuve du délit était là : le sac sous le lit. Ce jour-là, Gummi et coups de pied changèrent de direction. C’est Kuhl qui prit la trempe.
    — À la Libération, il fut inscrit sur la liste des criminels de guerre recherchés. On l’arrêta dix ans après. Le procès eut lieu en France. On demanda des témoignages à des déportés. Lorsque Pierre Rozan l’apprit, il se rendit au tribunal et accabla Kuhl de faits précis. Dans son box, l’ex-Kapo écumait. Il déclara au tribunal : « Ah ! si j’avais eu sa peau à Dora !… Au moins aujourd’hui il ne serait pas là pour témoigner ! » Richard Kuhl accomplit une partie de sa peine. Aujourd’hui il vit en liberté. Qui martyrise-t-il ?
    — Ils (les S.S.) font demander par haut-parleur que les anciens musiciens d’Auschwitz se rendent immédiatement à la porte du camp. Rozan voit arriver un troupeau de vagabonds, en guenilles, pellagreux, plus morts que vifs, les pantalons à
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