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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié
Autoren: Christian Bernadac
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n’avait fait jusque-là que se balancer, cédait brusquement au charme, et virevoltait. Radzek se dégageait enfin de la fange, de toutes fanges ; allait-il partir en lévitation ? Mais il avait déjà décollé et atterrissait maintenant dans une prairie, pour offrir, sous le soleil de Pâques, ses mains tendues à toutes les fleurs de la Résurrection. Lorsque Radzek fut incapable de danser et enfin de chanter, Emil, le chef de Block, n’hésita pas : il le fit partir en transport.
    *
*   *
    Treblinka.
     
    On (200) amena une fois un convoi de soixante-dix gitans de la région de Varsovie. Ces hommes, femmes et enfants étaient dépourvus de tout. Ils ne possédaient que des sous-vêtements crasseux et des vêtements en guenilles… Quelques heures plus tard, tout était silencieux et il ne restait que des cadavres.
    — Un (201) contingent de bohémiens arriva de Bessarabie : environ deux cents hommes et huit cents femmes et enfants. Ils avaient fait la route à pied, suivis de leurs roulottes ; on les avait trompés, eux aussi, et ils n’étaient escortés que de deux gardiens qui ne se doutaient pas que ces gens allaient à la mort. On rapporte que les bohémiens battirent des mains d’admiration devant le bel édifice des chambres à gaz, sans deviner jusqu’au dernier moment le sort qui les attendait, et que cela amusa beaucoup les Allemands.
    — Ils (202) étaient gentils. Ils disaient que nous aurions une grande maison où l’on serait bien avec les parents et les enfants. Pendant tout le chemin ils ont donné du pain, de la soupe chaude, des couvertures. On a marché au moins dix jours. Il a plu deux jours. Beaucoup de femmes avaient des sabots qu’elles ont enlevés pour marcher dans la boue. Le dernier jour on a mangé un cheval. Il avait glissé. Les hommes n’ont pas voulu qu’un soldat lui tire dessus. Un homme l’a saigné. Les Allemands riaient. Ils n’ont pas voulu manger de viande. Plusieurs fois au début on a chanté, on a dansé. Après c’était fini. On s’est chauffé pour sécher les vêtements. Des enfants pleuraient toujours. On a marché la nuit. On est arrivé. On nous a donné à manger. Un médecin faisait sauter les enfants sur ses genoux. Il a donné des médicaments, du sucre, des piqûres. Puis c’était la maison. Une grande maison. Il y avait de la musique. Des femmes ont dansé. On m’a mis de côté avec deux femmes. Les autres sont restés là. Des soldats ont crié. On ne comprenait rien. Après on était dans une grande cuisine. On a travaillé un mois à nettoyer le sol, la vaisselle. On épluchait des pommes de terre tout le temps, le jour, la nuit. Toujours. On mangeait bien. Mais on ne pouvait pas dormir. On n’avait pas de couverture. Un grand Allemand nous tapait dessus. Des grands coups. J’avais une blessure à l’épaule. Le lendemain (après notre arrivée), on a raconté que tous les tsiganes avaient été tués par les gaz dans la grande maison. On les avait brûlés après. On tuait tous ceux qui arrivaient. Après on les brûlait. Des fois on les brûlait et ils étaient vivants. Des fois on tuait les enfants en dehors de la grande maison. On les jetait dans les fours avec les parents. Personne n’échappait. Ils les tuaient tous. Nous on a eu de la chance. Ils nous ont gardés en vie pour travailler. Après ils voulaient nous tuer. On a pleuré. On pleurait tout le temps. Après on a suivi des soldats dans des camions. L’autre camp (203) était plus grand, plus sale. Après j’ai perdu mes amies et j’ai trouvé des femmes de chez moi dans une usine. On travaillait sur des moteurs.
     
     
    Schlieben (Kommando de Ravensbrück).
     
    — La veille (204) du 1 er  août, on appela les équipes disponibles de Leipzig-Hasag et quatre-vingts femmes solides furent choisies pour aller, disait-on, faire la moisson. Ce jour-là j’eus vraiment l’impression d’être vendue comme esclave sur la place publique. On nous embarqua le lendemain dans trois camions qui nous menèrent via Torgau, dans une localité nommée Schlieben dans la région de l’Elster, aux confins de la Saxe et du Brandebourg. Au-dessus de la petite ville, sur un plateau désolé, nous fûmes versées dans le camp le plus sordide que j’aie jamais vu. Nous y retrouvâmes, à notre grande horreur, les gitanes de Ravensbrück. Nous étions quatre-vingts « civilisées » livrées à un millier de sauvages. Je connaissais les théories des Allemands sur les
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