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L'Héritage des Templiers

L'Héritage des Templiers

Titel: L'Héritage des Templiers
Autoren: Steve Berry
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leur présence. Le sénéchal observait son maître. Le vieil homme avait revêtu un sarrau bleu d’azur constellé d’étoiles dorées. Même si les traits de son visage s’étaient durcis à l’approche de la mort, son corps émacié conservait une certaine vigueur. Il avait une longue barbe broussailleuse, ses mains et ses pieds étaient perclus de rhumatismes, mais la même lueur brillait toujours dans ses yeux. Vingt-huit années passées à la tête de l’ordre avaient beaucoup appris au vieux guerrier. La leçon la plus importante de toutes était peut-être de ne jamais se départir de son élégance, même à l’article de la mort.
    Le médecin avait confirmé le cancer plusieurs mois auparavant. Comme la règle le préconisait, on avait laissé la maladie suivre son cours, acceptant ainsi la conséquence naturelle de l’intervention divine. Des milliers de frères avaient connu la même fin au cours des siècles et il était impensable pour le maître de salir leur héritage.
    « J’aimerais tant sentir le parfum de la cascade », murmura le vieil homme.
    Le sénéchal jeta un coup d’œil vers la fenêtre dont la vitre du XVI e siècle ouverte permettait au doux parfum de la pierre mouillée et du feuillage verdoyant d’emplir ses narines. On entendait, au loin, le jaillissement de la cascade impétueuse. « Votre chambre offre une vue imprenable.
    — Une des raisons qui me faisaient convoiter la fonction de maître. »
    Le sénéchal sourit, sachant que le vieil homme se montrait facétieux. Il avait lu les chroniques et savait que son mentor avait gravi les échelons en sachant saisir chaque opportunité en véritable génie de l’adaptation. La paix avait régné pendant son mandat, mais cela s’apprêtait à changer.
    « Je vais prier pour le salut de votre âme, dit le sénéchal.
    — Vous aurez le temps de le faire plus tard. Il vaut mieux vous préparer.
    — À quoi ?
    — Au chapitre. Rassemblez les votes. Soyez prêt. Ne donnez pas à vos ennemis le temps de s’allier. Rappelez-vous tout ce que je vous ai appris. » La voix rauque se brisa de douleur, mais le ton restait ferme.
    « Je ne suis pas sûr de vouloir vous succéder.
    — Si, vous l’êtes. »
    Son ami le connaissait bien. La modestie voulait qu’il rechignât, mais son plus cher désir était d’accéder à la fonction suprême.
    Le sénéchal sentit la main du vieil homme trembler dans la sienne. Il fallut au maître quelques respirations superficielles pour retrouver son calme.
    « J’ai rédigé mes recommandations. Elles sont là, sur le bureau. »
    Il incomberait au prochain maître d’étudier ce testament.
    « Notre devoir doit être accompli, comme cela se fait depuis le commencement de l’ordre », annonça le maître.
    Le sénéchal ne voulait pas entendre parler de devoir. Les émotions le préoccupaient davantage. Il balaya la pièce des yeux ; elle ne contenait que le lit, un prie-Dieu placé devant un crucifix en bois, trois chaises recouvertes d’une tapisserie élimée, un bureau et deux antiques statues de marbre posées dans des niches. À une certaine époque, la pièce devait regorger de cuir de Cordoue, de porcelaine de Delft, de meubles anglais. Mais l’ordre avait depuis longtemps renoncé à un tel étalage de luxe.
    Quant au sénéchal, il avait lui aussi renoncé à son audace.
    Le vieil homme chercha son souffle.
    Le sénéchal posa le regard sur le malade en proie à une torpeur inquiète. Le maître inspira, cilla plusieurs fois avant de déclarer : « Pas encore, mon vieil ami. Bientôt. »

4
     
    Roskilde
    18 h 15
     
    Malone attendit que la vente ait commencé pour se glisser dans le hall. Il savait comment cela fonctionnait : les enchères ne débuteraient pas avant dix-huit heures vingt puisqu’il fallait au préalable vérifier l’inscription des clients et les autorisations des vendeurs avant que l’argent ne puisse changer de main.
    Située en bordure d’un étroit fjord, Roskilde était l’une des villes les plus anciennes du pays. Fondée par les Vikings, elle avait été la capitale du Danemark jusqu’au XV e siècle et continuait d’exsuder une grâce toute royale. La vente aux enchères se tenait en ville, à deux pas du Domkirke, dans un bâtiment de Skomagergade où les cordonniers étaient autrefois regroupés. La bibliophilie était une forme d’art au Danemark. La nation tout entière avait une véritable passion pour le texte
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