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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique
Autoren: Bernard Cornwell
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enterrer, aussi Thomas fit-il transporter les cadavres jusqu’à
une fosse creusée dans les champs, de l’autre côté de la rivière. On les
recouvrit de bois mort, on mit le feu aux branchages. Toutefois il n’y en avait
pas assez pour consumer les corps, qui durent être abandonnés à demi brûlés.
Les loups arrivèrent et, au-dessus de la tranchée, un nuage noir de corbeaux
obscurcit le ciel. Les prédateurs allaient pouvoir se partager un festin.
    Progressivement, la population revint en ville. Elle avait
cherché refuge dans des endroits aussi durement frappés que Castillon
d’Arbizon. La peste était partout, disaient-ils. Bérat était une nécropole.
Personne ne savait si Joscelyn était encore en vie, et Thomas ne s’en souciait
guère.
    L’hiver apporta le gel et, à Noël, un moine de passage leur
apprit que la peste se trouvait maintenant au nord.
    — Elle est partout, indiqua le frère. Tout le monde
meurt.
    Non, tout le monde ne mourait pas. Le fils de Philin,
Galdric, guérit, mais, juste après Noël, ce fut son père qui tomba malade. Lui
mourut après trois jours d’agonie.
    Robbie aussi s’était accroché à la vie. Plusieurs fois, on
avait cru qu’il allait mourir, qu’il était mort, même. Pendant plusieurs nuits,
il avait donné l’impression de ne plus respirer. Mais il avait survécu et
guérissait lentement. Geneviève veillait sur lui. Elle le nourrissait quand il
était trop faible, le lavait quand il était sale.
    Un matin où il essayait de s’excuser, elle le fit gentiment
taire.
    — C’est à Thomas que tu dois parler, lui dit-elle.
    Encore faible, il alla trouver son ami. En le voyant, il se
dit que l’archer avait l’air plus vieux et plus féroce. Robbie ne sut comment
commencer, mais Thomas l’aida :
    — Raconte-moi. Quand tu as fait ce que tu as fait,
pensais-tu accomplir ce qui était juste ?
    — Oui.
    — Alors tu n’as pas mal agi, lui dit Thomas sans
émotion. N’en parlons plus.
    — Je n’aurais pas dû prendre ça.
    Robbie montrait du doigt le parchemin sur les genoux de
Thomas, les textes concernant le Graal que le père Ralph avait laissés.
    — Je l’ai récupéré, et maintenant je m’en sers pour
apprendre à Geneviève à lire. Il n’est d’aucune autre utilité.
    L’Écossais fixait le feu.
    — Je suis désolé.
    Thomas ne répondit pas aux excuses de son ami.
    — Maintenant, nous n’avons plus qu’à attendre que tout
le monde soit remis, et ensuite nous rentrerons chez nous.
     
    À la Saint-Benoît, ils furent prêts à partir. Onze hommes
allaient regagner l’Angleterre et Galdric – désormais orphelin –
allait les suivre, comme serviteur de Thomas. Ils rentraient riches car la
majeure partie des gains de leurs pillages était sauve. Mais qu’allaient-ils
trouver en Angleterre ? Thomas l’ignorait.
    Il passa la dernière nuit, à Castillon d’Arbizon, à écouter
Geneviève bredouiller les mots du parchemin de son père. Il avait décidé de le
brûler, car il ne l’avait mené nulle part. Avec ce document, Geneviève
apprenait surtout à lire le latin, car il contenait très peu d’anglais ou de
français. Même si elle n’en comprenait pas le sens, le parchemin lui apprenait
au moins à déchiffrer les lettres.
    —  « Virga tua et baculus tuus ipsa
consolobuntur me  », lut-elle lentement.
    Thomas acquiesça de la tête. Il savait que les mots Calix
meus inebrians n’allaient pas tarder à suivre. La coupel’ avait rendu
ivre, pensa-t-il. Ivre et fou, et tout ça pour rien. Planchard avait raison. La
quête du Graal rendait fou.
    —  « Pono coram me mensam, continua
Geneviève, ex adverso hostium meorum… »
    — Ce n’est pas pono, corrigea Thomas, mais pones. « Pones coram me mensam ex adverso hostium meorum. »
    Il connaissait le passage par cœur et le lui
traduisit :
    — « Tu prépares une table pour moi en présence de
mes ennemis. »
    Elle fronça les sourcils, posa un long doigt pâle sur le
parchemin.
    — Non, insista-t-elle. C’est écrit pono… Ici.
    Elle lui présenta le manuscrit pour prouver ses dires.
    La lumière du feu dansait sur les mots, qui étaient
effectivement pono coram me mensam ex adverso hostium meorum.
    Son père les avait écrits. Thomas devait avoir vu cette
ligne des dizaines de fois, et pourtant il n’avait jamais remarqué la faute. Le
latin lui était si familier qu’il avait chaque fois parcouru le texte trop
vite. Il lisait avec sa
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