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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste
Autoren: Hervé Gagnon
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alors ? soupira Pernelle.
    —    Je ne sais pas, répondis-je, songeur.
    —    Peut-être vaudrait-il mieux la retourner en Terre sainte ? suggéra le Minervois. Ou trouver un pays qui n’est pas chrétien quelque part ? Ça doit bien exister, non ?
    —    Nous n’en sommes pas là, tranchai-je. Chaque chose en son temps. Il faut d’abord les retrouver, ces maudits documents, et on ne nous les remettra certes pas sur un plateau d’argent.
    Nous finîmes de manger en silence puis bûmes un peu d’eau puisée à même le ruisselet.
    —    Pernelle ? demandai-je à brûle-pourpoint alors que nous allions nous enrouler dans nos couvertures pour la nuit. Que sais-tu du vitriol ?
    —    Tu penses à ce que t’a dit la mendiante avant de mourir ? Gare au vitriol ?
    —    Je ne pense qu’à ça.
    —    Je me suis demandé ce qu’elle voulait dire, moi aussi. Le vitriolum est une substance fabriquée avec du soufre. On l’appelle aussi « huile de verre » parce qu’il est sans couleur ni odeur. Je sais que c’est un acide très puissant qui s’attaque à tout, même au métal.
    —    Pour qui le souhaite, je suppose qu’il peut être utilisé comme arme.
    —    Absolument. À son contact, la peau brûle instantanément, plus gravement encore que par le feu. Et sans être un poison, il peut être dilué dans l’eau et ravager les entrailles jusqu’à ce qu’elles ne soient plus qu’une bouillie sanglante.
    —    Hmmm. fis-je, songeur, en me frottant la barbe. Voilà une perspective réjouissante.
    —    Si la seconde part de la Vérité est protégée par du vitriol, il vaut mieux en être averti.
    —    Tu saurais le reconnaître si tu en voyais ?
    —    Seulement par son effet.
    —    Et alors, il sera trop tard pour l’éviter.
    —    Tout dépend de ce qu’il brûle, j’imagine.
    —    Bon, nous verrons bien. Il faut d’abord la retrouver, cette Vérité.
    Nous nous couchâmes et il ne fallut pas longtemps pour que les ronflements sonores d’Ugolin remplissent la nuit. Pour ma part, malgré la fatigue du voyage, je n’arrivais pas à fermer l’œil. J’avais beau savoir que j’avais pris la bonne décision en quittant Toulouse, une partie de moi avait l’impression qu’on m’avait arraché un membre depuis que j’avais quitté Cécile. Je réalisais soudain que le soir, instant privilégié où je la blottissais contre moi pour m’endormir, était le plus difficile de tous.
    —    Elle te manque à ce point ? demanda Pernelle, allongée entre le Minervois et moi.
    —    Cela paraît tant ?
    —    Comme si c’était écrit sur ton front, mon pauvre ami, dit-elle en me posant la main sur le bras.
    —    Je n’ai pas besoin de ta pitié, dis-je, plus brusquement que je l’aurais voulu.
    —    Et je ne t’en offre aucune, rétorqua-t-elle avec tendresse. Mais la compréhension et l’amitié n’ont jamais fait de mal à personne, Gondemar.
    Elle s’assit, fouilla dans son corsage et en sortit un papier cacheté. Elle me le tendit.
    —    Elle m’a laissé ceci pour toi, dit-elle. Je ne devais te le remettre que si je voyais que tu devenais trop triste. Je crois bien que le temps est venu.
    —    Et sinon ?
    —    Cécile considérait que si sa présence ne te manquait pas, tu n’aurais nul besoin d’un souvenir d’elle.
    Je tendis la main et m’approchai des braises encore rouges. Puis je fis sauter le sceau de cire et dépliai le papier. Sur la page, elle n’avait écrit que quelques mots.
    Gondermar
    Nous nous Reverrons. Je ne sais quand ni dans quelles circonstances, mais j’en ai la certitude. D’ici là, que cette partie de moi t’accompagne.
Garde espoir.
Je t’aime
    Cécile
    Dans le pli du papier se trouvait un objet à nul autre pareil. Avec une mèche de ses cheveux, elle avait tressé un anneau. Je le retournai dans mes doigts, ému, comme s’il s’agissait du trésor le plus précieux. Les cheveux blonds de Cécile de Foix. J’avais pris tant de plaisir à y enfouir mon nez en m’éveillant, à les empoigner quand je la prenais pour la faire entièrement mienne, à les caresser tendrement lorsque sa tête reposait sur mon épaule. Je le passai à mon annulaire droit et fermai le poing.
    —    Merci, dis-je d’une voix étouffée.
    —    De rien. Dors bien, mon ami, répondit Pernelle. À l’aube, nous reprenions la route.
    Notre trajet vers Mondenard dura
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