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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste
Autoren: Hervé Gagnon
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passage en enfer, je vis l’archange esquisser un sourire.
    —    Te voilà maintenant philosophe, minauda-t-il. Tu es libre, en effet, comme l’a voulu le Créateur pour toutes ses créatures. Libre de choisir le Bien ou le Mal; de changer ou de rester le même. À l’intérieur d’une année, tu auras décidé entre le paradis et l’enfer.
    Il remonta son capuchon, fit demi-tour et frappa trois coups secs à la porte de ma cellule. On lui ouvrit. Avant de franchir le seuil, il se retourna.
    —    Une année, Gondemar, dit-il d’un ton qui me fit frémir.
    Il sortit et la porte fut refermée. Une clé tourna dans la serrure et je fus de nouveau seul dans le noir. Je retournai à ma paillasse et m’y recroquevillai, tremblant comme une feuille au vent. Une année...
    On me laissa croupir pendant quatre jours dans ma cellule - celle-là même que Guy de Montfort avait prétendu occuper et où je l’avais battu, alors que je croyais naïvement dominer la situation. Je devais admettre que le petit efféminé avait fait preuve de courage. Il avait joué son rôle jusqu’au bout. Mignon ou pas, il était bien un Montfort.
    Ma cellule était froide et humide, et je passai le plus clair de mon temps à grelotter. Il fallut une seule nuit pour qu’une toux sèche et douloureuse ne menace de me faire cracher mes poumons. Malgré cela, je savais bien que je ne serais pas autorisé à mourir avant d’avoir définitivement conclu ma quête, dans un sens ou dans l’autre.
    J’eus amplement le temps de considérer la position désespérée dans laquelle je me trouvais. La seconde part de la Vérité était entre les mains de ses ennemis et j’avais consenti à leur ramener la première. Évidemment, j’espérais toujours trouver un moyen de me tirer de ce mauvais parti. Une fois à Carcassonne, je pouvais tenter de libérer Cécile, mais Montfort n’était pas homme à se laisser déjouer et avait sans doute tout prévu. Une fois à Montségur, je pourrais aussi expliquer la situation à Esclarmonde, Eudes et Véran, et voir avec eux comment nous en sortir. Je savais qu’ils m’écouteraient et qu’ils comprendraient ma position. Ils me diraient que la parole de Montfort ne valait rien et qu’il tuerait quand même Cécile. Je leur opposerais que c’était un risque à prendre, que je n’avais aucune autre option. Jamais ils ne me remettraient les parchemins en sachant que je voulais les livrer à l’ennemi. Pour sauver Cécile, je n’aurais d’autre choix que la trahison. Je serais réduit à voler et à m’enfuir comme le plus méprisable des détrousseurs. J’avais échoué sur toute la ligne. Bientôt, je ne vaudrais guère mieux qu’un Onfroi et ses vils brigands.
    Le quatrième jour, dès l’aube, une clé tourna dans la serrure de mon cachot et la porte fut ouverte. Pierrepont, Thury et deux soldats entrèrent.
    — Il est temps de se mettre en route, déclara Pierrepont. Tu as rendez-vous avec Simon de Montfort.
    Il fit un signe à ses hommes, qui s’avancèrent vers moi. Voyant que l’un d’eux tenait des fers dans ses mains, je tendis docilement les poignets et il me les passa. Ainsi enchaîné, je fus emmené dans la cour, où les troupes étaient prêtes à prendre le départ. Un peu moins d’une centaine d’hommes, dont le nombre augmenterait au fil du trajet, à mesure que d’autres seigneurs se joindraient à Pierrepont.
    Thury prit mes chaînes et me tira vers eux. Les soldats s’écartèrent à mon arrivée pour nous céder le passage. Lorsque nous fûmes au milieu d’eux, je trouvai Sauvage qui m’attendait. Je me mis en selle et cherchai aussitôt Pernelle et Ugolin des yeux. Je n’eus pas de mal à repérer le géant de Minerve, à une dizaine de toises sur ma gauche. Mon amie était à ses côtés, toute petite sur sa monture. Tous les deux m’adressèrent un regard noir de reproches.
    Thury se posta à ma droite et je fus entouré de soldats qui me bloquèrent la vue de mes compagnons. À l’avant, j’aperçus Pierrepont qui levait le bras.
    — En avant ! cria-t-il.
    Le convoi se mit en marche et traversa la cour de la forteresse. Nous franchîmes la porte deux par deux. Quand vint mon tour, j’aperçus, appuyée contre la muraille, une mince et haute silhouette qui semblait m’observer. Malgré le capuchon de sa capeline, je vis des cheveux blancs comme la neige qui en débordaient. J’aurais juré qu’il s’agissait de Métatron. Je le regardai un
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