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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste
Autoren: Hervé Gagnon
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poison m’était destiné, je ne saurais pas davantage le reconnaître que le roi de France sans sa couronne. Et de quelle marque d’infamie avait-elle voulu parler ? Que devais-je en conclure ? Tout cela n’était qu’une irritante parabole de plus et je rageais en pensant que la vieille aurait pu dépenser son dernier souffle avec un peu plus de clarté. Tous ces messages énigmatiques me donnaient envie de rugir.
    J’avais cruellement conscience que le Cancellarius Maximus était la seule personne au monde à connaître l’emplacement des deux parts de la Vérité. Avec sa mort, plus personne sur cette terre ne pourrait m’aider. J’étais désormais livré à moi-même, et le poids de la responsabilité m’oppressait la poitrine.
    Je m’encourageais en me répétant que, jusqu’à présent, on m’avait guidé vers la Vérité et qu’on continuerait à le faire, sans le moindre égard pour ma sécurité. Ces angoisses, je les gardais pour moi. Mais je me doutais bien qu’Ugolin et Pernelle les partageaient, eux qui en savaient encore moins que moi. Je chevauchais avec mes deux fidèles compagnons, conscient que je les utilisais à mes propres fins. C’était méprisable, mais nécessaire.
    Le premier jour, nous parcourûmes une vingtaine de lieues dans les terres de Foix. Nous croisâmes deux patrouilles, mais chaque fois, après avoir été interceptés de façon passablement cavalière, la méfiance des soldats cathares s’évanouit sur simple présentation du sauf-conduit. Par précaution, je me gardai toutefois de divulguer notre véritable identité. Roger Bernard avait mis au point un stratagème pour le moins créatif qui, s’il fonctionnait, me procurerait une grande liberté. Je voulais éviter de le ruiner en faisant en sorte que mes pérégrinations sur les routes du Sud soient connues et se rendent aux oreilles de Simon de Montfort. Pour tous ceux que nous croiserions, je serais Ricard et Ugolin, Gustau - de simples soldats escortant dame Liurada, une Parfaite cathare, vers Cahors, où elle espérait arriver à temps pour donner le consolamentum à son frère agonisant. L’histoire était simple et nous ne risquions pas de nous y emmêler les pieds.
    Nous passâmes une nuit sans histoires près d’un ruisselet, à quelques toises du chemin. Comme nous étions toujours en territoire relativement sûr, nous nous autorisâmes à faire un feu pour combattre la fraîcheur. Nous mangions un peu de pain et de fromage pendant que les chevaux broutaient, lorsque Pernelle, enveloppée dans une couverture, posa la question qui nous préoccupait tous.
    —    Une fois à Gisors, si nous retrouvons les autres parchemins, que comptes-tu faire ensuite ?
    —    Pour l’heure, je me contente de suivre les directives du Cancellarius Maximus, répondis-je. Si j’arrive à récupérer la seconde part, je verrai.
    —    La solution la plus logique serait de les ramener à Montségur, suggéra Ugolin.
    —    Les événements ont prouvé que le temple des Neuf n’est pas aussi sûr qu’on le croyait. Daufina a payé de sa vie pour que nous finissions par le comprendre, contrai-je en portant malgré moi la main sur Memento, qui avait décapité l’innocente. Mais je suppose que, dans l’immédiat, cela resterait la meilleure option.
    —    Et ensuite ? s’enquit Pernelle.
    —    Même si les parchemins finissent par être rassemblés à Montségur, ce ne peut être que provisoire, poursuivis-je. Le pape sait déjà que la première part y est gardée. Tôt ou tard, les croisés finiront par assiéger la citadelle. Il faudra déplacer la Vérité bien avant.
    Comment pouvais-je lui dire que cette décision m’appartenait ? Non pas parce que j’étais Magister des Neuf, mais bien parce que Dieu avait placé la responsabilité de la Vérité sur mes seules épaules. Tôt ou tard, je devrais abandonner Pernelle et Ugolin pour partir seul avec les parchemins qu’ils m’aidaient en ce moment même à chercher au péril de leur vie. Mais où irais-je ? Cela, je l’ignorais.
    —    Le problème, c’est que, lorsque les croisés auront vaincu, la Vérité ne sera plus en sécurité nulle part, précisa Ugolin, comme s’il lisait dans mes pensées. Ni dans le Sud, ni dans le Nord. À cette heure, Amaury n’est certainement pas le seul prélat du pape à courir après Elle. Lorsque l’Église aura étendu ses tentacules partout, ce sera encore pire.
    —    Que faire,
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