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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste
Autoren: Hervé Gagnon
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traversait la place dans notre direction. Deux hommes le suivaient, les bras chargés. Je mis pied à terre et attendis le jeune Foix. Lorsque nous fûmes face à face, il fit un signe à ceux qui le suivaient. Ils nous tendirent des cottes de mailles, des gants et deux heaumes.
    —    Vous ne pouvez pas partir dans cet état, déclara-t-il en désignant nos simples chemises. Même dans le Sud, on n’est plus en sécurité. Mieux vaut être outillé correctement.
    —    Tu as sans doute raison, dis-je en les acceptant.
    Pendant qu’Ugolin rangeait le tout dans nos bagages, le jeune
    comte sortit ensuite un papier de sa chemise et me le tendit.
    —    De la part de mon père. C’est un sauf-conduit, expliqua-t-il. Il vous place sous sa protection et facilitera votre voyage tant que vous serez en terres cathares. Plus loin, évidemment, il vaudra mieux s’en débarrasser pour qu’il ne vous incrimine pas.
    Je savais fort bien qu’une fois dans le Nord nous serions en danger et que nous ne pourrions compter que sur nous-mêmes. Je dépliai le document et le lus.
    Le porteur de ce sauf-conduit et ceux qui l’accompagnent sont sous la protection de la Maison de Foix. Qu’on leur accorde le passage et toute l’aide dont ils auront besoin, sous peine ô’en répondre au soussigné.
    Raymond Roger, comte de Foix
    Sous la signature était apposé un sceau de cire rouge représentant un château à trois tours que je devinai être celui du comté de Foix, et la devise Toque y si gauses .
    —    « Touche-moi, si tu l’oses », traduisit Roger Bernard d’un air entendu.
    —    Pour qui vous connaît, voilà une devise fort appropriée, ricanai-je.
    Je rangeai le sauf-conduit dans l’une des poches de ma selle.
    —    C’est très généreux de la part de ton père. Remercie-le pour moi.
    —    C’est le moins que nous puissions faire, au vu des services que tu as rendus à Toulouse et du prix que tu as payé. Tu noteras que tu n’y es pas nommé. C’est plus prudent. La signature et le sceau de mon père suffisent amplement.
    Il fit une grimace où se fondaient le malaise et l’amusement.
    —    Il y a autre chose...
    Il regarda derrière lui et désigna quatre hommes à cheval qui encadraient une charrette tirée par deux bêtes.
    —    Justement, les voilà. Je ne peux pas t’accompagner, mais je peux quand même t’aider de loin, expliqua-t-il. En quittant l’étable, tantôt, il m’est venu une idée plutôt. tordue. Je crois que tu l’apprécieras.
    La charrette s’arrêta à notre hauteur. Elle était à demi remplie de foin.
    —    Que veux-tu que je fasse avec ça ? m’enquis-je, ne comprenant pas où il voulait en venir. Nous irons beaucoup plus vite avec seulement nos trois chevaux.
    —    Patience, Gondemar. Elle n’est pas pour toi, mais pour Simon de Montfort.
    —    Montfort ?
    D’un geste un peu théâtral, Roger Bernard écarta le foin à deux mains et dégagea une épaisse couverture de laine. Il en saisit le coin et le rabattit, découvrant un cadavre au visage tellement mutilé qu’il avait à peine forme humaine. Mon expression dut trahir ma surprise car le jeune comte s’empressa de m’expliquer.
    —    Il s’agit d’un de mes hommes. Il s’appelait Enric. Le pauvre s’en est retourné à la Lumière durant la nuit.
    Sur l’entrefaite, Pernelle, qui était descendue de sa monture, s’approcha. Elle se pencha sur le corps et soupira tristement.
    —    Pauvre bougre. Je me souviens de lui. C’est moi qui l’ai traité, dit-elle. Il a été brûlé par l’huile bouillante lors de votre dernière sortie. Je n’en reviens pas encore qu’il ait résisté aussi longtemps. Il a souffert un terrible martyre avant que son âme soit enfin libérée. Jusqu’à la fin, il n’a jamais laissé échapper la moindre plainte.
    Elle se retourna vers Roger Bernard, courroucée.
    —    Qu’est-ce qui est arrivé à son visage ? demanda-t-elle de ce ton sévère qui n’autorisait aucune tergiversation. Il était amoché, mais pas à ce point.
    —    Comme il était déjà mort, j’ai demandé à un de mes hommes de lui défaire la face afin qu’il ait l’air d’avoir été piétiné par un cheval. Je me suis dit qu’il ne s’en plaindrait pas trop.
    —    Profaner un cadavre ? explosa Pernelle, outrée. Avez-vous perdu la tête, jeune comte ?
    Je toisai le jeune Foix, tout à fait perplexe.
    —    Tu veux
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