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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste
Autoren: Hervé Gagnon
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encore deux jours et se déroula sans encombre. Les quelques patrouilles que nous croisâmes continuèrent à respecter le sauf-conduit de Foix et nos progrès ne furent pas entravés. Je ne savais rien du village vers lequel nous nous dirigions, mais Ugolin, lui, était mieux renseigné, pour y être souvent passé jadis comme messager. Cette nouvelle m’étonna un peu.
    —    Tu as agi comme messager ? Toi ? demandai-je.
    —    Mais oui. Pourquoi crois-tu que je connais si bien les routes du Sud ? répondit-il, amusé. Lorsque tu m’as connu à Minerve, j’y étais revenu depuis quelques mois seulement, après une année entière sur la route. J’en avais assez de voyager. J’étais plus utile à combattre, pardieu ! Les Parfaits ont fini par le comprendre et m’ont intégré aux hommes de Landric.
    —    Et que sais-tu de Mondenard ?
    Il grimaça, mal à l’aise, en se frottant la nuque.
    —    Euh. C’est un village cathare.
    —    Mais encore ?
    —    Eh bien.
    Fort embarrassé, il m’apprit que, voilà quelques années, Arnaud de Durford, le seigneur de l’endroit, avait cédé tous ses droits sur les châteaux de la région à l’ineffable Raymond VI de Toulouse, que j’avais eu le grand déplaisir de fréquenter de près à Toulouse.
    —    Foutre de Dieu ! Tu veux dire que nous allons devoir remettre les pieds dans les terres de ce vieux filou ? éclatai-je.
    —    J’en ai bien peur, oui, fit le géant, un peu contrit, mais ne te ronge pas trop les sangs.
    —    Je rongerai ce que je veux, bougre d’abruti !
    —    C’est le chemin le plus court vers le Nord et il faut bien refaire nos provisions quelque part. Et puis, le comte, il est à Toulouse, pas à Mondenard. De là-bas, il ne nous embêtera pas.
    J’inspirai pour me calmer, le bon Ugolin ne méritant pas une telle colère, lui qui n’avait à cœur que notre sécurité et qui m’avait souventes fois prouvé son bon jugement.
    —    Soit, dis-je, mais il aimerait sans doute encore mettre la main sur quelque chose à monnayer avec Montfort. Moi, par exemple. Si jamais il apprenait notre passage, il lancerait ses hommes à nos trousses et ne serait que trop heureux de nous livrer à lui, pieds et poings liés.
    —    Pour ce que nous en savons, Ricard et Gustau accompagnent dame Liurada vers Cahors, me rappela-t-il. Il nous suffit de rester discrets. De toute façon, nous ne ferons que passer. Dès demain matin, nous reprendrons la route.
    Nous arrivâmes en vue de Mondenard alors que le soleil achevait sa course. Dans la lumière couchante, je pus entrevoir un modeste village perdu dans la nature, ses maisons pâles aux toitures de tuile rougeâtre tranchant sur le vert environnant. Dans les champs, tout autour, des troupeaux de moutons paissaient placidement. L’endroit, dépourvu de fortifications, était totalement vulnérable. Lorsque les croisés viendraient, il ne pourrait offrir aucune résistance. Il était condamné, comme tant d’autres villages déjà ravagés par Montfort et ses hommes. Intérieurement, je plaignis les habitants, sachant trop bien le sort qui les attendait.
    Nous étions à moins d’une lieue lorsque je réalisai qu’il ne semblait y avoir aucune activité dans les rues ou dans les champs. Il semblait abandonné.
    — Cet endroit a l’air bien tranquille, remarquai-je, suspicieux.
    —    Étrange, en effet, acquiesça Ugolin. Où est tout le monde ? Et comment se fait-il qu’on n’ait pas encore rentré les moutons ?
    Bertrand de Montbard m’avait appris à me fier à mon instinct et les circonstances inédites de ma vie récente avaient confirmé la sagesse de son enseignement. Or, ce que je voyais me causait un picotement de méfiance le long de l’échine. Je portai la main sur Memento et la dégainai. Du coin de l’œil, je vis que le Minervois avait fait de même. Pernelle bien en sécurité entre nous deux, nous approchâmes, sur nos gardes.
    Parvenus à l’orée du village, nous nous arrêtâmes près d’un bosquet et observâmes les rues, qui étaient décidément vides.
    —    On dirait que tout le monde est parti, constata Ugolin. Peut-être qu’on a eu vent d’une approche des croisés ? Ou qu’ils sont déjà passés ?
    —    Non, tu les connais comme moi. Il n’y aurait que des ruines, des cadavres et, sans doute, un bûcher.
    —    Et si les habitants s’étaient cachés à notre approche ? suggéra
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