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Les souliers bruns du quai Voltaire

Les souliers bruns du quai Voltaire

Titel: Les souliers bruns du quai Voltaire
Autoren: Claude Izner
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bien des vicissitudes, ballotté de foyer en foyer, jusqu’à échouer chez les sœurs Martin, rue Lepic. Il était las, usé par ces années de guerre, d’Occupation, d’errance, de jours sans fin.
    — Remplis-toi la boîte à ragoût, minouchet.
    Résigné, Grippeminaud se mit à mastiquer. Ah ! elle était chouette, la vie éternelle !

Postface

Nous vous convions à une rétrospective de l’année 1898 qui vient de s’écouler. Nous vous réservons de nombreuses surprises. Voici, mois après mois, ce qui s’est déroulé…
     
    Passez un bon moment avec la Compagnie générale de Cinématographes & Pellicules 1 .

    Paris est un vaste chantier. Les abattoirs de Villejuif et de Grenelle vont être désaffectés et remplacés par celui de Vaugirard. Partout des trous et des échafaudages. On démolit, on élargit, il faut être prêt pour la grande Exposition universelle de 1900. On modernise la gare de Lyon. On agrandit la gare de l’Est et la gare Montparnasse. Sur la rive gauche, on achève les fondations du futur pont Alexandre III. On prolonge les lignes de chemin de fer de Sceaux, d’Orléans et celle des Moulineaux qui aboutira aux Invalides, afin de soulager de leurs futurs milliers de voyageurs les gares Montparnasse et Saint-Lazare. La construction du Grand Palais occupe jusqu’à 1 500 ouvriers. La gare d’Orléans s’édifie pierre après pierre sur l’emplacement des ruines de la Cour des comptes. En mai, les badauds se pressent avenue de Suffren pour admirer le montage d’une des attractions de choix de l’exposition : la Grande Roue.
     
    Hommes assis ! Toujours fatigués. Ayez dans votre poche une boîte de bonbons laxatifs Fédit-Comprimés, vous éviterez les maladies mortelles.

    Janvier
    Dénoncé par M. Mathieu Dreyfus comme étant l’auteur du bordereau qui avait entraîné la condamnation de son frère pour crime de haute trahison, le commandant Esterházy 2 a été acquitté à l’unanimité le 11 par un conseil de guerre réuni à Paris. Le 13, Émile Zola, qui avait déjà écrit une Lettre à la France en faveur du capitaine Dreyfus, a publié dans L’Aurore , sous le titre J’accuse… ! une « lettre au président de la République ». Le gouvernement a décidé d’intenter des poursuites à son encontre.
    Le lieutenant-colonel Picquart, accusé lors du procès Esterházy d’avoir communiqué à un tiers des pièces secrètes du ministère de la Guerre, a été mis aux arrêts de forteresse jusqu’à sa comparution devant un conseil de guerre.
    Le 17, un grand meeting a eu lieu dans la salle du Tivoli-Waux-Hall, à Paris, au sujet de l’affaire Dreyfus. Des scènes tumultueuses, des luttes corps à corps et des coups ont empêché toute discussion. Une manifestation aux cris de : « Vive l’armée ! À bas Zola ! » a été dispersée par la force publique. Des meetings virulents comprenant des étudiants et les éléments les plus divers de la population, dont les bouchers de la Villette armés de bâtons, se sont produits à Paris pendant plusieurs jours. Des réunions antisémites ont éclaté partout en France. La foule a parcouru les rues en scandant « Mort aux Juifs, mort à Zola, mort à Dreyfus ! » À Nantes, Nancy, Rennes, Bordeaux, Moulins, Montpellier, Angoulême, Tours, Poitiers, Toulouse, Angers, Rouen, Saint-Malo, Marseille, Épinal, Bar-le-Duc, Dijon, Châlons, l’hystérie était à son comble. On a cassé, pillé, brûlé les commerces juifs, molesté les citoyens, tenté de forcer les synagogues. Et toujours ces vociférations de haine. « À Paris, des services religieux ont été célébrés au cours desquels l’officiant a invité les fidèles à continuer la lutte sacrée contre le peuple déicide 3 . »
    Le 20, Émile Zola et le gérant de L’Aurore , M. Perreux, ont été cités, sur la requête du ministre de la Guerre, à comparaître le 7 février devant la cour d’assises de la Seine. La citation visait les passages suivants de l’article publié par L’Aurore  :
    « Un conseil de guerre vient, par ordre, d’oser acquitter un Esterházy, soufflet suprême à toute vérité. Et c’est fini, la France a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis. […] j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité. »
    Les 22 et 23, des manifestations antisémites graves ont bouleversé Alger. Quantité
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