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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie
Autoren: Robert Merle
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pensez-vous ?
    — C’est un homme d’une grande sagacité.
    — Il semble, dit Louis avec un soupçon d’humeur, que
vous lui soyez déjà tout acquis.
    — Sire, je ne suis acquis qu’à vos intérêts et à votre
personne.
    — Et bien le sais-je. La grand merci à vous, Sioac, pour
cet entretien.
    — Sire, vous n’avez fait que vous entretenir avec
vous-même par mon intermédiaire.
    — Il se peut, en effet.
    Un silence tomba du fait que Louis hésitait sur le choix
d’une couleur pour orner son projet de vitrail. Ayant enfin choisi il leva la
tête et me considéra :
    —  Sioac, dit-il, comment se fait-il que vous ne
me demandez jamais de faveurs ?
    — Bien sais-je, Sire, que vous n’aimez pas les
solliciteurs.
    — Eh bien, pour une fois, sollicitez.
    — Sire, puisqu’il faut à force forcée vous obéir, voici
ce que je demande. Quand vous tronçonnerez La Vieuville, plaise à vous de vous
remettre en remembrance que Monsieur de Schomberg est toujours à Nanteuil.
    — Nous verrons cela, dit Louis d’un ton sec, la face
imperscrutable.
    Le vingt-huit avril à la tombée du jour, j’envoyai La Barge
visiter le père Joseph le plus discrètement qu’il se pût en le couvent où il
était logé, quérant de lui qu’il vînt me visiter sans délai. Ce qu’il fit avec
d’autant plus de rapidité qu’il entendit bien que pour que je le dérangeasse à
cette heure tardive il fallait que j’eusse à lui apartir une nouvelle de grande
conséquence.
    — Mon père, lui dis-je, voici le neuf. La Vieuville a
bien demandé au roi de laisser le cardinal entrer au Conseil, mais d’une façon
si restrictive qu’il semblerait qu’il veuille lui couper les griffes et lui
rogner les dents. L’idée est d’inventer un Conseil des dépêches, composé
du cardinal et de deux ou trois autres personnes de moindre envergure, qui
prendrait connaissance des nouvelles de l’étranger. Mais ni Richelieu ni ces
personnes ne seraient ensuite admis au Conseil étroit, lequel compte le
roi, la reine-mère, le connétable et les secrétaires d’État. Conseil étroit
dont, bien entendu, tout dépend.
    — C’est d’une sottise achevée, dit le père Joseph en
grinçant des dents. Autant mettre le cardinal entre parenthèses : il
n’acceptera jamais.
    — Encore faut-il qu’il soit prévenu de cette misérable
embûche.
    — Je n’y faillirai pas, dit le père Joseph.
    Et à la minute même se levant, il prit congé de moi, sans
que je pusse le persuader de le faire raccompagner à son couvent par La Barge.
    Le lendemain, le lundi vingt-neuf avril 1624, je fus au
lever du roi qui se fit à neuf heures. Il avait l’air calme et reposé, mais ne
voulut rien manger, désirant de prime ouïr la messe et communier. Tant est que
revenu chez lui à dix heures, il eut faim et voulut dîner sans tant languir.
Dès qu’il eut fini il se leva d’un air fort décidé et gagna avec une suite
nombreuse les appartements de sa mère. Il était alors onze heures et la
reine-mère était encore couchée, tenant le lit avec quelques-unes de ces dames.
    L’âge, la bonne chère et les sommeils longuissimes (car même
en hiver elle aimait faire des siestes) avaient alourdi des traits qui
n’avaient jamais été fins. De son front étroit et bombé à sa lourde mâchoire
prognathe héritée des Habsbourg, et jusqu’à ses petits yeux pâles et coléreux,
sa face n’exprimait que l’orgueil et l’obstination. Bien qu’elle fût en
déshabillé, elle n’en portait pas moins tous ses bijoux et trois ou quatre
tours de grosses perles autour du cou, fort belles en soi, mais qui ne
faisaient que souligner un double menton qu’il eût mieux valu oublier. Soutenue
par des oreillers de satin bleu pâle qui étaient censés flatter des cheveux
demeurés blonds par un effet de l’art, elle ne tenait pas le lit, elle y
trônait. Et étant tout à la fois prude et impudique, elle étalait devant elle,
à peine voilés par des dentelles en point de Venise, des tétins qu’aucune dame
à la Cour n’eût pu se vanter d’égaler, au moins dans leurs dimensions.
    — Madame, dit le roi après l’avoir saluée, j’ai fait
élection d’un de vos serviteurs pour diriger les affaires, afin que le monde
connaisse que je veux vivre avec vous en toute confiance, non d’une façon
apparente, mais réelle.
    — Ah, mon fils ! dit la reine-mère en portant la
main à son cœur.
    Mais elle ne put en dire davantage, son
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