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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue
Autoren: Ildefonso Falcones
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accordaient au garçon, plus importantes même que celles
concédées aux enfants chrétiens, comme s’ils avaient voulu sauver des
influences des partisans de Mahomet le bâtard d’un prêtre.
     
    Le demi-sourire avec lequel Hernando remit les olives à sa
mère ne réussit pas à abuser celle-ci. Elle lui caressa les cheveux avec
douceur, comme elle le faisait chaque fois qu’elle devinait sa tristesse et
Hernando, bien qu’en présence de ses quatre demi-frères, la laissa faire :
rares étaient les occasions où sa mère pouvait lui exprimer sa tendresse et
toutes, sans exception, se produisaient en l’absence de son beau-père. Brahim
partageait sans hésitation le rejet de la communauté maure ; sa haine
envers le nazaréen aux yeux bleus, le préféré des prêtres chrétiens, avait
redoublé au fur et à mesure qu’Aisha, sa femme, mettait au monde ses enfants
légitimes. À neuf ans Hernando avait été exilé dans l’étable, avec les mules,
et il mangeait à l’intérieur de la maison seulement lorsque son père n’était
pas là. Aisha avait dû céder aux exigences de son époux, et la relation entre
mère et fils se développait à travers des gestes subtils chargés de
signification.
    Ce jour-là le repas était prêt et ses quatre demi-frères et
sœurs attendaient son arrivée. Même le plus jeune d’entre eux, Musa, âgé de
quatre ans, affichait un visage sévère en sa présence.
    — Au nom de Dieu, le Clément et le Miséricordieux, pria
Hernando avant de s’asseoir par terre.
    Le petit Musa et son frère Aquil, qui avait trois ans de
plus, l’imitèrent et tous trois saisirent avec les doigts, directement dans la
marmite, des morceaux du repas préparé par leur mère : de l’agneau aux
cardons marinés dans de l’huile, de la menthe et de la coriandre, du safran et
du vinaigre.
    Hernando jeta un coup d’œil en direction de sa mère, qui les
observait, appuyée contre un des murs de la petite pièce, propre, qui servait
de cuisine, de salle à manger et de chambre à ses demi-frères. Raissa et
Zahara, ses deux demi-sœurs, se tenaient debout à ses côtés, attendant que les
hommes finissent de manger pour pouvoir le faire à leur tour. Il mâcha un
morceau d’agneau et sourit à sa mère.
    Après l’agneau aux cardons, Zahara, sa petite sœur de onze
ans, lui servit un plateau avec des raisins secs, mais le garçon n’eut pas le
temps d’en porter, ne fût-ce que deux, à sa bouche : le bruit d’un galop
étouffé, lointain, l’obligea à redresser la tête. Ses frères perçurent son
geste et cessèrent de manger, attentifs à son attitude ; aucun des deux
n’avait la capacité de prévoir avec tant d’anticipation le retour des mules.
    — La Vieille ! s’écria le petit Musa lorsque le
pas de la mule fut perceptible de tous.
    Hernando se pinça les lèvres avant de se tourner vers sa
mère. Il s’agissait bien des sabots de la Vieille, paraissait-elle confirmer du
regard. Il tâcha de sourire, mais n’obtint qu’une moue triste, pareille à celle
qu’esquissait Aisha : Brahim rentrait à la maison.
    — Loué soit Dieu, pria-t-il afin de mettre fin au repas
et de se lever péniblement.
    Dehors, la Vieille, maigre et sèche, couverte de plaies à
cause du bât, et libre de tout harnais, l’attendait patiemment.
    — Viens, la Vieille, lui ordonna Hernando, et il prit
avec elle la direction de l’étable.
    Le son irrégulier des petits sabots de l’animal le suivit
tandis qu’il contournait la maison. Une fois à l’intérieur de l’étable, il lui
jeta un peu de paille et caressa son cou avec affection.
    — Comment s’est passé le voyage ? murmura-t-il en
examinant une nouvelle plaie que la bête n’avait pas avant de partir.
    Il la regarda manger pendant quelques instants, puis il
partit en courant vers le sommet de la montagne. Son beau-père devait
l’attendre, caché, loin du chemin qui venait d’Ugíjar. Il courut un long moment
à travers champs, veillant à ne croiser aucun chrétien. Il évita les terrasses
cultivées ou tout autre lieu où quelqu’un pourrait être en train de travailler,
même à cette heure. Presque hors d’haleine, il atteignit un endroit rocheux et
difficile d’accès, ouvert sur un précipice, où il distingua la silhouette de
Brahim. C’était un homme grand, fort, barbu, vêtu d’une casquette verte à la
visière très large et d’une cape bleue jusqu’à mi-corps, sous laquelle
apparaissait une
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