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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée)
Autoren: Pierre Miquel
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généralisé. Au prix de semaines de travail imposé de 90 heures, 3 000 avions par semaine sortiraient des usines allemandes en 1944, trois fois plus qu’en 1942.
    Pour obtenir la victoire programmée du Reich, une immense machine de guerre s’était mise en place, où figurait plus que jamais Alfred Krupp, dans le Conseil de l’armement. Elle se croyait capable, grâce aux nouveaux chars, aux avions à réaction et aux armes nouvelles, d’obtenir encore la victoire. L’Allemagne de Hitler était allée jusqu’au bout des plus folles ambitions du Reich wilhelminien. Elle menait la même guerre, utilisant les mêmes cartes, avec des moyens techniques considérablement accrus.
    *
    Le reproche fait par Hitler à Guillaume II dans Mein Kampf n’était pas d’avoir engagé les Allemands dans la guerre, mais de les avoir exposés à la défaite par une politique étrangère « inepte » qui attachait l’Allemagne à un « État momie ». L’Autriche-Hongrie était un mauvais allié. Sans l’attentat de Sarajevo, elle ne se serait pas laissé entraîner dans la guerre et l’empereur d’Allemagne, une fois encore, l’aurait empêchée de risquer un conflit contre les Serbes. En vérité, Guillaume II lui-même avait penché vers la guerre bien malgré lui, toutes les forces de la nouvelle Allemagne le poussant seulement à la victoire économique, maritime et coloniale dans le monde. Une compétition qui malheureusement déchaînait l’hostilité implacable de la Grande-Bretagne, le seul allié « racial » de l’Allemagne.
    Il n’était jamais trop tard, expliquait l’auteur de Mein Kampf, pour s’allier à la Russie contre l’Angleterre, mais, dans ce cas, il fallait lâcher résolument l’Autriche, « État malade » de l’Europe. Hitler ferait son profit du réalisme bismarckien en concluant l’alliance de 1939 avec Staline qui lui permettrait de liquider les démocraties de l’Ouest à peu de frais. Il se fournirait en blé et en fer en URSS grâce à des accords économiques avec les soviets qui, jusqu’au dernier moment, veilleraient à l’acheminement régulier des convois ferroviaires vers l’Allemagne. Il consentirait à fournir aux Soviétiques non sans parcimonie des procédés de fabrication aussi pointus que des laboratoires balistiques, des usines d’essence synthétique, des prototypes d’avions et de canons.
    En échange, Staline lui accorderait une base navale près de Mourmansk pour acheminer vers l’URSS sur des navires de commerce américains, japonais et hollandais, l’étain et le caoutchouc de Malaisie. Molotov promettrait de fournir 900 000 tonnes de pétrole et d’énormes quantités de minerai de fer à faible teneur, des milliers de tonnes de denrées alimentaires, de graisses, de bois et de peau pour faire tourner la machine de guerre allemande.
    Ces livraisons considérables permettraient d’achever de sortir hâtivement des chaînes des usines de guerre les blindés des dix Panzerdivisionen qui feraient la conquête de la France. En outre, les accords militaires autoriseraient les Allemands à étrangler la Pologne en quelques jours et les Soviétiques à écraser la courageuse résistance des Finlandais du maréchal Mannerheim. Hitler consentirait, pour le bien d’une alliance qui lui garantît la victoire, à laisser disparaître ses alliés naturels que les démocraties occidentales seraient impuissantes à soutenir. Seul Mussolini aiderait Mannerheim en lui expédiant quelques avions. Les nazis le laisseraient mourir.
    Ainsi la seconde guerre, conçue par Hitler, prétendait corriger les erreurs de la première en éliminant la principale cause de la défaite : le combat à mener sur deux fronts. Il avait partiellement réussi ce que le plan du général von Schlieffen, chef d’état-major de l’armée allemande, avait souhaité en 1906. Contrairement à von Moltke, qui voulait attaquer d’abord la Russie, Schlieffen, arguant de la mise en place plus lente des masses russes, avait prévu d’anéantir en peu de jours l’armée française concentrée dans le Nord-Est, en envahissant la Belgique neutre pour organiser un vaste mouvement de faux.
    Les élèves officiers de la nouvelle armée allemande étudiaient encore, dans les années 1970 à l’École de Hambourg, les causes de l’échec du plan Schlieffen. Hitler y songeait-il quand il imposait ses vues offensives à son état-major ? Il avait réussi, par la percée sur la Meuse, à
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