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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée)
Autoren: Pierre Miquel
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de bases de U-Boot. De nouveau la « guerre sous-marine à outrance », qui avait provoqué » en 1917 l’entrée en guerre des États-Unis, était à l’ordre du jour à Berlin.
    Il était loin le rêve d’une entente « entre Germains » souhaitée par l’auteur de Mein Kampf. « L’Angleterre, comme Carthage, devait être détruite », dirait chaque jour au poste allemand de Radio-Paris le journaliste Jean-Herold Paquis. Elle devenait l’obstacle à l’ambition d’une hégémonie allemande en Europe, à la paix continentale souhaitée par le Führer.
    L’amiral Dönitz forçait la fabrication des escadres, en prévision de la bataille de l’Atlantique. Déjà les chiens de la mer coulaient les bateaux neutres, ceux qui ravitaillaient l’Angleterre. Quel parti prendrait l’Amérique ? Sans son appui, Churchill ne pouvait tenir les mers.
    *
    Le gouverneur démocrate du New Jersey, Thomas Andrew Wilson, fils d’un ministre presbytérien, avait été réélu en 1916 sur le thème de la paix. «  He kept us out of war  » était son slogan majeur. Un an plus tard, il entrait dans le conflit. L’Amérique était alors aux côtés du Japon, qui avait déclaré la guerre à l’Allemagne dès août 1914 pour faire main basse sur ses colonies du Pacifique et sur sa base de Kiao-tchéou. En 1915, le Japon avait présenté à Pékin les « Vingt et une demandes », un véritable programme de protectorat.
    En novembre 1940, quel que fut son désir de lutter contre le fascisme, Franklin Delano Roosevelt devait être réélu pour la troisième fois en restant fidèle au programme de neutralité que défendait aussi son adversaire républicain, isolationniste. Ce harvardien snob de très ancienne origine hollandaise, protestante et libérale, savait que plus un Américain ne pensait qu’il avait été bon d’envoyer les doughboys en Europe en 1917.
    Une commission créée par le sénateur Nye avait passé au crible les profits des marchands d’armes de la Première Guerre mondiale. Nye avait établi que les banquiers américains, Morgan le premier, avaient poussé Wilson à la guerre pour s’assurer du remboursement des emprunts par les Alliés. Wilson avait lancé en Europe deux millions d’hommes sans résultats autres que des investissements importants opérés par la finance américaine dans l’industrie allemande affamée de capitaux dans les années 20.
    Nombreux étaient les Américains germanophiles et même les admirateurs de Hitler, comme le célèbre aviateur Lindbergh, vainqueur de l’Atlantique sur le Spirit of Saint Louis, ou l’ambassadeur Joseph Kennedy à Londres, favorable aux apaiseurs anglais [137] . Les Européens étaient retournés à leurs querelles et ils n’avaient pas payé leurs dettes de guerre. Qu’ils s’arrangent avec Hitler.
    Les persécutions antisémites, auxquelles la communauté juive de New York était naturellement ultrasensible, n’avaient pas suscité une politique de fermeté du gouvernement de Washington. Les Juifs allemands, soumis à une amende colossale d’un milliard de marks, ne pouvaient quitter le pays. Göring préparait une expropriation totale de leurs biens après la Reichskristallnacht du 9 au 10 novembre 1938. La synagogue de Berlin avait été incendiée. 20 000 personnes peuplaient déjà les camps de concentration de Buchenwald et de Sachsenhausen.
    En 1939, un Office central nazi de l’émigration juive décidait de monnayer leur départ. 80 000 étaient autorisés à quitter le Reich. Que faire des réfugiés ? Que déciderait Roosevelt, auteur d’un discours prononcé à Chicago le 5 octobre 1937 où il avait dénoncé « l’épidémie » qui justifiait la « mise en quarantaine » des 10 % de fauteurs de guerre du monde ? Il visait alors surtout les Japonais, qui avaient envahi la Chine et quitté la SDN.
    Les pays européens avaient accueilli un certain nombre de ces Juifs allemands. Mais à la conférence d’Evian de juillet 1938, réunie à l’instigation de Roosevelt, la plupart des États avaient refusé l’immigration. Les États-Unis opposaient la loi des quotas à tout débarquement de réfugiés, malgré les efforts des associations privées comme l’American Jewish Joint Distribution Committee.
    Un paquebot de la Hamburg Amerika Linie, le Saint Louis, avait tenté en vain de débarquer 930 Allemands juifs à Cuba. Les garde-côtes américains avaient écarté le navire des rivages de Floride, veillant à
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