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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre
Autoren: Ken Follett
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nouait le ventre,
et, si effrayé qu’il fût, il ne se décidait pas à lâcher la bride.
« Payez-nous d’abord et tuez-moi ensuite, lança-t-il. Peut-être que l’on
vous pendra pour cela, peut-être pas ; mais vous mourrez tôt ou tard. Moi
je serai au paradis et vous irez en enfer. »
    Le
ricanement se figea sur le visage de William qui devint très pâle. Tom
s’étonna : qu’est-ce qui avait effrayé le garçon ? Sûrement pas de
lui avoir parlé de pendaison : un seigneur ne courait guère le risque
d’être pendu pour le meurtre d’un artisan. Craignait-il l’enfer ?
    Ils se
dévisagèrent quelques instants. Tom vit avec stupéfaction, puis soulagement,
l’expression de colère et de mépris de William se dissiper pour céder la place
à l’angoisse. Le jeune homme prit une bourse de cuir à sa ceinture et la lança
à son écuyer en disant : « Paye-les. »
    Tom alors
força sa chance. Comme William tirait sur ses rênes et que le cheval
s’écartait, le maçon le suivit sans lâcher la bride et dit : « Une
pleine semaine de gages avec le congé, c’est la coutume. » Agnès retenait
son souffle, juste derrière lui, et il savait qu’elle le trouvait fou de
prolonger la confrontation. Mais il insista. « Cela fait six pence pour le
manœuvre, douze pour le charpentier et chacun des maçons et vingt-quatre pour moi.
Soixante-six pence en tout. » Il calculait vite.
    L’écuyer
interrogea son maître du regard. William acquiesça, rageur : « Très
bien. »
    Tom lâcha
la bride et recula d’un pas. William fit tourner son cheval, le talonna
vigoureusement et la bête bondit dans le champ de blé pour rejoindre la route.
    Tom
s’assit sur le tas de bois. Il se demandait ce qui l’avait pris. Quelle folie
l’avait saisi de défier lord William ainsi ! Il pouvait s’estimer heureux
d’être encore vivant.
    Le
martèlement des sabots du destrier s’éloignait. L’écuyer vida sur une planche
le contenu de la bourse. Tom sentit une vague de triomphe en entendant les
pièces d’argent, brillantes dans le soleil, tomber en cascade. Une folie, mais
un succès : il avait obtenu un juste paiement pour lui-même et pour les
hommes qui travaillaient sous ses ordres. « Même les seigneurs doivent
suivre les usages », dit-il.
    Agnès
l’entendit. « J’espère simplement que tu n’auras jamais besoin de demander
du travail à lord William », dit-elle avec aigreur. Tom lui sourit. Il
comprenait qu’elle bougonnait parce qu’elle avait eu peur. « Ne me gronde
pas, ou tu n’auras que du lait caillé à donner à ton bébé quand il naîtra.
    — Je
ne pourrai nourrir personne, à moins que tu ne trouves du travail pour l’hiver.
    — L’hiver
est encore loin », répondit Tom.
    Ils
passèrent l’été au village. Plus tard, ils se rendirent compte que cette
décision était une terrible erreur, mais sur le moment elle semblait
raisonnable, car Tom, Agnès et Alfred pouvaient chacun gagner un penny par jour
à travailler dans les champs durant les moissons. Quand l’automne arriva et
qu’il leur fallut repartir, ils avaient un gros sac de pennies d’argent et un
porc bien gras.
    Ils
passèrent la première nuit sous le portail d’une église de village mais, le
lendemain, ils découvrirent un prieuré de campagne et profitèrent de
l’hospitalité des moines. Le troisième jour, ils se trouvaient au cœur de la
forêt de Chute, une vaste étendue de bois et de broussaille, sur une route
guère plus large qu’un char à bœufs ; la végétation luxuriante de l’été
mourait sous les chênes.
    Tom
transportait ses plus petits outils dans une sacoche et ses marteaux accrochés
à sa ceinture. Son manteau était roulé sous son bras gauche et il tenait dans
sa main droite son pic de fer qu’il utilisait comme une canne. Il était content
de reprendre la route. Peut-être trouverait-il à s’employer sur le chantier
d’une cathédrale. Il pourrait devenir maître maçon et travailler jusqu’à la fin
de ses jours à bâtir une église si merveilleuse qu’elle lui garantirait l’accès
au paradis.
    Agnès
gardait leurs maigres possessions dans une marmite qu’elle portait attachée à
son dos. Alfred était chargé des outils dont ils se serviraient pour installer
quelque part un nouveau foyer : une hache, une herminette, une scie, un
petit marteau, un poinçon pour faire des trous dans le cuir et le bois et une
pelle.
    Martha
était trop petite pour
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