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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre
Autoren: Ken Follett
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et à Alfred. Ils se reposèrent un moment, les deux grands
gaillards et la robuste femme, en buvant leur bière dans des écuelles de
bois ; puis un quatrième membre de la famille arriva du champ de blé en
sautillant : Martha, sept ans et jolie comme un narcisse – mais un
narcisse à court d’un pétale, car elle venait de perdre deux dents de lait.
Elle courut vers Tom, embrassa sa barbe poussiéreuse et quémanda une gorgée de
sa bière. Il serra contre lui le petit corps anguleux. « Ne bois pas de
trop, sinon tu vas tomber dans un fossé », dit-il. Elle tourna autour de
lui en titubant, mimant l’ivresse.
    Ils
s’assirent tous sur le tas de bois. Agnès tendit à Tom un quignon de pain, une
épaisse tranche de bacon bouilli et un petit oignon. Il mordit dans la viande
et se mit à peler l’oignon. Agnès donna ensuite leur part aux enfants avant de
commencer à manger elle-même. Peut-être ai-je eu tort, songea Tom, de refuser
ce travail assommant à Exeter et de partir en quête d’une cathédrale à
bâtir ; pourtant, jusqu’à présent, j’ai toujours pu les nourrir tous.
    Il découpa
une tranche d’oignon et la mangea avec une bouchée de pain. Agnès
annonça : « J’attends encore un enfant. »
    Tom
s’arrêta de mâcher. Un frisson de plaisir le parcourut. Ne sachant que dire, il
se contenta de sourire bêtement. Après un moment de silence, elle rougit et
ajouta : « Quelle surprise, tu ne trouves pas ? »
    Tom la
serra dans ses bras. « Eh bien, dit-il, un bébé pour me tirer la
barbe ! Et moi qui pensais que le prochain serait celui d’Alfred.
    — Ne
te réjouis pas encore, répondit Agnès. Et n’oublie pas : cela porte
malheur de nommer l’enfant avant sa naissance. »
    Tom
acquiesça. Agnès avait fait plusieurs fausses couches. Après un bébé mort-né,
une autre petite fille, Matilda, n’avait vécu que deux ans. « J’aimerais
avoir un garçon dit-il. Maintenant qu’Alfred est si grand. Pour quand
est-ce ?
    — Après
Noël. »
    Tom
commença à calculer. La carcasse de la maison serait terminée au premier gel,
il faudrait recouvrir la maçonnerie de paille pour la protéger pendant l’hiver.
Les maçons passeraient la saison froide à tailler les pierres pour les
fenêtres, les voûtes, l’encadrement des portes et de la cheminée, tandis que le
charpentier préparerait les planchers, les portes et les volets et Tom
construirait l’échafaudage pour attaquer le premier étage. Puis, au printemps,
il ferait la voûte du magasin, le plancher de la salle au-dessus et poserait le
toit. Le travail nourrirait la famille jusqu’à la Pentecôte. A cette époque, le
bébé aurait six mois. Ensuite ils partiraient.
    « Bon,
dit-il d’un ton satisfait. C’est bien. » Il croqua une autre tranche
d’oignon.
    « Je
suis trop vieille pour porter des enfants, dit Agnès. Il faut que ce soit mon
dernier. »
    Tom
réfléchit. Il ne connaissait pas exactement son âge, mais bien des femmes de la
même génération avaient encore des enfants. Il était vrai pourtant qu’elles
souffraient plus en vieillissant et que leurs bébés n’étaient pas aussi forts.
Elle avait sans doute raison. Mais comment éviter de nouvelles
naissances ? se demanda-t-il. Il n’y avait qu’un seul moyen. Un nuage vint
assombrir son humeur.
    « Je
trouverai peut-être un bon travail dans une ville, dit-il pour la rassurer. Une
cathédrale ou un palais. Nous pourrions alors avoir une grande maison avec des
parquets de bois, une servante pour t’aider à t’occuper du bébé. »
    Le visage
d’Agnès se durcit : « Peut-être », répliqua-t-elle seulement
d’un ton sceptique. Elle n’aimait pas entendre parler de cathédrale. Si Tom
n’avait jamais travaillé sur une cathédrale, disait son expression, elle
vivrait peut-être aujourd’hui dans une maison en ville, avec des économies
enfouies sous l’âtre, sans s’inquiéter pour l’avenir.
    Tom
détourna les yeux et mordit à nouveau dans le lard. Il se sentait découragé. Il
mâchonna un moment la viande dure sans rien dire. Soudain, on entendit un
cheval. Tom pencha la tête pour mieux écouter. Le cavalier arrivait sous le
couvert des arbres, venant de la route, par un raccourci qui évitait le
village.
    Quelques
instants plus tard, un jeune homme apparut au trot sur un poney et mit pied à
terre. Il avait l’air d’un écuyer, une sorte d’apprenti chevalier. « Ton
seigneur arrive »,
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