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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre
Autoren: Ken Follett
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Aujourd’hui, on ne l’appelait plus que Thomas.
    Lorsqu’il
avait succédé à sa mère, on s’attendait qu’Aliena reste au château pour y surveiller
sa belle-fille et jouer avec ses petits-enfants. Elle avait ri de cette idée.
Elle aimait bien la femme de Tommy – une jolie fille, une des cadettes du comte
de Bedford – et elle adorait ses trois petits-enfants. Mais, à cinquante-deux
ans, elle n’était pas prête à prendre sa retraite. Jack et elle s’étaient
installés dans une grande maison de pierre près du prieuré de Kingsbridge –
dans ce qui avait été jadis le quartier pauvre – et elle avait relancé le
commerce de la laine, achetant et vendant, négociant avec toute son énergie
d’antan. Elle faisait des affaires d’or.
    Le groupe
déboucha sur la place et Aliena sortit de sa rêverie. Elle regarda
attentivement le prisonnier, qu’on traînait au bout d’une corde, les mains
liées derrière le dos : c’était William Hamleigh.
    Quelqu’un
au premier rang cracha sur lui. La foule se pressait sur la place, car nombreux
étaient ceux qui jubilaient d’assister à la fin de William. De plus, c’était un
événement que la pendaison d’un ancien shérif, qui de surcroît avait participé
au meurtre le plus célèbre de tous les temps.
    On n’avait
jamais vu, on n’aurait jamais imaginé la réaction qui avait suivi l’assassinat
de l’archevêque Thomas. La nouvelle s’était répandue comme un feu de
broussailles dans toute la chrétienté, de Dublin à Jérusalem et de Tolède à
Oslo. Le pape avait pris le deuil. La moitié de l’empire du roi Henry située
sur le continent avait été frappée d’interdit – les églises étaient fermées et
on ne célébrait aucun service à l’exception des baptêmes. En Angleterre, les
gens se rendaient en pèlerinage à Canterbury, tout comme à
Saint-Jacques-de-Compostelle. Des miracles avaient lieu. De l’eau teintée du
sang du martyr et des lambeaux du manteau qu’il portait le jour de son meurtre
guérissaient des malades, pas seulement à Canterbury, mais dans toute
l’Angleterre.
    Les sbires
de William avaient tenté de voler le cadavre dans la cathédrale, mais les
moines, alertés, l’avaient caché. Il reposait maintenant à l’abri, sous une
voûte de pierre, et les pèlerins devaient passer la tête par un trou ménagé
dans le mur pour baiser le cercueil de marbre.
    Ce fut le
dernier crime de William. Venu se réfugier à Shiring, il avait été arrêté par
Tommy sous l’accusation de sacrilège. Le tribunal de l’évêque Philip l’avait
bientôt reconnu coupable. Jamais en temps normal on n’aurait osé condamner un
shérif, car c’était un officier de la couronne. Mais, dans le cas du meurtre de
Becket, personne, pas même le roi, n’aurait osé, au contraire, défendre un des
assassins.
    William
allait connaître une triste fin.
    Le regard
fixe et affolé, un peu de bave coulant de sa bouche ouverte, il poussait des
gémissements incohérents. Une tache s’étalait sur le devant de sa tunique, là
où il s’était mouillé.
    Aliena
regarda son vieil ennemi vaciller jusqu’à l’échafaud. Elle se rappelait le
jeune homme arrogant et cruel qui l’avait violée trente-cinq ans plus tôt.
Comment croire qu’il était devenu ce misérable, geignard et terrifié, qu’elle
voyait maintenant ?
    En
approchant de la potence, il commença à se débattre en hurlant. Les hommes
d’armes le traînaient comme un porc qu’on conduit à l’abattoir. Aliena ne
ressentait aucune pitié dans son cœur. Tout ce qu’elle éprouvait, c’était du
soulagement. William ne terroriserait plus jamais personne.
    Tandis
qu’on le hissait sur le char à bœufs, il donna des coups de pied et poussa des
cris, le visage rouge, sale et déchaîné, comme une bête. Il se démena si fort
que le nœud se resserra avant l’heure. Il se tordait, étouffait, son visage
gras virant au pourpre.
    Aliena
considérait la scène avec horreur. Même au plus fort de sa rage et de sa haine,
elle ne lui avait pas souhaité une mort pareille. Devant cet homme pratiquement
en train de s’étrangler lui-même, la foule restait muette. Même les jeunes
garçons étaient réduits au silence par cet abominable spectacle.
    Quelqu’un
frappa le flanc du bœuf et la bête avança. William tomba enfin mais la chute ne
lui rompit pas le cou et il resta pendu, s’asphyxiant lentement. Ses yeux
ouverts regardaient Aliena – du moins en
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