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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre
Autoren: Ken Follett
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considérait le
meurtre comme une défaite politique pour l’Église, mais les fidèles y voyaient
la mort d’un martyr. Or la mort d’un martyr, sous les apparences d’une défaite,
finissait toujours par donner force et inspiration à l’Église.
    Philip
repensa à ces centaines de volontaires accourus à Kingsbridge pour bâtir la
cathédrale ainsi qu’aux hommes, aux femmes et aux enfants qui avaient travaillé
la moitié de la nuit pour élever le mur de la ville. Si l’on pouvait mobiliser
aujourd’hui ces gens-là, songeait-il avec une excitation croissante, ils
pousseraient un cri de rage si fort qu’on l’entendrait dans le monde entier.
    Regardant
les hommes et les femmes réunis autour du corps, le visage imprégné de chagrin
et d’horreur, Philip comprit qu’il ne leur manquait qu’un chef.
    Était-ce
possible ?
    Il
reconnut quelque chose de familier dans cette scène. Un corps mutilé, une foule
de spectateurs et des soldats au loin : où avait-il vu déjà cela ? On
prévoyait ce qui se passerait ensuite ; un petit groupe de disciples du
mort se dresseraient contre toute la puissance et l’autorité d’un formidable
empire.
    Bien
sûr : c’était la naissance de la chrétienté !
    Dès qu’il
en eut pris conscience, il sut ce qu’il avait à faire.
    Il
s’avança devant l’autel et se tourna vers la foule, tenant toujours à la main
l’épée brisée. Tous les regards étaient fixés sur lui. Le doute le
saisit : en suis-je capable ? se demanda-t-il. Est-ce que je peux,
maintenant, lancer un mouvement qui ébranlera le trône d’Angleterre ? Il
scruta les visages. En même temps que la peine et que la colère, il décela sur
plusieurs d’entre eux un soupçon d’espoir.
    Il leva
bien haut l’épée.
    « Cette
épée a tué un saint », commença-t-il.
    Il y eut
un murmure approbateur.
    Encouragé,
Philip reprit : « Ici, ce soir, nous avons été témoins d’un
martyre. »
    Les
prêtres et les moines semblaient surpris. Comme Philip, ils n’avaient pas
compris tout de suite la vraie signification du meurtre dont ils venaient
d’être les témoins. Mais les gens de la ville, eux, s’en étaient rendu compte
et ils exprimaient leur accord.
    « Chacun
d’entre nous devra raconter ce qu’il a vu. »
    Plusieurs
personnes acquiescèrent avec vigueur. Mais Philip en voulait davantage. Il
voulait les inspirer. Prêcher n’avait jamais été son fort. Il n’était pas de
ces hommes qui fascinent une foule, la font rire et crier, la persuadent
d’aller n’importe où. Il ne savait pas faire trembler sa voix ni faire briller
dans ses yeux la lueur de la gloire. C’était un homme pratique, terre à
terre ; or maintenant il lui fallait parler comme un ange.
    « Bientôt,
chaque homme, femme et enfant de Canterbury saura que les hommes du roi ont
assassiné l’archevêque Thomas dans la cathédrale. Mais ce n’est que le
commencement. La nouvelle va se répandre dans toute l’Angleterre, puis encore
dans toute la chrétienté. »
    Il était
en train de perdre leur attention, il le sentait. Il lisait sur certains visages
la perplexité et la déception. Un homme lança : « Mais comment
faire ? »
    Ils
avaient besoin de prendre sur-le-champ des mesures immédiates. On n’appelle pas
à une croisade pour renvoyer les gens chez eux.
    Une
croisade, songea-t-il. C’était une idée.
    « Demain,
poursuivit-il, je porterai cette épée à Rochester. Après-demain, à Londres.
Viendrez-vous avec moi ? »
    La plupart
des auditeurs parurent interloqués, mais une voix au fond cria :
« Oui ! », suivie de quelques autres.
    Philip
haussa le ton. « Nous allons raconter notre histoire dans chaque ville et
village d’Angleterre. Nous montrerons aux gens l’épée qui a tué saint Thomas.
Nous leurs ferons voir les taches de sang sur ses vêtements
ecclésiastiques. » Il commençait à s’échauffer et laissait paraître sa
colère. « Nous pousserons une clameur d’indignation qui se répandra à
travers la chrétienté, oui, et même jusqu’à Rome. Nous dresserons l’ensemble du
monde civilisé contre les barbares qui ont perpétré ce crime horrible,
blasphématoire ! »
    Cette fois
l’assistance entière cria son assentiment. Elle attendait une façon d’exprimer
son émotion, et Philip leur en offrait l’occasion.
    « Ce
crime, reprit-il lentement d’une voix qui monta jusqu’au cri, ne sera jamais,
jamais oublié ! »
    Une
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