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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc
Autoren: Nicolas Remin
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plus qu’à ajouter le nom, le régiment et le grade.
    Elle s’adressa alors à son intendant en chef.
    — Où en est l’uniforme, comte ?
    Königsegg, qui s’était penché sous la table pour parler à Spartacus, se releva. Tron remarqua un peu de gâteau aux cerises collé à ses lèvres.
    — Pour l’uniforme, dit le général de division en prenant sa serviette afin de s’essuyer la bouche, adressez-vous à M. Carducci. Il vous attend.
    — Le couturier de la calle Gritti ?
    — Oui. Bien sûr, il faudra vous contenter de celui qui vous ira. Carducci ne pourra rien retoucher en un laps de temps aussi bref.
    Il se baissa à nouveau pour poser par terre le reste de Kaiserschmarrn . Spartacus le remercia d’un ouah joyeux.
    — Y a-t-il un grand choix ?
    Königsegg, qui avait entre-temps refait surface, hocha la tête.
    — Vous trouverez un uniforme à votre goût, commissaire.
    — Dans ce cas, je prendrai le plus discret possible.
    1 - Dessert autrichien à base de grosses crêpes, de raisins et de sucre glace. ( N.d.T. )

52
    Tron fit un pas en arrière et un quart de tour à droite pour se regarder de profil dans le miroir. Le soleil qui entrait dans la chambre de la princesse par la fenêtre grande ouverte mettait en valeur le rouge carmin de l’uniforme et faisait briller les riches passementeries argentées sur sa poitrine et sur ses manches. Pour des raisons qui lui étaient inconnues, le casque était recouvert de fourrure sombre et surmonté d’une mystérieuse boule en métal d’où sortait une grande plume d’autruche oscillant à chaque mouvement de la tête. Selon lui, il fallait être soûl pour concevoir une pareille tenue.
    — Nous avons essayé au moins une douzaine d’uniformes, expliqua-t-il en s’efforçant de ne pas bouger. C’est le seul qui m’allait et pour lequel Carducci avait encore une paire de bottes.
    Les bottes, elles aussi ornées de riches broderies argentées, étaient taillées dans du cuir teint en jaune et lui arrivaient presque aux genoux. Elles étaient si grandes qu’il avait dû les bourrer de papier journal. Pour marcher, il était obligé de tourner la pointe des pieds vers l’extérieur.
    — Et à quel corps d’armée appartiens-tu ? voulut savoir Maria, assise sur le rebord de la fenêtre, les jambes ramenées contre le corps, une cigarette à la main.
    Un doux vent d’ouest avait chassé le brouillard. Le ciel derrière elle était d’un bleu sans nuages. Ce temps se maintiendrait à coup sûr jusqu’au soir, pensa Tron.
    — Je suis capitaine des hussards hongrois. En fait, je devrais aussi porter une fourrure de tigre sur l’épaule gauche. Mais elle sentait le poisson, nous y avons renoncé. M. Carducci m’a certifié que sur ce point, le règlement manquait de clarté.
    — On ne peut pas vraiment parler de tenue discrète, remarqua la princesse.
    — Tu crois que quelqu’un qui voudrait passer inaperçu porterait un tel uniforme ?
    — J’en doute.
    — Donc, il n’existe pas de meilleur camouflage, conclut le commissaire.
    — Comment les choses vont-elles se dérouler exactement ?
    — De manière on ne peut plus paisible. Après avoir montré mon laissez-passer, je vais prendre l’escalier de service et monter au grenier où notre homme se trouvera sans doute déjà.
    — Alors ?
    — Alors, je vais me présenter et lui exposer notre offre.
    — Comme si vous vous étiez donné tranquillement rendez-vous au café ?
    — Parfaitement.
    — Tu seras armé ?
    — Je vais prendre un revolver et une paire de menottes, dit-il en souriant. Pour le cas où il ne se montrerait pas sensible à mes arguments. Mais il n’y a aucune raison de dramatiser.
    La princesse restait sceptique.
    — Tu crois sincèrement qu’il va accepter ta proposition ?
    — Sa Majesté m’a posé la même question.
    — Et que lui as-tu répondu ?
    — Que j’avais des arguments probants. Or, jusqu’à maintenant, cet homme a toujours agi de manière rationnelle. Il ne tue que quand il n’a pas le choix. De fait, il avait de bonnes raisons de vouloir se débarrasser de moi.
    — Il n’en a plus à présent ?
    Tron secoua la tête.
    — Ce n’est pas un fanatique !
    — Et tes explications ont convaincu Sa Majesté ?
    — Je pense que oui.
    — Il est malgré tout suprenant qu’elle ait tenu à te rencontrer au Florian .
    — Pas du tout ! C’est le dernier endroit où l’on s’attendrait à trouver l’impératrice d’Autriche.
    — Quelle femme
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